Les chemins de fer ukrainiens n’ont « jamais cessé de fonctionner plus de deux heures » en dépit de la guerre qui ravage le pays : c’est l’une des fiertés confiées par le directeur général de la compagnie publique Ukrzaliznytsia (UZ), Oleksandre Kamychine, en déplacement exceptionnel à Berlin.
« Cela fait 210 jours que nous sommes en guerre. Et peu importe les bombardements russes, nous continuons à travailler », assure dans un entretien à l’AFP M. Kamychine, venu représenter son entreprise –et son pays– au salon international du ferroviaire, InnoTrans, qui se tient cette semaine.
Depuis l’invasion russe, Ukrzaliznytsia, la plus grande entreprise publique du pays avec 231.000 personnes, a « perdu 244 cheminots et 425 ont été blessés ».
« C’est ce bilan qui est dur à payer », assène M. Kamychine, accueilli à InnoTrans sur le stand des chemins de fer polonais PKP.
8.000 cheminots combattent
« Les infrastructures endommagées, vous pouvez toujours les reconstruire. Mais les gens? Les vies et les compétences des gens, c’est quelque chose que vous ne pouvez pas reconstruire », a-t-il relevé.
Quelque 8.000 cheminots combattent dans l’armée ukrainienne.
Les autres travaillent sous les bombes et reconstruisent inlassablement ce qui a été détruit, précise cet imposant trentenaire dont l’allure – cheveux rasés sur les côtés et queue de cheval- détonne parmi les visiteurs en costume sombre du salon.
« Nous n’avons jamais cessé de travailler. Jamais. Pas un seul jour », affirme celui qui porte un polo à l’emblème de sa compagnie.
« Nous trouvons toujours un moyen de faire marcher les choses et nous n’avons jamais cessé de fonctionner plus de deux heures. Le plus grand retard qu’a eu un train, c’était seize heures ».
Selon M. Kamychine, le chemin de fer était parfois le seul moyen de traverser l’Ukraine et c’est aussi « le plus facile ».
Le dirigeant a rappelé le voyage effectué par les dirigeants français, allemand et italien, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi à la mi-juin: ils avaient rallié Kiev en partant de Pologne à bord d’un train spécial.
Faire tout pour le reconnecter à son réseau
Dès qu’un bout de territoire est reconquis sur les Russes par l’armée ukrainienne, Ukrzaliznytsia fait tout pour le reconnecter à son réseau. Un train est ainsi parti de Kharkiv pour rejoindre Balaklia une semaine après la reprise de cette ville de l’est du pays par les Ukrainiens.
Le gouvernement ukrainien soutient financièrement les chemins de fers, a précisé M. Kamychine. Une aide d’autant plus nécessaire que Ukrzaliznytsia tirait la majeure partie de ces revenus du fret avant la guerre.
Or, « le transport de fret a chuté » après l’invasion russe. « Mais, finalement, nous avons réussi à nous maintenir », a-t-il dit.
L’Ukraine souhaite adhérer à l’Union européenne. Et logiquement, son réseau ferroviaire devrait être intégré au réseau européen.
M. Kamychine est très favorable à la proposition de la Commission européenne d’unifier le réseau ferré du continent, ce qui permettrait de fluidifier les échanges et d’éviter de fastidieux transbordements.
23.000 km de voies, derrière l’Allemagne et la France
Cela doit passer par un changement de l’écartement des voies là où il est plus large, comme en Ukraine, en Moldavie, dans les Pays baltes et en Finlande.
« On a déjà commencé à le faire. Il n’y a pas d’autre issue pour nous que de nous adapter à l’écartement européen standard », a-t-il affirmé. « Nous avons déjà commencé sur de petites distances près des frontières » entre l’Ukraine et l’Europe de l’Ouest, « et nous allons continuer », a-t-il ajouté.
Un travail qui s’annonce de longue haleine: le réseau ferroviaire ukrainien, constamment pilonné par l’armée russe, est le troisième d’Europe (23.000 km de voies), derrière l’Allemagne et la France.
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