La campagne s’achève vendredi à minuit pour le premier tour des élections législatives. Emmanuel Macron promet « la plus grande clarté » dans les consignes de vote en cas de duel entre le Rassemblement national et la gauche.
Tous les sondages donnent une avance très confortable au RN. Renforcé par la frange des Républicains alliés à Éric Ciotti, il est crédité de 36 à 37% des intentions de vote. La gauche reste distancée entre 28 et 29%, et la majorité sortante reléguée entre 20% et 21%.
Le parti de Marine le Pen et de Jordan Bardella n’est cependant pas assuré de disposer d’une majorité absolue à l’issue du second tour, le 7 juillet. Tout dépendra du résultat dimanche soir et ensuite des reports de vote.
Les consignes de vote
Jeudi soir, en marge d’un sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a promis « une grande clarté » dans les consignes de vote pour le second tour en cas de duel entre le RN et la gauche.
« Je veux évidemment éviter que les extrêmes, et notamment l’extrême droite, puissent gagner ces élections », a affirmé de son côté Gabriel Attal vendredi sur BFMTV/RMC.
Et, alors que l’exécutif avait pu donner l’impression ces derniers temps de mettre sur un pied d’égalité le RN et La France insoumise « et ceux qui les suivent », Emmanuel Macron a semblé à Bruxelles nuancer cette position.
« J’ai eu l’occasion de dire qu’à l’extrême gauche, des gens avaient tenu des propos sur l’antisémitisme ou la violence, sur l’antiparlementarisme, que je désapprouvais, qui sortaient de l’arc républicain, mais je ne fais pas une confusion générale avec l’ensemble d’autres formations politiques », a relevé le chef de l’État.
Il a aussi dénoncé l’« arrogance » du RN qui entend lui imposer une cohabitation dure en cas de victoire et s’est « déjà réparti » tous les postes du gouvernement.
Après avoir qualifié la fonction de chef des armées du président de la République de simple « titre honorifique », Marine Le Pen a réaffirmé vendredi sur Europe1/CNews qu’elle considérait l’envoi de troupes à l’étranger, et donc notamment en Ukraine, comme « une prérogative du Premier ministre ».
Pour le même motif, elle a aussi indiqué que Jordan Bardella à Matignon s’opposerait à la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen, annoncée jeudi par Emmanuel Macron à ses partenaires.
Une forte participation attendue
Dimanche, une forte participation, qui pourrait être au plus haut depuis 25 ans, est attendue : près de deux électeurs sur trois prévoient d’aller voter, contre moins d’un sur deux aux législatives de 2022.
Avec une conséquence prévisible : « Il y aura certainement des élus dès le premier tour », à un niveau « qu’on n’avait pas connu depuis longtemps », prédit à l’AFP le directeur général délégué d’Ipsos Brice Teinturier. Plus de 50 comme en 2002 ? Plus de 100 comme en 2007 ? Leur nombre donnera en tout cas une idée de l’ampleur de la vague bleu marine annoncée.
Mais tout ne sera pas joué dimanche, car il y aura aussi « énormément de triangulaires » ajoute le sondeur, qui anticipe « potentiellement 200, voire 240 » circonscriptions dans ce cas de figure.
La question du « désistement républicain » face au nationalisme est donc au coeur des enjeux. Une option déjà défendue au sein du Nouveau Front populaire, où écologistes, socialistes et communistes ont fait savoir que leurs candidats arrivés en troisième position se retireraient.
À gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui reste un épouvantail pour ses adversaires, a indiqué jeudi qu’il n’entend pas être « rayé de la carte ». Y compris par ses alliés qui ne souhaitent pas le voir devenir Premier ministre en cas de victoire. Notamment le socialiste Olivier Faure qui a affirmé, lors d’un ultime débat télévisé sur France 2, qu’à Matignon il faudra « une force tranquille », à l’opposé du tempétueux tribun qui avait récolté 22% des voix à la dernière présidentielle.
« Ils commettent une lourde erreur s’ils croient qu’ils vont gagner des voix en me tapant dessus. Ce qu’ils risquent, c’est de dégoûter les gens qui votent Insoumis de voter pour eux », a mis en garde M. Mélenchon.
Un ultime débat avant le vote
Du côté de la majorité sortante, Gabriel Attal a continué de distribuer les coups jeudi soir lors d’un ultime débat tendu avec Jordan Bardella et Olivier Faure.
Le chef du gouvernement a particulièrement attaqué le président du RN, accusé de soutenir « une centaine de candidats » ayant tenu des propos « racistes, antisémites et homophobes ». Son entourage a également diffusé « une carte de la honte » interactive où l’on retrouve les propos controversés de 112 candidats RN.
Parmi eux, le député sortant Roger Chudeau. L’élu du Loir-et-Cher a estimé qu’un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car cela posait un « problème de double loyauté », prenant l’exemple de l’ancienne ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem dont la nomination fut « une erreur ».
Des propos qui ont immédiatement suscité une vive polémique.
« Nous devons combattre avec force et on doit s’indigner de ces choses-là », a déclaré à Bruxelles Emmanuel Macron, la présidente sortante de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet déplorant que le parti montre son « vrai visage », celui d’« un racisme décomplexé ».
L’« avis personnel » de Roger Chudeau est « totalement contraire au projet du Rassemblement national », a rétorqué vendredi Marine Le Pen.
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