Les analgésiques courants sont associés à une diminution du risque de démence

Les analgésiques anti-inflammatoires peuvent contribuer à réduire le risque de démence, mais les experts soulignent que d'autres stratégies préventives doivent également être envisagées

Par George Citroner
9 avril 2025 19:33 Mis à jour: 10 avril 2025 01:10

L’utilisation à long terme d’analgésiques courants connus sous le nom d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’ibuprofène et le naproxène, pourrait réduire le risque de démence de 12 %, selon une nouvelle étude.

L’étude, qui a suivi plus de 11.700 personnes pendant près de 15 ans, suggère que les anti-inflammatoires pourraient jouer un rôle dans la prévention de la démence, même si les experts soulignent que l’utilisation prolongée d’AINS comporte des risques importants pour la santé.

Actuellement, aux États-Unis, environ une personne sur neuf âgée de 65 ans et plus est atteinte de la maladie d’Alzheimer, une forme incurable de démence.

En France, environ 1 million de personnes en sont atteintes, dont 2 fois plus de femmes que d’hommes. Il s’agit donc de 8 % des français de plus de 65 ans qui seraient atteints en 2020. Par ailleurs, on estime que 225.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France.

« Notre étude fournit des preuves des effets préventifs possibles des médicaments anti-inflammatoires sur le processus de démence », a déclaré dans un communiqué de presse l’auteur correspondant, le Dr M. Arfan Ikram, du centre médical de l’université Erasmus à Rotterdam (Pays-Bas).

Résultats de l’étude

L’étude, récemment publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, a révélé que 81 % des participants avaient utilisé des AINS à un moment ou à un autre, et que les utilisateurs à long terme présentaient un risque de démence inférieur de 12 % à celui des non-utilisateurs.

« L’utilisation d’AINS a été associée à un risque de démence plus faible chez les utilisateurs à long terme », écrivent les auteurs.

À l’inverse, les personnes ayant pris des AINS à court ou moyen terme ont vu leur risque de démence légèrement augmenter.

Certains AINS, comme l’ibuprofène, l’indométhacine et le sulindac, se sont déjà révélés capables de réduire sélectivement la production de bêta-amyloïde 42, une forme spécifique de la protéine bêta-amyloïde qui joue un rôle important dans le développement de la maladie d’Alzheimer.

Il n’a pas été démontré que d’autres AINS réduisent la production de bêta-amyloïde 42. Ces AINS comprennent le naproxène, le rofécoxib, la nabumétone, le kétoprofène, le méloxicam, le célécoxib, la phénylbutazone, l’étoricoxib et le valdécoxib.

Cependant, les résultats ont montré une réduction du risque avec l’utilisation d’AINS avec ou sans réduction de l’amyloïde, ce qui suggère que les effets bénéfiques potentiels des AINS vont au-delà de la réduction des dépôts amyloïdes.

Les chercheurs ont insisté sur le fait qu’il n’est pas forcément préférable d’en prendre plus.

« La dose cumulative d’AINS n’a pas été associée à une diminution du risque de démence », écrivent-ils, ce qui indique que des quantités plus importantes d’AINS ne confèrent pas nécessairement des avantages protecteurs supplémentaires contre la démence.

Les chercheurs ont utilisé un modèle de cohorte prospective basé sur l’étude de Rotterdam, qui suit la santé des résidents de la région de Rotterdam depuis 1990. La cohorte comprenait 11.745 personnes exemptes de démence, âgées de 45 ans et plus au moment de l’enquête.

Les chercheurs ont examiné les dossiers des pharmacies concernant l’utilisation des AINS à partir de 1991 et ont classé les participants en quatre catégories : non-utilisation, utilisation à court terme de moins d’un mois, utilisation à moyen terme d’un mois à 24 mois et utilisation à long terme de plus de 24 mois.

Les chercheurs ont ensuite suivi les dossiers médicaux des participants pour détecter les cas de démence jusqu’au 1er janvier 2020. Au cours de cette période, 2091 personnes ont été diagnostiquées avec cette maladie neurodégénérative.

Une utilisation prolongée comporte des risques pour la santé

Bien que l’étude offre des perspectives importantes sur la relation entre l’inflammation et la démence, les auteurs ont souligné les effets secondaires et les risques potentiels associés à la prise prolongée d’AINS, en particulier chez les personnes âgées.

Ces effets comprennent les saignements gastro-intestinaux, les ulcères d’estomac, les accidents cardiovasculaires comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, les lésions rénales et l’augmentation de la pression artérielle. En effet, les AINS affectent les mécanismes naturels de protection de l’organisme, qui sont souvent déjà compromis avec l’âge.

« D’autres études sont nécessaires pour consolider ces preuves et éventuellement développer des stratégies préventives », a déclaré le Dr Ikram.

La relation entre l’utilisation des AINS et la diminution du risque de démence est encore incertaine, des recherches antérieures suggérant que les AINS pourraient avoir l’effet inverse. Certaines études montrent une augmentation du risque de démence, tandis que d’autres n’indiquent aucun effet. Les experts suggèrent que si les AINS réduisent l’inflammation, qui est liée à la démence, d’autres méthodes comme les suppléments, le régime alimentaire et les habitudes saines pourraient offrir des avantages similaires avec moins d’effets secondaires.

Approches alternatives

Lorsqu’il s’agit de peser le pour et le contre de l’utilisation des AINS pour réduire le risque de démence, plusieurs éléments doivent être pris en compte, a déclaré à Epoch Times Erika Gray, pharmacienne et directrice médicale de ToolBox Genomics. Il s’agit notamment des « antécédents familiaux de démence, des antécédents personnels de saignements gastro-intestinaux et de tous les saignements majeurs, de la fonction rénale, des autres affections dont souffre le patient et des résultats des analyses de laboratoire », a-t-elle précisé.

Selon Erika Gray, le principal enseignement de cette étude est que l’inflammation chronique semble être associée au développement de la démence. Elle note que si les AINS diminuent l’inflammation, il existe d’autres moyens de réduire l’inflammation systémique.

Erika Gray recommande la prise de suppléments réduisant l’inflammation, notamment la curcumine et les enzymes systémiques.

« La nattokinase, la serrapeptase et la protéase (ou peptidase) sont les trois plus importantes », a-t-elle déclaré. Elle recommande également de consommer des aliments anti-inflammatoires comme l’ail et le gingembre.

Le maintien de niveaux adéquats de vitamine D et la réduction de la glycémie moyenne chez les personnes atteintes de diabète et de prédiabète sont également utiles, a-t-elle fait remarquer.

« Il s’agit de stratégies qui pourraient être utilisées pour réduire l’inflammation globale, ce qui pourrait diminuer le risque de démence sans les effets secondaires possibles des AINS », a déclaré Erika Gray.

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