Législatives : de premiers accords entre le parti présidentiel Ensemble et LFI

Par Ludovic Genin
1 juillet 2024 13:58 Mis à jour: 2 juillet 2024 20:43

Après le score du Rassemblement national au premier tour des législatives, gauche et macronie appellent à des désistements au second tour pour empêcher que le RN ait une majorité absolue au soir du 7 juillet.

Ce score clôt d’ores et déjà un second chapitre de l’ère Macron, après une majorité à l’Assemblée nationale entre 2017 et 2022 (plus de 32 % au premier tour, 350 députés) et le sérieux coup d’arrêt subi en 2022, avec la perte de la majorité absolue, quelques semaines après la réélection du chef de l’État. La dissolution surprise prononcée par le président après le revers des européennes n’a donc pas porté ses fruits, arrivant en troisième position aux législatives, avec 20,04 % des suffrages.

Dès 20 heures le soir des élections, Emmanuel Macron s’est tourné vers le second tour avec une déclaration écrite appelant, face au RN, à « un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour ». Une position ambigüe vis-à-vis de La France insoumise, avec déjà des désistements du parti présidentiel Ensemble en faveur du parti d’extrême gauche.

Les responsables d’Ensemble pour la République entretiennent le flou sur LFI

« L’extrême droite est aux portes du pouvoir » et « notre objectif est clair : empêcher le Rassemblement national d’avoir une majorité absolue au second tour », a déclaré Gabriel Attal depuis Matignon, le soir du 30 juin.

Si « plusieurs centaines » de représentants de la majorité seront présents au second tour, le Premier ministre a annoncé le « désistement » des candidats « dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République ». Le gouvernement entretient cependant une posture floue vis-à-vis de LFI.

Le RN est « aux portes du pouvoir, donc on ne peut pas se permettre de tergiverser ». « Donc il faut faire barrage partout », a plaidé l’ex-ministre Clément Beaune, lui-même battu à Paris. Le ministre Roland Lescure a lui aussi appelé à « tout faire » pour empêcher une majorité absolue du RN en prônant le désistement de « tous [les] collègues » de la majorité arrivés en troisième position.

Tout en critiquant LFI, François Bayrou et le président de l’UDI Hervé Marseille ont eux évoqué un examen au cas par cas, en fonction des profils et des circonscriptions.

Des positions à l’opposé de celle de la ministre Aurore Bergé, qui ne « votera jamais pour un LFI », ou de Benjamin Haddad, en ballottage favorable à Paris, selon qui : « Jamais une voix pour la France insoumise. Le combat contre le projet funeste du RN ne peut s’accommoder de la moindre compromission avec l’antisémitisme et la violence ».

Du côté d’Horizons, Édouard Philippe a été particulièrement ferme face aux Insoumis, estimant depuis Le Havre qu’ « aucune voix » ne devait se porter sur le RN comme sur le parti de Jean-Luc Mélenchon, et prônant le retrait de ses candidats arrivés troisième en cas de risque de victoire. Même écho de la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), qui a appelé à une « grande coalition allant des LR aux écologistes et aux communistes » tout en excluant les Insoumis de cette coalition.

Ensemble se désiste déjà au profit de candidats LFI du Nouveau Front populaire

Dans la Somme, la candidate Ensemble, Albane Branlant, s’est retirée au profit de l’Insoumis François Ruffin, en ballottage face à un RN. « Je voudrais remercier les électeurs qui m’ont fait confiance. 24 %, c’est un score qui m’honore. Mais face au risque du Rassemblement National qui pourrait avoir une majorité absolue, je retire ma candidature ce soir”, a-t-elle déclaré.

La candidate Renaissance Elisabeth Toutut-Picard s’est désistée également dans la 7e circonscription de Haute-Garonne, où elle se classe 3e derrière un candidat LR soutenu par le RN, arrivé largement en tête du 1er tour, et le député sortant LFI. Dans un communiqué transmis à l’AFP, Mme Toutut-Picard (24,81 %) invite ses électeurs « à voter en leur âme et conscience. Je leur demande seulement de bien réfléchir au modèle de société qu’ils veulent pour eux et pour leurs enfants et de privilégier le choix le plus apte à protéger les valeurs républicaines et européennes ».

Elle se plie ainsi à la consigne de vote du camp macroniste : se désister en cas de triangulaire ayant placé en tête le représentant du RN.

LFI majoritaire au sein du Nouveau Front populaire

Le Nouveau Front populaire (NFP) a obtenu ​​27,99 % des voix ce dimanche et peut espérer entre 125 et 165 sièges dans la future Assemblée nationale qui sortira du second tour dimanche 7 juillet. Dans le détail, LFI pourrait rafler la majorité des sièges de la NFP (entre 58 et 72), le PS suivrait avec de 33 à 43 députés, devant Les Écologistes (entre 28 et 38) et le PCF (entre 6 et 12), selon Ipsos.

Tous les candidats encore en lice, tous partis confondus, ont jusqu’à mardi 18h pour décider de se maintenir, ou pas.

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