Naruhito a officiellement accompli mercredi ses premières obligations en tant que 126e empereur du Japon, promettant de se tenir toujours « au côté du peuple », au lendemain de l’abdication de son père Akihito.
Au cours d’un cérémonial très codifié de six minutes, au côté de son frère cadet devenu prince héritier, le nouveau souverain de 59 ans, vêtu d’un costume queue-de-pie et portant des attributs (un grand collier et des décorations), a acté son accession au trône du Chrysanthème.
Il s’est symboliquement vu attribuer les sceaux royaux » et les trésors sacrés, une épée, un joyau et un miroir, dont la possession officialise son statut d’empereur, devant une assistance d’où les femmes de la famille impériale étaient exclues. La seule invitée était l’unique ministre féminine du gouvernement de Shinzo Abe.
L’empereur a ensuite prononcé son premier discours, cette fois en présence de son épouse Masako, arborant un diadème serti de diamants, et d’un plus large public composé d’un peu plus de 260 personnalités. « Je m’engage à agir conformément à la Constitution et à remplir mes obligations de symbole de l’Etat et de l’unité du peuple, en ayant toujours le peuple à l’esprit et en me tenant toujours à son côté », a solennellement déclaré Naruhito.
Il a aussi dit son « respect » pour l’attitude de son père pendant 30 ans de règne, qui a « partagé les joies et peines du peuple » et témoigné sa « compassion ». Akihito, désormais empereur émérite, était absent. Pour la première fois en 202 ans, la succession se fait du vivant de l’empereur sortant, devenu à 00H00 mercredi empereur émérite, un titre inédit.
Le Japon est ainsi entré dans la nouvelle ère Reiwa (belle harmonie) après trois décennies d’ère Heisei (parachèvement de la paix), qui a marqué les esprits en raison non seulement des nombreuses catastrophes naturelles qui l’ont émaillée mais aussi de la proximité inédite de l’empereur Akihito avec le peuple dont il a été le symbole.
Si la transition se fait sur un mode très protocolaire en fonction des rites liés au shintoïsme (ensemble de croyances animistes) et que la retenue est de mise y compris parmi la population, le changement d’ère n’en est pas moins un événement historique, accompagné d’un congé exceptionnel de 10 jours. L’empereur était arrivé un peu plus tôt à bord d’une voiture noire, après avoir salué la petite foule massée le long du parcours, alors que le soleil était revenu sur Tokyo.
Pendant ce temps, le très touristique sanctuaire Meiji Jingu se préparait à fêter l’événement. Une trentaine de prêtres shinto en robe blanche se sont livrés à une cérémonie pour annoncer l’intronisation aux ancêtres de la famille. Du sake (alcool de riz) a ensuite été offert une longue queue se formant pour seulement 1.000 élus.
Un peu partout dans le pays, des Japonais se sont levés aux aurores pour assister au premier lever de soleil de Reiwa, même si un ciel nuageux a souvent gâché le spectacle. A l’instar d’Akihito, les citoyens japonais sont unanimes à souhaiter une ère de « paix, de sécurité, de tranquillité ».
Dans l’après-midi de mardi, Akihito, 85 ans, avait clos son règne par une courte cérémonie d’à peine dix minutes. « J’exprime du fond du cœur ma gratitude au peuple du Japon qui m’a accepté comme symbole de l’Etat et m’a soutenu », a-t-il lu, reprenant la définition de son rôle inscrite dans la Constitution entrée en vigueur en 1947 et par laquelle l’empereur a perdu son statut semi-divin.
Akihito avait subtilement exprimé en août 2016 son souhait d’être déchargé de sa tâche, qu’il ne pourrait plus « exercer corps et âme » en raison de son âge et d’une santé sur le déclin. Son successeur a laissé entendre qu’il s’inscrirait dans la continuité de son ascendant, mais, comme le soulignent les éditoriaux de presse mercredi matin, il lui faudra imprimer sa marque.
Si d’aucuns espèrent qu’il délivrera au cours de son règne qui débute un message international on le sait très préoccupé depuis toujours par l’enseignement aux jeunes générations du passé militariste du Japon ou le problème de l’eau dans le monde, d’autres jugent qu’il devra faire attention à ne pas être trop visible, trop actif. « Je souhaite qu’il prie de façon discrète pour le peuple, afin de préserver sa stature d’empereur, c’est important pour la continuité du système impérial », a ainsi confié à l’AFP le retraité Kunio Nagahama.
Le rôle de l’impératrice Masako sera aussi très scruté. Cette polyglotte, qui a renoncé à une carrière diplomatique prometteuse pour entrer dans la famille impériale, a eu du mal à se plier aux rigidités du système impérial. « Elle remplira ses obligations de façon progressive », avait prévenu Naruhito l’an dernier.
D.C avec AFP
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