Des électeurs qui reportent leur départ en vacances ou optent massivement pour un vote par procuration : la participation en France s’annonce plus forte aux législatives des 30 juin et 7 juillet qu’en 2022 ou aux européennes, mais difficile de savoir quel camp en profitera.
« On s’attend à une sur-mobilisation » pour ce scrutin, indique à l’AFP Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris II.
Selon une enquête Ifop publiée mercredi, deux inscrits sur trois devraient voter (66%) contre 47,8% en 2022, dans la foulée de la réélection d’Emmanuel Macron pour un second mandat présidentiel.
C’est une inflexion notable du taux de participation attendu, alors que le désintérêt pour le premier tour de ces élections est constant depuis 1993, après un pic en 1978 (82,8%). Et plus qu’aux européennes (51,49%), où un Français sur deux ne s’est pas rendu aux urnes.
Déjà 250.000 Français résidant à l’étranger ont voté en ligne en 24 heures, selon le ministère des Affaires étrangères, autant qu’en cinq jours lors des législatives de 2022.
Le nombre de procurations a fait un bond
Et le nombre de procurations, établies par des électeurs pris de court par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale le 9 juin, a lui aussi bondi. Près de 1,38 million ont été enregistrées à sept jours du premier tour, selon le ministère de l’Intérieur, six fois plus qu’au même moment en 2022.
Le second tour du scrutin aura lieu le premier week-end des vacances scolaires. Mais presque un Français sur dix (9%) a affirmé avoir modifié la date de son départ pour aller voter, selon un sondage Ifop pour Roole publié mercredi.
Le phénomène est plus marqué chez les jeunes, habituellement les plus abstentionnistes, avec 19% des 18-24 ans décalant leurs vacances, et chez les sympathisants de gauche (16%).
L’élan de nombreuses personnalités
Autre signe de l’importance de ces élections : de nombreuses personnalités ont pris position, ce qu’elles réservent d’habitude à la présidentielle.
Ainsi, 160 sportifs dans une tribune (dont Yannick Noah, Jo-Wilfried Tsonga, Marion Bartoli ou Marie-José Pérec), l’attaquant des Bleus Marcus Thuram, Judith Godrèche, Marion Cotillard, l’influenceuse Lena Situations ou encore le youtubeur Squeezie ont appelé à voter contre l’extrême droite.
« Le tissu associatif, qui ne se mobilise jamais, montre aussi son soutien », selon Fatiha Keloua Hachi, ancienne enseignante, qui cite les syndicats d’enseignants et la FCPE, première organisation de parents d’élèves.
« C’est relativement inédit », confirme auprès de l’AFP le politologue Jean-Marie Pernot, qui évoque à titre d’exemple un appel « inhabituel » de la Fédération du scoutisme français.
Les sondeurs reconnaissent dès lors qu’il est difficile d’imaginer à quoi ressemblera l’hémicycle de l’Assemblée nationale après le 7 juillet. Les élections législatives ne seront pas que « la chambre d’enregistrement de la présidentielle » qu’elles suivaient de quelques semaines depuis 2002, observe pour l’AFP Christelle Craplet, directrice de BVA Opinion.
Qui va se mobiliser et où ?
« La question, c’est ‘‘Qui va se mobiliser et où ?’’ », selon elle, car les instituts de sondages ne réalisent pas d’enquêtes par territoires.
« Il y a une interrogation sur où les électeurs vont le plus voter : dans des circonscriptions où les prévisions ne sont pas très serrées, avec peu d’enjeu, ou dans des circonscriptions tangentes, qui peuvent faire changer le profil des territoires », ajoute la directrice de BVA Opinion.
« Si les jeunes urbains se mobilisent contre le Rassemblement national, il y a moins d’enjeux que si ce sont les jeunes de territoires tangents », analyse-t-elle.
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