Les bars de Kinshasa au cœur d’une campagne d’assainissement des mœurs

Par afp
7 juillet 2019 14:37 Mis à jour: 12 juillet 2019 08:39

Les nuits bruyantes et festives de Kinshasa sont en sursis. Les bars ne pourront plus ouvrir que de 18h00 à 23h00. C’est en tous cas la volonté des autorités de la capitale congolaise parties en croisade contre « l’insalubrité » sous toutes ses formes.

Tout juste les bars auront-ils la permission de minuit les samedi, dimanche et jours fériés. Ils pourront ouvrir dès 11h00 les dimanches et jours fériés, selon l’opération « Kin bopeto » (Kin propre) annoncée jeudi par le nouveau gouverneur Gentiny Ngobila. La vente de boissons doit prendre fin une heure avant la fermeture, insiste l’autorité locale qui dénonce les partisans du laissez-faire actuel dans la troisième plus grande ville d’Afrique.

Dans ses quartiers chauds (Huilerie, Matonge, Bandal), bien des terrasses servent des bières et des brochettes tant qu’il y a du monde sur fond de sono saturée qui crache de la rumba. « Parfois vous trouvez une personne à dix heures du matin qui prend de la bière. A midi elle sera dans quel état ? », s’est indigné le ministre provincial de l’Environnement Didier Tenge Litho.

Il a exhumé l’« ordonnance-loi du 31 mai 1975 qui réglemente les heures d’ouverture et des fermetures des débits de boissons ». De manière plus large, l’opération « Kin bopeto » vise un « changement de mentalité et de comportements » pour « refuser l’insalubrité », a-t-il expliqué sur plusieurs radios après l’annonce de la campagne qui doit commencer en août.

C’est un autre refrain bien connu: autrefois appelée « Kin-la-belle », la capitale est devenue « Kin-la-poubelle » en raison des sacs plastiques qui jonchent ses « avenues » en terre battue et étouffent ses cours d’eau. Le nouveau gouverneur annonce des moyens pour des résultats dans six mois: de l’argent pour chacune des 24 communes, et dans chaque commune des « brigades d’assainissement » d’au moins 40 agents…

Il s’agit aussi d’assainir les mœurs. Les autorités veulent lutter contre les habituels boucs émissaires de l’insécurité présumée dans la capitale: les « shégué » et les « kuluna » (enfants des rues et petits délinquants) et les « ujana » (des gamines soupçonnées, parfois voire souvent à tort  de se prostituer parce qu’elles ne portent pas de soutien-gorge).

Les autorités veulent aussi combattre le commerce informel « le long de grandes artères à moins d’un mètre de la route », pour que personne ne tombe malade « dans les endroits insalubres ».

Personne ne sait au juste combien de millions d’habitants vivent dans la capitale de la République démocratique du Congo, faute de recensement depuis 1984. L’estimation de dix millions revient fréquemment. Une chose est sûre: l’immense majorité survit dans le secteur informel, dont les petits commerces de rue. Et les débits de boissons.

E.T avec AFP

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