En arrivant aux États-Unis, le petit Gao Tianyu, âgé de cinq ans, a demandé innocemment à sa mère : « Maman, je peux parler maintenant? Je peux aller dehors maintenant? » Malgré son jeune âge, l’enfant avait de bonnes raisons de poser de telles questions. Il est le fils du célèbre avocat chinois défenseur des droits de l’homme, Gao Zhisheng.
Gao a été pris pour cible par le Parti communiste chinois (PCC) pour avoir engagé des actions en justice contre le régime chinois afin de défendre les agriculteurs spoliés de leurs terres, les pratiquants du Falun Gong persécutés et autres opprimés.
« En Chine, nous n’avions pas le droit de parler ni de sortir », explique Geng He, la femme de Gao, maintenant en sécurité aux États-Unis avec son fils Tianyu et sa fille de seize ans, Gege, grâce à l’aide du gouvernement américain et d’amis. « Maintenant que nous sommes aux États-Unis, je lui ai dit qu’il peut parler et jouer et répondre aux gens qui lui adressent la parole. Il se sent maintenant libre et détendu. »
Le 9 janvier 2009, Geng He et ses enfants ont fui Pékin et la surveillance permanente à laquelle ils étaient soumis jour et nuit. Ils ont échappé à la police chinoise et sont arrivés en Thaïlande le 16 janvier. Geng He mentionne qu’elle essaie de ne pas trop penser à autre chose qu’à panser les plaies de ses enfants traumatisés et qui se sentent encore très déprimés.
Inquiète pour la sécurité de Gao
Geng He a très peu de détails sur la condition actuelle de son mari. Mais le peu qu’elle sait n’est pas bon du tout. Il a été torturé par le régime communiste chinois et les effets à long terme ont affecté sérieusement sa santé.
« Je n’ai aucune idée où il se trouve actuellement», affirme Geng He. «Je n’ai l’ai pas contacté du tout depuis que j’ai fui la Chine. Le 4 février, un ami m’a dit qu’il avait de nouveau été arrêté. »
Tentative de suicide de la fille de Gao
Peu avant les Jeux olympiques de 2008, Gao Zhisheng et sa famille ont été enlevés de Pékin pour être emmenés dans le Xinjiang, région du nord-ouest très peu peuplée. Ce n’est qu’à la fin du mois d’août que la famille a été ramenée à Pékin. Mais ils ont de nouveau été emmenés dans une région lointaine avant les Jeux paralympiques.
Geng He se souvient : « Ce soir-là, ils nous ont enlevés de notre maison. Nous ne savions pas où ils nous emmenaient. C’était une toute petite auberge. Ils nous ont gardés dans une pièce fermée pendant plus d’un mois. »
Depuis le 1er septembre 2008, la fille de Gao, Geng Gege (de son surnom Gege) a été privée d’école. Elle était en résidence surveillée, coupée de l’école et de ses amis. Gege était au bord de la crise de nerfs. À plusieurs reprises, elle a tenté de se mutiler et a même tenté de s’enlever la vie. Gao et Geng He étaient très inquiets pour elle. M. Gao en a été bouleversé.
Geng He se souvient avec une expression de douleur : il y avait un petit couteau pour travaux pratiques sur le bureau de Gege. Elle se coupait le bras avec ce couteau. Elle disait qu’elle se sentait mieux après. Certaines coupures ont cicatrisé, d’autres pas encore. Elle a tenté de se mutiler à trois reprises. Un jour M. Gao et Geng He l’ont surprise en train de tenter de se suicider. Gege avait coupé son artère. Elle souriait en regardant son sang couler. Gao et Geng He l’ont surprise par hasard en train de faire cela dans sa chambre. Ils en ont été terrassés.
Geng He raconte : « Pour le bien des enfants, j’ai dû fuir la Chine. Sinon, nous nous serions sentis coupables pour eux. Cela a été un choc pour Gao. Il se sent coupable pour les enfants. Nous nous sentons tous les deux très mal. »
Geng He songeait au suicide
Le 15 août 2006 à midi, Gao Zhisheng a été secrètement arrêté alors qu’il rendait visite à son beau-frère sur son lit de mort dans l’agglomération de Dongying, province du Shandong. Une dizaine de policiers en civil ont pénétré par effraction dans la maison pour arrêter Gao. Les policiers ont également saccagé son domicile à Pékin. La police a refusé de dire à sa famille et à ses amis où ils l’avaient emmené.
Geng He se souvient : « À ce moment-là, Gege et moi avons été placées sous haute surveillance. Ces policiers ont pillé notre maison et tout cassé. Ensuite, ils se sont relayés toutes les trois heures et sont restés chez nous jour et nuit. Il y avait environ sept policiers à chaque relais. Lorsque j’ai demandé des nouvelles de mon mari, où il était et s’il allait bien, les policiers ont refusé de me répondre. Aussi j’ai fait une grève de la faim pendant près de quatre jours. »
Elle poursuit : « Ils m’ont gavée de force avec de l’eau. Le quatrième jour quand j’ai accepté de prendre deux petites gorgées d’eau, ils m’ont finalement dit que mon mari était dans le Shandong et était actuellement transféré à Pékin. Durant cette période, Gege a également fait plusieurs grèves de la faim. »
À la mi-novembre 2006, Geng He est allée au marché faire des courses. Les policiers qui la suivaient marchaient tout près d’elle. Geng He leur a demandé de garder leur distance, mais ils ont nié le fait qu’ils la suivaient. Quand Geng He a tenté de les raisonner, ils l’ont insultée et l’un d’entre eux l’a giflée.
