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Les agriculteurs maintiennent la pression sur l’exécutif à l’approche du Salon de l’agriculture

février 13, 2024 16:00, Last Updated: février 13, 2024 16:11
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Dix jours après la levée des blocages, Gabriel Attal et Emmanuel Macron recevront chacun de leur côté les syndicats agricoles, qui maintiennent la pression sur l’exécutif à moins de deux semaines du Salon de l’agriculture.

Le Premier ministre recevra les dirigeants syndicaux mardi à 16h30, selon Matignon, en compagnie du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher. Dans la foulée, les présidents de la FNSEA et des JA, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, tiendront une conférence de presse à 20h00.

De son côté, Emmanuel Macron recevra la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les Jeunes agriculteurs « la semaines prochaine ». Comme avant chaque Salon de l’agriculture, a précisé l’Élysée.

Mais le contexte est bien particulier cette année. « On comprend que tout ne va pas se faire en trois jours. Mais le président de la République, il ne va pas falloir qu’il arrive seulement avec de beaux discours au Salon de l’agriculture », a prévenu Arnaud Rousseau. Il a dit à l’AFP attendre de Gabriel Attal « un rendez-vous tous les mois » pour « avancer » sur « des cas concrets », estimant que « le rythme » actuel des réponses gouvernementales « n’est pas le bon ».

Après deux semaines de blocages et d’actions parfois tumultueuses, les manifestants ont certes levé le camp début février après trois salves d’annonces du gouvernement. Mais les syndicats n’entendent pas baisser la pression sur des sujets aussi sensibles que les jachères, la simplification administrative, l’utilisation des pesticides ou encore l’élevage.

« D’autres moments forts de mobilisation »

La base reste éruptive, à l’image du coup d’éclat des producteurs de lait indépendants mardi matin sur l’esplanade des Invalides avec une poignée de tracteurs, leur chef de file Adrien Lefèvre promettant « d’autres moments forts de mobilisation ». Dans le même temps, une cinquantaine d’éleveurs se sont rassemblés devant Bercy, avec un mouton et deux brebis, pour se plaindre d’être « les grands oubliés de l’exception agricole ».

Un drapeau national et des images de vaches sont visibles sur un tracteur alors que des producteurs laitiers bloquent l’accès à l’esplanade des Invalides, le 13 février 2024. (Photo EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images)

Preuves s’il en fallait que les agriculteurs sont « prêts à repartir à l’action », comme l’a souligné Arnaud Rousseau sur TF1. Le patron de la puissante FNSEA a mis en garde le gouvernement contre des réponses qui ne seraient « pas au niveau des attentes, qui sont très fortes ». À dix jours du Salon, qui s’ouvrira le 24 février porte de Versailles, il a prévenu que la qualité de l’accueil du président de la République en dépendrait.

Menace qui n’a pas échappé à l’opposition : Emmanuel Macron « a peur de faire un mauvais salon, il reçoit (les agriculteurs, ndlr) à toute vitesse », a dénoncé le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, sur BFMTV et RMC, accusant l’exécutif d’avoir « menti » pour calmer la colère.

Gabriel Attal a assuré dimanche que le dossier agricole figure parmi les « urgences » qu’il entend régler au printemps, avant « un été de progrès sociaux » et « un automne de travail ». « Tous les ministères sont au travail », a affirmé mardi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur franceinfo. « Certains sujets remontent à 10, 20 ou 30 ans. Je comprends une impatience qui exprime la souffrance des agriculteurs. Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. »

Des rendez-vous de Matignon aux réunions départementales

Outre les rendez-vous de Matignon, les deux ministres chargés de l’Agriculture « verront dans la semaine chacune des organisations syndicales », notamment pour évoquer un projet de loi visant à favoriser la transmission d’exploitations et l’installation de nouveaux agriculteurs, a-t-on précisé lundi au cabinet de Marc Fesneau. Ce texte, reporté pour être enrichi selon le gouvernement, devrait être présenté en Conseil des ministres « à la fin du mois de février » pour un vote « d’ici » juin, a-t-on ajouté.

Au ministère de l’Agriculture, on assure que les annonces de Gabriel Attal – avec des mesures d’urgence chiffrées à 400 millions d’euros – ont commencé à être déclinées concrètement, évoquant par exemple l’ouverture depuis le 5 février des dispositifs d’indemnisation pour les éleveurs.

Sur le plan local, des réunions « ont eu lieu dans toutes les préfectures de département » pour « regarder les arrêtés locaux » et « faire remonter les propositions de simplification » administrative. Parmi les sujets sensibles, tant pour les agriculteurs que les défenseurs de l’environnement, figure aussi le suivi des usages de pesticides, remis sur la table lundi.

« Nouvel indicateur »

Huit ONG environnementales ont annoncé avoir quitté une réunion du Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Écophyto, qui s’est tenue au ministère de l’Agriculture, avec le gouvernement, des élus et des représentants des agriculteurs et de l’industrie.

Ce plan, qui vise une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal « le temps de mettre en place un nouvel indicateur ». Une décision qui a satisfait les syndicats agricoles majoritaires et consterné les associations environnementales.

Autre question délicate, les jachères. La Commission européenne a adopté mardi pour 2024 une exemption partielle aux obligations de jachères prévues par la Politique agricole commune (PAC), une revendication-clé des récentes manifestations agricoles en Europe. M. Fesneau s’est aussitôt « réjoui » de cette décision, que Paris « mettra en œuvre », démontrant ainsi que « les engagements pris envers les agriculteurs français ont été tenus ».

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