Législatives : quelle stratégie de second tour pour le Rassemblement national ?

Par Epoch Times
1 juillet 2024 18:10 Mis à jour: 1 juillet 2024 18:16

Grands gagnants du premier tour des législatives, les lepénistes doivent désormais établir une stratégie de second tour pour espérer obtenir une majorité absolue, contraints par des réserves de voix limitées et de nombreux désistements de leurs adversaires qui pourraient leur compliquer la tâche.

Trente-neuf députés élus dès le premier tour, qualifiés dans 443 des 577 circonscriptions, en tête dans 296 d’entre elles…

Le Rassemblement national – et ses alliés ciottistes – ont sur le papier tous les voyants au vert, en étant arrivés dimanche en tête du scrutin à l’échelle nationale avec 33,1% des voix, nettement devant l’alliance de gauche Nouveau Front populaire et la majorité présidentielle.

Le score de l’extrême droite est d’ailleurs comparable à celui des macronistes lors du premier tour des législatives de 2017, à l’issue desquelles ils avaient raflé une vaste majorité absolue de 351 députés.

Autour de Marine Le Pen et Jordan Bardella, on pronostique 300 députés élus dimanche prochain – au-delà, donc, du seuil de 289 correspondant à la majorité absolue -, en tablant sur la victoire de tous les candidats qui ont obtenu au moins 38% au premier tour.

Reste, en cas de duel, jusqu’à douze points à aller chercher, sans véritables réserves de voix identifiées. « On pense que c’est possible, parce que nous sommes les seuls en mesure d’obtenir une majorité absolue : si les Français veulent que les choses changent, ils ont toutes les cartes en main », note Renaud Labaye, bras droit de Marine Le Pen et secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Les réserves de voix semblent pourtant minces : l’appel aux abstentionnistes apparaît notamment peu opérant, tant la participation de dimanche fut élevée. Et à part dans les quelques circonscriptions où les zemmouristes sont parvenus à grappiller quelques points, le RN sait qu’aucun accord d’appareil n’est possible entre les deux tours.

Mais les lepénistes entendent dénoncer les alliances de circonstances nouées par leurs adversaires, alors qu’un « front républicain » se met en place dans des dizaines de circonscriptions, avec autant de désistements pour éviter les triangulaires.

« Que La France insoumise appelle à soutenir Élisabeth Borne, la même qui a fait la réforme des retraites et utilisé le 49.3 ; que LFI appelle à voter pour Gérald Darmanin ; que Renaissance envisage de soutenir Raphaël Arnault, fiché S… Oui, le temps de la clarification est venu ! », ironise un cadre du parti à la flamme.

« Les amis de M. Mélenchon soutiennent donc la réélection d’Élisabeth Borne, qui a brutalisé des millions de Français en imposant la réforme des retraites par 49-3. Chez certains, les convictions ne tiennent pas à grand-chose… » a écrit Jordan Bardella sur X.

Parler à la droite et aux centristes

Le même y voit l’opportunité de convaincre des électeurs qui n’ont pas choisi le RN au premier tour de « faire barrage » à ces attelages jugés contre-nature – ou à tout le moins contre-productifs.

« Il faut qu’on parle aux Français, qu’on aille les voir, qu’on leur fasse confiance », résume Renaud Labaye, alors que Jordan Bardella a publié lundi matin une « lettre ouverte » pour fustiger « les agents du chaos grimés en Nouveau Front populaire », « alliance du pire rassemblant l’extrême gauche », laquelle « constitue une menace existentielle ».

Objectif : parler à la droite et aux centristes. « Face à la gauche radicale, les retraités bourgeois de Renaissance, même s’ils n’aiment pas le RN, ils détestent LFI », veut croire un parlementaire, en estimant pouvoir capter une partie de l’électorat macroniste – et à plus forte raison les 6,57% qui ont glissé un bulletin LR au premier tour.

Les stratèges lepénistes estiment également que, selon les zones, des électeurs de gauche peuvent se rallier à l’extrême droite. « Par exemple, dans la circonscription d’Élisabeth Borne dans le Calvados, je pense qu’on peut parler à cette gauche », parie Renaud Labaye, alors que l’ancienne Première ministre (28,93%) affrontera au deuxième tour le RN Nicolas Calbrix (36,26%) en duel, après que le candidat LFI, qui était arrivé troisième dimanche, a indiqué se désister.

Le rôle de l’abstention

À défaut de gains massifs de voix entre les deux tours, un paramètre pourrait également permettre aux candidats RN de s’imposer : l’abstention de l’électorat dans les camps de leurs adversaires, alors que la seule alternative à un gouvernement Bardella – que l’intéressé a conditionné à l’obtention d’une majorité absolue – semble être une hypothétique grande alliance aux contours toujours flous, voire un gouvernement « technique ».

Une perspective suffisamment décourageante chez nombre d’électeurs, considèrent plusieurs pontes du RN, pour laisser une majorité de candidats RN entrer à l’Assemblée. Sans l’approuver pleinement mais sans véritablement empêcher le mouvement.

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