L’Élysée mis « solennellement » en garde par le NFP dans le choix du nouveau gouvernement

Par Germain de Lupiac
10 juillet 2024 08:51 Mis à jour: 11 juillet 2024 17:46

L’ex-député LFI du Nord Adrien Quatennens a mis en garde le 9 juillet Emmanuel Macron en brandissant la menace d’une manifestation populaire vers Matignon si le Président ne désignait pas rapidement un Premier ministre LFI. L’ancien député a évoqué sur X l’idée d’une « grande marche populaire en direction de Matignon », affirmant qu’Emmanuel Macron « veut nous voler la victoire et manœuvre pour faire barrage à l’application du programme du Nouveau Front populaire ».

Le jour même, le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, ainsi que le député Olivier Marleix, plaidaient pour la nomination d’un Premier ministre issu de leur camp qui prendrait la tête d’un « gouvernement de rassemblement ». Une idée reprise par Édouard Philippe qui plaide pour un « pacte législatif » entre le camp présidentiel et les LR qui, si il se rassemble, comptera 220 députés, soit plus que les 182 élus du NFP.

Si le NFP revendique la victoire aux législatives, il n’y a pourtant pas de majorité absolue ou relative entre le NFP, Renaissance et le RN. On parle de semaines de discussions parlementaires – ce que craint le NFP, quand la date du 18 juillet donne une première échéance, avec l’élection du président de l’Assemblée nationale.

Le Nouveau Front populaire met en garde « solennellement » Emmanuel Macron 

Les quatre formations politiques du Nouveau Front populaire ont mis « solennellement » en garde Emmanuel Macron contre « toute tentative de détournement des institutions », avec le maintien prolongé de Gabriel Attal à Matignon, dans un communiqué commun publié le 9 juillet.

« Nous mettons solennellement en garde le Président de la République contre toute tentative de détournement des institutions », peut-on lire dans le communiqué, le Nouveau Front populaire jugeant que si Emmanuel Macron « persistait », ce serait « une trahison de l’esprit de notre Constitution et un coup de force démocratique auquel nous nous opposerions de toutes nos forces ».

Le NFP demande que le président de la République « se tourne vers le Nouveau Front populaire pour lui permettre de former un gouvernement », et ce « conformément à l’usage républicain en période de cohabitation ».

« Ils somment le président de nommer un Premier ministre chez eux alors même qu’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un nom », a réagi un conseiller de l’exécutif.  « Drôle d’ironie de l’histoire de voir ceux qui ont reproché au Président d’avoir gouverné pendant deux ans avec ce qu’ils appellent une minorité présidentielle, de vouloir gouverner, parfois même avec le 49.3, avec une majorité encore plus relative » a-t-il continué.

En arrivant à l’Assemblée avec le groupe des députés insoumis, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé que le président de la République bloquait « la situation aujourd’hui  pour garder le pouvoir le plus longtemps possible ».

Le patron du PS Olivier Faure, arrivé avec les élus socialistes à l’Assemblée, s’est ainsi dit « prêt à assumer » la fonction de Premier ministre « dans le dialogue avec [ses] partenaires » du NFP. Un choix de Premier ministre pour la formation de gauche qui ne semble pas du goût de LFI qui continue de revendiquer un chef de gouvernement venant de ses rangs.

Dans une tribune au Monde, le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a déclaré ne pas contester « la possibilité pour la gauche républicaine de gouverner ou de participer à un gouvernement. Mais à 100 sièges de la majorité absolue […] il faut être réaliste », a-t-il affirmé. Nouvellement élu député, il préfèrerait une « majorité de projets », mais sans LFI ni Jean-Luc Mélenchon.

Silence radio à l’Élysée

Attendu à Washington jusqu’à la fin de la semaine, Emmanuel Macron reste silencieux depuis le second tour des législatives qui a vu le Nouveau Front populaire devancer son camp, désormais affairé à renverser ce rapport de force au prix d’alliances au parlement.

Le plus grand calme semble régner à l’Élysée : près de quarante-huit heures après le dénouement des élections législatives, le Président n’a toujours pas pris la parole, ayant fait savoir dimanche qu’il attendait la structuration finale de l’Assemblée nationale avant de se prononcer.

Lundi, la démission de Gabriel Attal n’a pas été acceptée par le chef de l’État. On parle de plusieurs semaines avant qu’une majorité parlementaire puisse se mettre d’accord pour gouverner le pays. Il s’agirait d’attendre les alliances avec des députés centristes ou divers droite, pour tenter de dépasser le NFP en nombre de sièges à l’ouverture de la législature. « Pour avoir la légitimité de revendiquer Matignon », explique un parlementaire Renaissance.

L’ancien Premier ministre et président du parti Horizons, Édouard Philippe, défend qu’un accord technique entre les LR et les partis centristes – dont Renaissance, permettrait d’avancer et de gérer les affaires du pays pendant au moins un an.

Mais se pose toujours la question du Premier ministre, qui ne pourrait être un Insoumis – ligne rouge fixée par le président, et qui pourrait difficilement venir des LR, les médias ayant donné le NFP « gagnant » des élections le soir des résultats.

Selon Dominique Reynié dans Le Figaro, le pays n’a pas basculé à gauche et les médias ont fait fausse route en reprenant l’interprétation du vote donnée par Jean-Luc Mélenchon – qui s’est exprimé le premier. Sur l’ensemble des suffrages exprimés, le NFP ne comptabilise que 27,3 % des votes si on ajoute tous les votes de gauche, alors que le RN et ses alliés réunissent 37 % des suffrages exprimés – l’ensemble des suffrages de droite représentant 46,6 % des suffrages.

Un appel à « marcher sur Matignon » qualifié de « factieux »

L’appel de LFI à « marcher sur Matignon » a été qualifié de « factieux » par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, interrogé le 10 juillet sur Cnews-Europe1, ajoutant que «les parlementaires du Nouveau Front populaire, pour une grande partie, sont du côté de ceux qui envoient des pavés et des haches sur la tête des gendarmes».

Pour Marine Le Pen, « l’extrême gauche minoritaire en voix et en sièges, exige d’exercer le pouvoir et d’imposer son programme alors qu’elle n’en a pas la légitimité électorale » considérant ces appels à marcher sur Matignon comme des appels à l’insurrection, dénonçant un « climat de menaces et d’intimidations ».

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