« Nous sommes prêts » à gouverner, a assuré lundi Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), lors d’une présentation de son programme pour les législatives.
Particulièrement courte, la campagne des élections législatives est entrée lundi dans sa dernière semaine. Toujours haut dans les sondages mais accusé de reculer sur des mesures, Jordan Bardella a dévoilé lors d’une conférence de presse, de plus d’une heure et demie, les grands axes du programme du RN quand Gabriel Attal, en campagne à Dijon, tente de réduire l’écart avec la gauche et l’extrême droite.
« Le Rassemblement national est aujourd’hui le seul mouvement à pouvoir mettre en œuvre dès maintenant et raisonnablement les aspirations clairement exprimées par les Français. En trois mots, nous sommes prêts », a affirmé celui qui aspire à devenir Premier ministre s’il obtient la majorité absolue au scrutin des 30 juin et 7 juillet.
Il a décrit l’Alliance entre son parti et le président du parti de droite (Les Républicains) comme la seule alternative crédible après les « sept longues années de macronisme » qui ont, selon lui, affaibli la France.
Parmi les premières mesures annoncées, il a réitéré sa volonté de donner la priorité aux carrières longues dès l’automne : « les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans », a-t-il assuré.
Non au téléphone portable en milieu scolaire
Mais c’est dans le domaine de l’éducation qu’il a annoncé de nouvelles mesures, promettant « un big bang de l’autorité » dès la rentrée avec l’interdiction des téléphones portables dans les collèges et les lycées, le « vouvoiement » des enseignants ou encore la poursuite de l’expérimentation de l’uniforme à l’école.
« Les téléphones portables seront interdits dans les établissements scolaires dont les lycées », « le vouvoiement des enseignants sera obligatoire et les expérimentations du port de l’uniforme seront poursuivies. Je suis, à titre personnel favorable à son instauration à l’école primaire, mais aussi au collège », a-t-il expliqué.
Sur son compte X, il s’est positionné contre toute forme de violence à l’encontre des professeurs : « L’autorité du professeur sera rétablie ».
Premier ministre, je ferai en sorte qu’aucun enseignant menacé ne soit laissé livré à lui-même sans soutien.
L’autorité du professeur sera rétablie. L’enseignement de l’histoire, des sciences et de la laïcité ne sera pas négociable.https://t.co/Lv3D7m5nqS
— Jordan Bardella (@J_Bardella) June 22, 2024
Il a assuré qu’il serait « extrêmement vigilant (face) aux tentatives d’ingérence de la Russie », s’il accédait au pouvoir. C’est pour cela qu’en terme de sécurité, il envisage de réserver « les postes les plus stratégiques de l’État » aux « citoyens français et aux nationaux français ».
De la difficulté de réformer
Interrogé la semaine dernière sur le plateau de TF1, M. Bardella avait cependant reconnu la difficulté qui l’attend : « Je ne pourrai pas réparer en trois jours de trente ans d’échec politique ». Il se distingue cependant de ses concurrents « au poste de Premier ministre » en étant « le seul à avoir annoncé (ses) priorités, (ses) ambitions, un calendrier ».
M. Bardella a « identifié trois priorités » s’il est élu Premier ministre : « le pouvoir d’achat », « le rétablissement de la sécurité » et « la réduction drastique de l’immigration ». Certaines de ces mesures seront mises en œuvre « dès le mois d’octobre », assure-t-il.
Concernant le pouvoir d’achat, sa « priorité absolue reste la baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur l’énergie », déclarant ne pas « se résoudre à ce que des millions de Français n’arrivent plus aujourd’hui leurs factures ».
« Aujourd’hui, se déplacer ou se chauffer » est en phase de « devenir un luxe », a-t-il affirmé. « C’est pour eux que je prendre mes premières mesures. »
Les réactions des oppositions
Si le Rassemblement national est toujours donné premier dans des sondages, autour de 35% des voix, devant le Nouveau Front populaire (entre 27 et 29,5%) et le camp présidentiel (autour de 20%), ses adversaires comptent bien lui fermer les portes de Matignon à l’issue de ces législatives anticipées (30 juin et 7 juillet).
« Il y a cette peur qui est entrée dans nos familles (…) nous autres les métissés, les racisés », a lancé le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon depuis la tribune d’un meeting à Montpellier, reprochant au RN des stigmatisations pendant les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier.
Mais le Nouveau Front populaire a terminé la semaine sur une note discordante. Le lancinant débat sur le choix de la gauche pour Matignon a été relancé après que Jean-Luc Mélenchon a rappelé son « intention de gouverner ce pays », tout en affirmant ne pas ‘‘s’imposer’’ ».
Suffisant pour susciter une levée de boucliers, notamment chez l’ancien président socialiste François Hollande, qui lui a enjoint de garder le silence face au « rejet » qu’il susciterait dans l’opinion.
Veut-on faire gagner la gauche ou créer de la conflictualité ? S’il veut rendre service au nouveau Front Populaire, @JLMelenchon doit se mettre de côté. Quand il y a autant de rejet, il faut avoir le sens de l’intérêt général. pic.twitter.com/PjFPqTbiJ9
— François Hollande (@fhollande) June 23, 2024
Gabriel Attal a sauté sur l’occasion pour inviter Jean-Luc Mélenchon à « venir débattre » mardi soir sur TF1 avec Jordan Bardella et lui-même plutôt que « d’envoyer son porte-parole », en l’occurrence le coordinateur de LFI Manuel Bompard.
Un avis partagé par le président du RN qui a rappelé que l’invitation de la chaîne avait été faite « aux candidats au poste de Premier ministre ».
« Monsieur Attal, vous êtes à votre poste du fait de la faveur du prince. Quant à nous, notre prochain premier ministre sera proposé par le groupe parlementaire le plus nombreux en concertation, après les élections », a répondu M. Mélenchon sur X. Les chefs des formations du Nouveau Front populaire ont prévu de se partager les différents débats télévisés du premier et second tour.
Dans une lettre aux Français publiée dimanche, le chef de l’État a admis que « la manière de gouverner doit changer profondément ».
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