Deux des policiers l’ont suivie dans le bus. Quand Geng He est descendue, elle a vu une voiture de police s’arrêter derrière le bus. Les policiers sont sortis de la voiture et ont commencé à la frapper. Ils lui ont cassé une dent. Elle avait du sang sur le visage, sa queue de cheval était défaite et ses vêtements s’étaient déchirés durant l’attaque.
Quand Gege a vu l’état dans lequel était sa mère, elle a saisi son lutrin pour sortir se battre avec la police.
Geng He se souvient : « J’ai attrapé Gege. À ce moment-là, il n’y avait personne d’autre que nous, femmes et enfants. Tianyu n’avait que trois ans. Ma mère, qui a plus de 70 ans, était chez nous. Nous avions terriblement peur parce que nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite. »
En voulant saisir le lutrin de Gege, Geng He l’a accidentellement cassé en deux. Elle a dit ne pas savoir où elle avait puisé cette force.
Geng He raconte : « En me battant pour reprendre ce lutrin, je me suis coupée accidentellement. Je ne savais plus quoi faire. Je ne devais pas laisser Gege sortir et se battre avec la police. Nous ne pouvions rien dire. Nous ne pouvions rien faire. Nous étions très perturbés. Complètement désespérés. »
C’est alors que Geng He a pensé mettre fin à ses jours.
« Un jour, j’ai dit à Gege “ Prends soin de Tianyu. ” Je voulais déclencher une fuite de gaz et faire sauter l’appartement. Je ne voulais plus vivre. Gege m’a dit : “ Maman, ne meurs pas. Que ferais-je sans toi ? ” »
« Je voulais vraiment faire sauter la maison parce que nous n’avions plus de bols, ni de ciseaux ni de couteaux de cuisine. Nous n’avions plus rien. Même les aiguilles à tricoter avaient été confisquées. »
Besoin d’amis et de compagnie
Geng He ajoute : « Il y avait un groupe de policiers postés chez nous et devant chez nous. Nous étions au deuxième étage. Entre le deuxième et le troisième étage, il y avait un autre groupe de policiers. Il y en avait un également entre le premier et le deuxième étage. La nuit, nous pouvions entendre les policiers parler de l’autre côté de la porte au troisième étage ou au rez-de-chaussée. Nous entendions tout. »
Plusieurs fois, Geng He a été terrifiée. La police a coupé le câble et l’électricité et a proféré des menaces. Geng He affirme : « J’étais effrayée à la maison. Quand j’entendais quelqu’un frapper à la porte, je tremblais de peur. »
Quand Geng He allait faire ses courses, elle faisait souvent un tour par le marché, dans l’espoir de rencontrer des amis ou des visages familiers, espérant trouver un téléphone portable abandonné ou qu’une note lui soit remise.
Geng He poursuit : « J’étais à l’affût de telles opportunités et donc je passais beaucoup de temps au marché. »
Un jour, Geng He a commandé un téléphone portable et dit au propriétaire du magasin qu’elle viendrait le chercher dans dix minutes. Quand elle est revenue au magasin après avoir fini ses courses, le propriétaire lui a dit qu’un policier était venu aussitôt après son départ de la boutique, en montrant sa plaque de police et il a pris le téléphone.
Geng He ajoute : « Il n’y a plus aucune vie privée. Ils restent très, très près de vous. J’avais l’impression qu’ils pouvaient compter combien j’avais d’argent sur moi quand je payais mes achats. »
L’histoire de Gao Zhisheng
Pendant longtemps, Gao Zhisheng a représenté des groupes victimes d’injustices et des gens très pauvres. Gao a écrit trois lettres ouvertes aux trois dirigeants chinois pour plaider la cause des pratiquants du Falun Gong persécutés par le gouvernement. Suite à cela, le régime communiste l’a fait espionner en permanence. En décembre 2006, les autorités chinoises l’ont accusé de subversion et condamné à trois ans de prison avec sursis et cinq ans de garde à vue. Depuis lors, Gao Zhisheng et sa famille ont été espionnés, harcelés et même kidnappés à plusieurs reprises.
En février 2009, Gao Zhisheng a publié un article sur Internet intitulé Nuit noire, cagoule noire et enlèvement par la mafia noire — mon récit de plus de 50 jours de torture en 2007 dans lequel il raconte les tortures qu’il a dû endurer après son enlèvement et son incarcération.
L’article décrit ces tortures qui ont duré plus de 50 jours durant sa détention après qu’il a été enlevé par la police en septembre 2007. Il a notamment été électrocuté sur les parties génitales avec des matraques électriques. Le régime a torturé Gao Zhisheng pour se venger des lettres ouvertes au Congrès américain sur les violations des droits de l’homme en Chine. Le 4 février 2009, Gao a une fois de plus été enlevé de chez lui par la police. On n’a plus de nouvelles depuis.
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