Fort du soutien populaire malgré ses débuts discrets à la présidence, l’ex-comédien Volodymyr Zelensky peut espérer une large victoire de son parti aux législatives du 21 juillet en Ukraine, qui devrait voir entrer au Parlement une vague de députés novices en politique.
« Le résultat est connu d’avance. La seule question est de savoir si le parti Serviteur du peuple (de M. Zelensky) va former la majorité seul ou une coalition avec une autre formation », résume à l’AFP la sociologue Iryna Bekechkina, directrice de la fondation Initiatives démocratiques.
Promettant de « casser le système », M. Zelensky a écrasé son prédécesseur Petro Porochenko avec 73% des suffrages à la présidentielle en avril. Il misait sur l’espoir d’un changement dans cette ex-république soviétique, l’un des pays les plus pauvres d’Europe, rongé par la corruption et en proie à un conflit meurtrier avec des séparatistes pro-russes.
A peine investi, cet ancien humoriste et entrepreneur de spectacle de 41 ans, sans expérience politique, a dissous un Parlement qui lui était hostile et convoqué des législatives anticipées pour profiter de l’élan de sa victoire sans attendre le scrutin prévu en octobre. Si M. Zelensky n’a encore rien fait de révolutionnaire ni présenté de plan d’action bien défini, il bénéficie d’un fort soutien populaire : en juin, 67% des Ukrainiens disaient « approuver » son action.
Pour les législatives, le jeune parti de M. Zelensky n’a pas trouvé assez de candidats dans ses rangs et a dû en recruter via son site internet. Selon trois sondages publiés cette semaine, il est crédité de 47% à 50% des intentions de vote parmi les électeurs ayant déjà fait leur choix, loin devant ses rivaux.
Sur la soixantaine de partis en lice, trois à quatre ont aussi des chances de franchir le seuil des 5% : la formation pro-russe Plateforme d’opposition (12-14%), suivie des mouvements pro-occidentaux Solidarité européenne de l’ex-président Petro Porochenko (7-9%) et Batkivchtchina (Patrie) de l’ex-Première ministre Ioulia Timochenko (6%).
Fondé en mai par une superstar du rock ukrainien, Sviatoslav Vakartchouk, le parti pro-occidental Golos (Voix) a gagné rapidement en popularité (4-8%). Ces sondages ne portent que sur la moitié des députés ukrainiens élus au scrutin proportionnel. L’autre moitié est élue au scrutin majoritaire à un tour.
Golos et Serviteur du Peuple sont allés jusqu’à bannir les députés sortants de leurs listes, préférant des experts, militants ou célébrités, souvent jeunes et sans expérience politique. Il s’agirait d’un changement sans précédent dans ce pays, où l’arène politique a toujours été dominée par des politiciens ayant grandi en URSS.
« Il est probable que jusqu’à 75% des députés élus soient novices », projette Oleksandre Souchko, directeur exécutif de la Fondation internationale Renaissance à Kiev.
Si inédit qu’il soit, ce lifting politique entraîne de gros risques pour la jeune et tumultueuse démocratie ukrainienne, sans garantir une accélération des réformes, estiment les analystes, qui craignent un manque de compétence chez les nouveaux députés et un possible « chaos ».
« Un très grand nombre de candidats sont absolument inconnus. Il est très difficile de prédire s’ils vont fournir un travail de qualité », note M. Souchko. Svetlana Golon, une habitante de Zaporijjia (sud-est) anticipe avec philosophie ces difficultés : « Quand des jeunes commencent un travail, c’est toujours compliqué ».
Interrogé par l’AFP, son père Sergiï Golon, ironise pour sa part sur « l’expérience » des députés au pouvoir : « Ce Parlement est très expérimenté pour voler ou frauder. Ils négocient cela entre eux pour vous escroquer »…
Elu pour cinq ans, le Parlement monocaméral ukrainien compte 450 sièges, dont 26 ne pourront être pourvus en Crimée, péninsule annexée en 2014 par la Russie, et dans les territoires de l’Est contrôlés par les séparatistes pro-russes, où une guerre a fait plus de 13.000 morts en cinq ans. Dans les 199 circonscriptions majoritaires restantes, plus de 3.000 candidats sont en lice.
E.T avec AFP
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