Les assassins de l’ancienne Chine (1re partie)

11 octobre 2016 10:29 Mis à jour: 30 octobre 2016 13:53

Les légendes d’assassins chinois sont des hommes dont l’extrême résolution et la loyauté leur ont valu une place unique et influente dans l’histoire chinoise. En menant leurs missions fatidiques comme une armée à eux seuls, ces combattants aguerris de l’Empire du Milieu ont servi différents maîtres avec des motifs variés.

Dans sa compilation de plus de 2 000 années d’histoire chinoise, le lettré de la dynastie Han Sima Qian, aussi connu comme « le Grand Historien », a inclus une section intitulée « Les Chroniques d’Assassins » dans son œuvre monumentale.

Ci-dessous sont présentées les histoires de trois de ces individus – un fils à maman, un traître nain, et un assassin si doué qu’il pouvait faire mourir les gens sans tuer.

Lorsque rien n’y fit pour que l’usurpateur se rende de lui-même, des moyens plus drastiques devaient être mis en œuvre.

Zhuan Zhu élimine un usurpateur

Au sixième siècle avant J.C. , la Chine était constituée de sept royaumes qui combattaient pour la domination. Il vivait dans le royaume de Wu un homme appelé Zhuan Zhu. Il était fort comme un bœuf et avait un sens aigu de la justice. Mais bien qu’il se trouvait souvent impliqué dans des combats de rue et d’autres méfaits, Zhuan Zhu avait un tel respect pour sa mère qu’un seul de ses mots pouvait l’arrêter au milieu de l’action.

À cette époque, le royaume de Wu traversait une crise de succession. Le prince Guang avait été démis de son trône légitime par le roi prétendant Liao, et il souhaitait le récupérer. Lorsque rien n’y fit pour que l’usurpateur se rende de lui-même, des moyens plus drastiques devaient être mis en œuvre.

Le premier ministre du prince Guang et général Wu Zixu connaissait l’homme tout désigné pour ce travail. Il s’agissait de Zhuan Zhu, dont l’histoire est détaillée dans le roman datant de la dynastie Ming « Chroniques des États sous la dynastie des Zhou orientaux ».

Zhuan était d’abord sceptique, mais il comprit bientôt que le roi Liao était un homme qui n’écouterait que la force. De plus, le prince Guang avait donné sa parale que si Zhuan réussissait à tuer le roi, sa mère pourrait vivre comme une reine pour le reste de ses jours. Ainsi Zhuan accepta joyeusement la requête de Wu.

Alors que Zhuan se préparait pour sa mission, sa mère lui fit ses adieux et, alors qu’il était distrait, se pendit. Elle croyait que pour que la mission de son fils réussisse, il devrait pouvoir se concentrer pleinement dessus. S’il pensait toujours à elle, cela n’aurait-il pas diminué ses chances ? Zhuan, en voyant la dévotion que sa mère avait pour lui, sut alors qu’il ne pouvait pas échouer.

Le roi Liao faisait cependant preuve de prudence. Il emmenait son armée partout avec lui et était toujours sous la protection de cent gardes du corps entraînés. Il portait en permanence une armure à trois couches. Même un colosse comme Zhuan Zhu ne pouvait espérer pouvoir lui porter un coup.

Zhuan savait qu’il devait faire l’inattendu. Il se déguisa en chef cuisinier et maîtrisa une recette de poisson si délicieuse, que le roi Liao lui-même ne pourrait y résister.

L’usurpateur tenu en effet bientôt un grand banquet. En présence des gardes, Zhuan dût se changer entièrement et fut minutieusement fouillé. Tout était en place. Lorsque qu’il s’agenouilla devant le roi pour lui présenter le plat savoureux, deux soldats armés se tenaient juste derrière lui.

Quand le roi se pencha pour profiter de cet appétissant arôme, Zhuan se leva, mit une main dans le poisson et retira de ses entrailles une dague étincelante. En un clin d’œil et avec toute la force de sa volonté, il plongea la lame droit dans cœur du roi, à travers les trois couches de l’armure. Toute cette protection n’avait finalement servit à rien.

Des dizaines de gardes se sont immédiatement jetés sur Zhuan, le réduisant en viande hachée. Mais il était trop tard. Le roi Liao était mort et bientôt, les troupes royales du prince légitime Guang prirent contrôle de la cour royale.

Le sacrifice de Yao Li

L’histoire de Yao Li, un autre assassin du royaume de Wu, n’est pas incluse dans les chroniques de Sima Qian, mais apparaît dans un texte du troisième siècle intitulé « Stratagèmes des Royaumes Combattants ».

Peu après la mort du roi Liao, le prince Guang, maintenant couronné comme le roi Helu de Wu, était inquiet que le fils de Liao, Qing Ji, puisse vouloir prendre sa vengeance. Il se tourna une nouvelle fois vers Wu pour trouver de l’aide.

Néanmoins, Helu fut consterné en voyant la personne recommandée par Wu. Devant lui se tenait, du haut de ses 1,20 m, le faible et laid Yao Li.

