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Législatives: les Finlandais veulent tourner le dos à quatre années d’austérité

avril 14, 2019 13:25, Last Updated: avril 14, 2019 13:30
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Éprouves par quatre années d’austérité ayant permis de sortir le pays nordique de l’ornière, les Finlandais votent dimanche pour des législatives qui devraient voir les sociaux-démocrates remporter le scrutin, une première depuis 16 ans, devant l’extrême droite. La coalition gouvernementale sortante, composée du Centre (parti du Premier ministre Juha Sipilä), du Parti de la coalition nationale (droite) et du parti Réforme bleue (eurosceptique), a mené une politique d’austérité qui a permis de sortir le pays de la récession en 2016.

Mais, assure le chef des sociaux-démocrates dans la presse finlandaise, « nous devons trouver des moyens équitables de rendre la société finlandaise durable, la politique fiscale ne peut pas y parvenir seule ». A 56 ans, Antti Rinne, ancien ministre des Finances qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le syndicalisme, a mené campagne contre les mesures de rigueur de Juha Sipilä. « Il y a eu beaucoup de coupes et certaines dans des domaines comme celui de l’éducation, alors qu’ils avaient promis de ne pas y toucher », regrette à l’AFP Jenny, venue voter dimanche matin à Helsinki.

Les bureaux de vote ont ouvert à 09H00 (06H00 GMT). Près d’un million et demi d’électeurs, plus d’un tiers de l’électorat, ont déjà voté grâce au vote anticipé. Le candidat social-démocrate s’assure pour le moment une courte avance sur les Vrais Finlandais (extrême droite) et le Parti de la coalition nationale, au coude-à-coude, d’après les sondages.

Aucun parti ne parvient à franchir la barre des 20% d’intentions de vote, une situation rare qui pourrait compliquer les tractations pour former un gouvernement. Droite et gauche disent ne pas vouloir collaborer avec l’extrême droite, sans pour autant fermer la porte à de possibles négociations avec les Vrais Finlandais.

« Peut-être verrons-nous une sorte de glissement vers la gauche, mais je ne pense pas qu’il s’agira d’un changement majeur, car ici en Finlande, il n’est pas très courant que la politique prenne un tout autre tournant après les élections », indique à l’AFP la chroniqueuse politique Sini Korpinen. La Finlande a un scrutin proportionnel et une culture politique du consensus qui portent au pouvoir des coalitions hétéroclites.

Les sociaux-démocrates, qui ont conduit un gouvernement pour la dernière fois en 2003, ne sont pas parvenus à creuser l’écart. Certains sympathisants reprochent à M. Rinne son incapacité à attirer les jeunes pour renouveler l’électorat vieillissant du parti, a contrario des Vrais Finlandais parvenus à mobiliser une base électorale jusqu’alors peu intéressée par la politique. La question de l’immigration a porté le parti d’extrême droite sur le devant de la scène bien qu’en Finlande seuls 6,6% des 5,5 millions d’habitants soient nés à l’étranger.

En décembre et janvier, l’arrestation hyper médiatisée d’une dizaine d’hommes d’origine étrangère soupçonnés d’agressions sexuelles avait suscité l’indignation dans le pays et une vague de soutien aux Vrais Finlandais. La formation s’est engagée à réduire considérablement l’immigration et renforcer les règles d’asile. Le parti dénonce également l’« hystérie climatique » de ses adversaires, affirmant que les citoyens ne doivent pas payer pour des mesures supplémentaires contre le changement climatique.

L’histoire montre qu’il est parvenu par deux fois à déjouer les pronostics, se hissant à la troisième place puis la deuxième lors des dernières élections en 2011 et 2015. Il a cependant payé son arrivée au pouvoir dans un gouvernement de centre droit et la modération de ses positions notamment sur l’Europe perçue comme une trahison par ses militants les plus radicaux.

En 2017, les Vrais Finlandais ont finalement implosé et quitté le gouvernement. Une majorité de leurs députés ont fondé Nouvelle Alternative, rebaptisé Réforme bleue et parti resté au pouvoir, les autres se ralliant à leur nouveau président, le faucon anti-immigration Jussi Halla-aho.

Le défi du prochain gouvernement sera aussi de s’attaquer à l’épineuse question de la protection sociale en Finlande, l’Etat-providence est l’un des plus généreux au monde, dans un contexte de vieillissement de la population et de baisse du taux de natalité. Parallèlement, la croissance devrait ralentir.

Le 8 mars, à cinq semaines du scrutin, Juha Sipilä avait présenté la démission de son gouvernement après avoir échoué à faire passer une réforme du système de santé, une décision qualifiée de « manœuvre politique » par l’opposition.  Les bureaux de vote doivent fermer à 17H00 GMT et les premiers résultats sont attendus dans la foulée.

D.C avec AFP

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