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L’enseignement public en perte de vitesse

janvier 11, 2017 7:00, Last Updated: janvier 11, 2017 14:15
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Ils seront 10. 10 élèves sur 21 dans une classe de CM2 à partir dans un collège privé à la rentrée 2017. Dans cette petite école publique de la région parisienne, c’est l’étonnement depuis déjà quelques années. Nombreux sont les parents qui souhaitent inscrire leur enfant dans le privé pour le second cycle.

Pourquoi plébisciter les collèges privés ?

Les statistiques du ministère de l’Éducation nationale (MEN) le confirment. La part des élèves scolarisés dans le privé à l’entrée en sixième ne cesse de croître depuis 2005 (20,83%), atteignant en 2016, le chiffre de 22,6%. La majeure partie (96%) des établissements privés sont sous contrat et principalement de confession catholique. Selon les statistiques du MEN, pour l’ensemble du collège, le privé accueillerait donc 6 300 élèves de plus en 2016, alors que le public en perdrait 9 900.

Si cette hausse ne modifie pas encore le fameux « équilibre historique » français de la répartition de 80% d’élèves dans les collèges publiques et 20% dans le privé, on peut tout de même se poser la question des causes de cet engouement pour les collèges privés. Pourquoi des familles qui, initialement, ne voient aucun problème à inscrire leur enfant dans le public pour l’école primaire, songent-ils ensuite à les réorienter vers le privé pour l’entrée au collège ?

Nombreux seront ceux qui penseront immédiatement à l’évidente réforme du collège, applicable depuis la rentrée 2016 et qui a fait couler beaucoup d’encre. Mise en place des EPI, quasi suppression des classes bilangues et des options grec ou latin… Peut être faut-il y voir une fuite des familles vers ces établissements qui perpétuent un enseignement plus traditionnel et moins orienté vers un « collège unique ».

« 22,6% des élèves français sont scolarisés dans un collège privé. »

-Ministère de l’Éducation nationale

Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, s’en défend : « Je crois plutôt à un effet démographique, variable selon les territoires, et un certain attrait de nos établissements, pas plus important dans le second degré que dans le premier. De plus, il faut rappeler que nous appliquons cette réforme. Elle se met en place tranquillement, parfois avec optimisme, parfois avec des réticences, mais partout, les équipes sont au travail, essayant de déployer tout ce qu’il y a d’intéressant dans cette réforme. »

Si la réforme constitue un « bouc émissaire », le malaise ne serait-il pas en fait plus profond ? De nombreuses familles pointent une insécurité de plus en plus palpable dans le second degré et parfois même dès le primaire, insécurité due notamment à des élèves perturbateurs, harceleurs et/ou violents, dont la souffrance, souvent due à des carences ou maltraitances éducatives, mine la volonté et la capacité de progresser. La réforme du collège serait-elle alors passée à côté d’un aspect essentiel, celui de la prise en compte de l’individu ?

Faut-il craindre une désaffection du métier d’enseignant ?

Un récent rapport du Sénat révélait une hausse significative des démissions d’enseignants : le taux de démissions a ainsi triplé de 2012-2013 à 2015-2016 dans le primaire et doublé dans le secondaire. Manque de reconnaissance, salaires trop bas, pression psychologique de la part de la hiérarchie associée à une lourdeur des tâches administratives… et cela ne s’arrête pas là : ras-le-bol de gérer les incivilités au détriment de l’enseignement, quasi-absence de mobilité dans les zones les plus sensibles… les raisons sont légion. Outre les enseignants titulaires, ce sont aussi et surtout les démissions d’enseignants stagiaires qui interpellent. De 185 démissions en 2012, on passe à 805 départs en 2016, tous degrés confondus.

Conséquences de « l’appel d’air des 60 000 postes » qui auraient attiré chômeurs ou actifs en quête de reconversion mais sans réelle motivation, ces démissions reflètent aussi les difficultés que rencontrent ces enseignants lors de cette année de stage. Le rapport sénatorial évoque ainsi « le caractère éprouvant de l’année de stage, pendant laquelle les stagiaires doivent assurer un service d’enseignement à mi-temps, suivre leur formation et mener un travail de recherche ». À cela, vient se greffer la crainte de la première affectation dans des zones jugées difficiles et souvent éloignées du domicile de l’enseignant.

Le plus beau métier du monde ?

Et pourtant, en dépit des difficultés, chaque année, 25% des admis sont des « reconvertis ». Ils ont 35, 40 ans ou plus, sont femmes au foyer ou cadres dans de grandes entreprises, ils décident de passer le concours, souvent celui de professeur des écoles. Donner du sens à sa vie et à son travail, être utile, ou plus simplement, réaliser un rêve d’enfance : devenir enseignant.

Côté ministère, des mesures sont peu à peu prises afin de rasséréner les enseignants et redorer le blason du métier. Depuis la rentrée 2016, les salaires ont été quelque peu étoffés avec entre autres, la revalorisation des grilles indiciaires, l’augmentation de la prime ISAE de 800 euros et la création d’une classe exceptionnelle. Si le matériel s’en trouve quelque peu équilibré, qu’en est-il du moral qui nécessiterait de redonner aux enseignants cette autorité qui établit et assoie le cadre éducatif ?

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