L’enquête sur l’assassinat du président haïtien progresse, malgré les zones d’ombre

Par Epoch Times avec AFP
16 juillet 2021 06:35 Mis à jour: 16 juillet 2021 06:38

L’assassinat du président haïtien par un commando armé le 7 juillet a été planifié depuis la République dominicaine voisine, selon le chef de la police d’Haïti, qui a par ailleurs annoncé le placement à l’isolement de quatre responsables de la sécurité de Jovenel Moïse.

Ces développements annoncés mercredi soir par Léon Charles ne permettent de répondre que partiellement aux nombreuses questions qui continuent de se poser, notamment sur les commanditaires de l’attentat. Jovenel Moïse fut un président largement décrié pour sa dérive autoritaire, accompagnée d’une plongée dans la crise pour Haïti.

L’envoi de troupes américaines en Haïti n’est actuellement « pas à l’ordre du jour », a affirmé jeudi le président Joe Biden, même si le petit pays caribéen est au bord du chaos sécuritaire.

Enquêteurs de la police fédérale américaine

Jeudi, des enquêteurs de la police fédérale américaine, qui apporte un appui technique aux investigations, ont été vus sortant de la résidence du chef de l’Etat assassiné, emportant notamment un ordinateur, selon une photographe de l’AFP sur place.

L’apparente facilité avec laquelle les assaillants sont parvenus à tuer en pleine nuit le chef de l’Etat haïtien âgé de 53 ans continue de susciter la suspicion des autorités. M. Moïse a été touché par une douzaine de balles, avec une apparente absence de réaction des agents chargés de le protéger.

Dans le cadre de l’enquête diligentée par l’Inspection générale de la police haïtienne, le chef de la sécurité de Jovenel Moïse, Dimitri Hérard, et trois autres responsables ont été placés à l’isolement et 24 agents sont frappés de mesures conservatoires, a détaillé le chef policier Léon Charles.

Convoqué mercredi par le parquet de Port-au-Prince, M. Hérard ne s’est toutefois pas présenté au rendez-vous, tout comme le commissaire divisionnaire Jean Laguel Civil, un autre responsable de la sécurité du président.

Volet international de l’affaire

L’enquête a également semblé progresser sur le volet international de l’affaire, dans lequel plusieurs pays sont cités, notamment les Etats-Unis et la Colombie. La police haïtienne a dit avoir arrêté une vingtaine de personnes, parmi lesquelles 18 Colombiens et 3 Haïtiens (deux d’entre eux ayant aussi la nationalité américaine). Trois autres Colombiens ont été tués.

Sur une photo devenue virale sur les réseaux sociaux en Haïti, on peut voir deux des suspects déjà interpellés ainsi que l’ancien sénateur Joël John Joseph, objet d’un avis de recherche, participer côte-à-côte à une réunion.

Selon le directeur général de la police nationale, ces personnes étaient en train de planifier l’assassinat de Jovenel Moïse en République dominicaine, pays qui se partage la même île qu’Haïti.

Un policier se tient près d’un mur peint d’une fresque du président haïtien Jovenel Moise près de sa résidence de Port-au-Prince le 15 juillet 2021. Photo by Valerie Baeriswyl / AFP via Getty Images.

« Ils s’étaient réunis dans un hôtel à Saint-Domingue. Autour de la table il y a les auteurs intellectuels, un groupe technique de recrutement et un groupe de financement », a déclaré Léon Charles.

« Certains sur la photo ont déjà été appréhendés. C’est le cas du Dr Christian Emmanuel Sanon, (et de) James Solages. Ce dernier a effectué les coordinations avec la firme de sécurité vénézuélienne CTU, basée à Miami », a-t-il ajouté.

« Le responsable de la firme, Antonio Emmanuel Intriago Valera, est sur la photo. Il est entré plusieurs fois en Haïti pour planifier l’assassinat. Il y a aussi sur le cliché le responsable de la compagnie Worldwide Capital Lending Group, Walter Veintemilla. Nous sommes en train d’enquêter sur cette entreprise qui aurait collecté des fonds pour financer l’exécution de l’acte criminel », a en outre expliqué Léon Charles.

« Ce sont des experts, des criminels »

« Il y avait un groupe de quatre (mercenaires) qui étaient déjà présents au pays. Les autres sont entrés le 6 juin. Ils sont passés par la République dominicaine », a avancé le chef de la police.

« Ce sont des anciens militaires des forces spéciales de la Colombie. Ce sont des experts, des criminels », a-t-il soutenu.

Jeudi, le Pentagone a confirmé que certains de ces Colombiens avaient bénéficié de sessions de formation proposées par l’armée américaine, à l’époque où ils étaient engagés dans les forces colombiennes.

Les mercenaires colombiens ont eux affirmé avoir été recrutés pour capturer Jovenel Moïse et le remettre à l’Agence antidrogue américaine (DEA), selon les autorités colombiennes, qui n’excluent pas qu’ils aient été trompés.

Le plan, selon la version de ces mercenaires, était « d’organiser l’arrestation du président et de le mettre à la disposition, c’est ce qu’ils disent (…), de la DEA », a déclaré jeudi le général Jorge Vargas, chef de la police colombienne.

De son côté la veuve du président assassiné, elle-même blessée dans l’attentat et évacuée en Floride, a remercié les personnes qui l’ont soignée. Martine Moïse a tweeté deux photos d’elle depuis son lit d’hôpital, les traits tirés et le bras droit entièrement recouvert d’un bandage.

 

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