L’agence de Shanghai d’investigation interne du Parti communiste chinois (PCC) a annoncé le 20 novembre dernier qu’elle effectuerait une vérification et une enquête sur une société d’investissement qui a des liens étroits avec le fils de l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin. C’est la première fois qu’un membre direct de la famille de Jiang Zemin est impliqué dans la campagne anti-corruption menée par Xi Jinping, l’actuel dirigeant du Parti.
L’enquête porte sur la société Shanghai Alliance Investment Ltd (SAIL) et fait partie d’une série d’enquêtes approfondies, ouvertes en même temps sur plusieurs établissements gouvernementaux et grandes entreprises liées à l’État à Shanghai. Elles sont menées dans le contexte de différentes formes de pression exercées par les actuels responsables du PCC sur le vaste réseau de fonctionnaires associés à Jiang Zemin.
Les implications de l’enquête ne sont pas encore claires, mais cette annonce est très importante en tenant compte que Jiang Zemin, dirigeant du PCC entre 1989 et 2002, a été l’ultime rival politique de l’actuel dirigeant du Parti Xi Jinping et que plusieurs hauts fonctionnaires, détrônés lors de cette purge, maintenaient des liens étroits avec Jiang Zemin.
L’enquête sur la SAIL est la dernière étape d’une série de mesures effectuées par les enquêteurs anti-corruption dans le réseau d’influence politique de Jiang Mianheng et, par extension, de son père Jiang Zemin.
Quand il s’est retiré officiellement du pouvoir il y a une décennie, Jiang Zemin a installé ses acolytes partout dans l’appareil du Parti et du gouvernement – un grand nombre de fonctionnaires que Xi Jinping est en train de démettre de leurs fonctions.
Une enquête sur la SAIL pourrait également indiquer que Xi Jinping se rapproche effectivement de Jiang Zemin lui-même, si le scénario devenu habituel se répète. Dans presque chaque cas quand une personne importante a été écartée du pouvoir, les membres de sa famille et ses anciens associés avaient d’abord été soumis à une enquête et punis.
Par exemple, en mettant hors-jeu Zhou Yongkang, l’ancien chef de la sécurité chinoise, les enquêteurs anti-corruption se sont d’abord occupés de son fils, Zhou Bin, en dénonçant dans la presse ses affaires douteuses. Les membres du réseau de Zhou Yongkang ont également été dénoncés et punis, y compris le richissime entrepreneur-gangster Liu Han, qui a été exécuté le 5 février dernier. Une procédure similaire a été observée dans la purge des « tigres » de l’armée, notamment du général Xu Caihou.
La SAIL marchait comme sur des roulettes
Fondée en septembre 1994, la SAIL s’est rapidement procurée de l’argent – semble-t-il grâce aux connexions de Jiang Mianheng avec la crème de la crème du Parti, étant donné que son père était l’homme le plus puissant en Chine.
L’entreprise a d’abord fait des investissements dans l’infrastructure des télécommunications et des entreprises de haute technologie à Shanghai et s’est engagée plus tard dans d’autres projets du premier plan – des projets de construction de masse de l’État, des entreprises de divertissement et des projets communs avec le studio Dreamworks de Hollywood, Microsoft et Nokia.
Cependant, depuis sa création, la SAIL est restée une entreprise au statut peu clair – elle n’a eu aucune cérémonie de création et n’a jamais publié aucun rapport. Il paraît qu’elle n’avait même pas de site web. Alors qu’elle était la soi-disant machine d’investissement du gouvernement de la ville de Shanghai, elle était à l’époque largement connue en Chine comme une tirelire personnelle de Jiang Mianheng.
En 2014, cette période d’existence insouciante a pris fin avec l’intégration de la société dans la Commission de supervision et d’administration des actifs d’État (SASAC), gérée par le gouvernement central.
Hua Po, observateur basé à Pékin, a confié à Epoch Times en septembre 2014 que le placement de la SAIL sous le patronage de SASAC basé à Pékin était « peut-être une tentative de blanchir la participation de Jiang Mianheng ».
Jiang Mianheng et la SAIL sont étroitement liés, même si on ne connaît pas sa participation actuelle dans la société d’investissement. Le profil de la société cette année présenté par Bloomberg, mentionne toujours Jiang Mianhengen comme président et PDG.
S’approcher tout doucement
L’enquête sur la SAIL est la dernière étape d’une série de mesures effectuées par les enquêteurs anti-corruption dans le réseau d’influence politique de Jiang Mianheng et, par extension, de son père Jiang Zemin.
Il y a eu des enquêtes approfondies, des arrestations et des purges au sein des trois oligopoles de télécommunications gérés par l’État et au moins une d’entre elles (China Unicom) maintenait des liens étroits avec Jiang Zemin. Les télécommunications sont également le secteur où Jiang Mianheng avait une influence importante. Au cours de cette année, China Unicom, China Mobile et China Telecom ont été exposées à diverses formes de pression par l’appareil disciplinaire du Parti, et certaines personnes liées à Jiang Zemin ont été mises à la porte.
Les enquêteurs du PCC se sont également occupés d’un des proches collaborateurs de Jiang Mianheng. Le 27 octobre dernier, il a été annoncé que Shi Er’wei, directeur adjoint de la prestigieuse Académie chinoise des sciences, avait été démis de ses fonctions.
Quant à Jiang Mianheng lui-même, en janvier dernier, il a discrètement quitté son poste de président de la succursale de Shanghai de l’Académie chinoise des sciences. Cela s’expliquait apparemment par le renforcement de la pression politique sur la famille de Jiang Zemin, étant donné qu’il restait à Jiang Mianheng encore plusieurs années avant l’âge de la retraite prévu pour les fonctionnaires occupant ce genre de postes.
Un « fils à papa »
Pendant ce temps, les agents anti-corruption continuent de cerner les membres de la famille et les associés des proches alliés de Jiang Zemin. Le dernier cadre à être arrêté a été Cheng Danfeng, l’adjoint au maire de la ville de Zhangjiajie dans la province du Hunan au sud de la Chine. Cheng Danfeng est le beau-fils de Su Rong, le plus haut fonctionnaire purgé alors qu’il était encore en fonction et un proche lieutenant de Jiang Zemin.
Cette année, on a vu deux autres faits indiquant que Jiang Zemin pourrait tomber en disgrâce. Le 10 août, le Quotidien du peuple, porte-parole du PCC, a critiqué les dirigeants du Parti à la retraite qui ne voulaient pas « renoncer à exercer leur influence sur des questions importantes », ce qui a été considéré par les observateurs de la Chine comme une critique ouverte de Jiang Zemin.
Plus tard, une grande stèle en pierre avec la calligraphie de Jiang Zemin a été retirée de l’entrée de l’École centrale du Parti, un établissement d’enseignement supérieur utilisé pour former et endoctriner les cadres du PCC. Bien que ce fait n’était visiblement qu’un petit événement, il a été l’un de ceux qui, en Chine, est considéré comme étant bien symbolique.
Juliette Song a contribué à cet article.
Version anglaise : With Investigation of Chinese Investment Company, Former Party Leader’s Family Comes Under Pressure
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