Wu assura pourtant le roi que malgré son physique, Yao était parfait pour cette tâche et possédait un caractère absolument stoïque devant le danger extrême et la difficulté.

A ce moment là, Qing Ji assemblait ses forces en une armée pour faire tomber le roi Helu. En voyant cela, Yao eut un plan.

Yao Li demanda à Wu Zixu de lui couper la main et de tuer sa famille toute entière. Après que ces actes drastiques aient été commis, Yao quitta Wu pour rejoindre le camp de Qing, feignant de vouloir le servir contre le roi Helu et Wu.

Qing n’était d’abord pas convaincu, mais ses informateurs revinrent de Wu et confirmèrent l’histoire de Yao. Qing était convaincu que Yao ne pouvait plus être loyal à Wu après de telles atrocités et Yao fut engagé.

Quelques temps plus tard, Qing Ji s’étant allié avec l’État de Wei était près à reprendre le royaume de Wu. Alors que lui et sa flotte remontaient le fleuve Yangtsé, Yao Li se tenait à ses côtés sur son navire amiral, une lance dans sa main restante.

C’était un jour venteux, et alors que Qing fermait ses yeux devant une rafale, Yao ne perdit pas son temps. D’un mouvement vif, il planta sa lance dans le dos de Qing.

Lorsque le général ouvrit de nouveau ses yeux, il savait que c’était la fin. Il félicita calmement Yao pour son audace, et ordonna à ses troupes de ne pas le punir. Il retira ensuite la lance de sa chair et mourut.

Yao Li connaissait quant à lui le poids de ce qu’il avait accompli afin d’exécuter sa mission. Il lista trois transgressions mortelles : il avait violé le principe de loyauté en déclarant allégance à Qing Ji pour le trahir par la suite ; il avait fait tué toute sa famille, ce qui allait à l’encontre de la piété filiale ; et s’était laissé faire mutiler, ce qui dans l’ancienne culture chinoise était vu comme une grave insulte envers ses ancêtres.

Avec tout cela, et sa mission accomplie, Yao se jeta par-dessus bord et sombra dans les profondeurs du Yangtsé.

Cao Mo « persuade » le duc Huan

Près de 200 ans avant l’époque de Zhuan Zhu et Yao Li, au commencement du VIe siècle av. J.C. , le duc Huan, souverain de l’État de Qi et premier des « Cinq Hégémons », faisait se soumettre à son ambition de nombreux territoires. Avec son talentueux ministre Guan Zhong, Huan tissa un réseau d’alliances au milieu duquel l’État de Qi était le dirigeant incontestable.

L’État de Lu, qui vit naître Confucius, était situé juste à côté de Qi. Une série de conflits avec Qi avaient mené Lu à perdre plusieurs cités et une large portion de son territoire, ce qui déplaisait fortement à son souverain, le duc Zhuang. Pour ajouter à l’offense, Huan de Qi voulait maintenant que Lu entre dans son alliance et soit ainsi soumis à ses ordres.

Zhuang avait à son service un général appelé Cao Mo. Ce soldat avait perdu trois guerres contre Qi, mais était d’une loyauté inébranlable envers l’État de Lu.

Les deux ducs se rencontrèrent dans une ville appelée Ke To pour assister à une « convention d’alliance », connue en chinois comme « huimeng », où des négociations entre les seigneurs féodaux étaient tenues. Zhuang emmena Cao avec lui.

Tout en buvant et en mangeant, les souverains de Qi et de Lu discutèrent d’un accord, qui était bien sûr biaisé en faveur de Huan.

Mais alors que les dirigeants se préparaient à prêter le serment d’alliance, Cao accourut, attrapa Huan et lui mit une épée sous la gorge. En tenant son précieux otage, le général expliqua à tous ceux présents que Lu avait été amené à se soumettre et que les termes de l’alliance étaient injustes.

Cao exigea que l’État de Lu retrouve ses territoires ancestraux avant qu’un quelconque accord soit conclu. Huan n’avait pas d’autre choix et dut accepter. Étonnamment, après que Cao ait jeté son épée, Zhuang prêta le serment et les festivités continuèrent comme si rien ne s’était passé.

Huan était après coup enragé, de manière compréhensible, par son humiliation. Il prévoyait de revenir sur sa promesse et de punir Lu pour son insolence, mais son ministre Guan l’arrêta. Bien que l’État de Qi ait en effet par le passé été un envahisseur violent, la base de son pouvoir reposait sur son intégrité et les valeurs sociales qu’il avait soigneusement cultivé.

Huan écouta Guan et éteignit sa colère. Il rendit effectivement le territoire conquis à Zhuang de Lu.

Sun Tzu, l’auteur du fameux « Art de la guerre », considérait la victoire sans combattre comme la plus haute forme de guerre. Par ce principe, bien que Cao n’ait pas effectivement assassiné le duc de Qi, il est approprié que son histoire se place en premier dans les chroniques des grands assassins de Sima Qian.

Version anglaise : Desperate Measures in Ancient China: Assassins of the Eastern Zhou Dynasty (Part 1)

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