« Les Chinois nous observent », avertit le commissaire européen à la Défense

La Chine surveille les faiblesses de l'Occident

Par Anders Corr
4 octobre 2024 16:33 Mis à jour: 4 octobre 2024 16:33

Le nouveau commissaire à la Défense et à l’Espace de l’Union européenne (UE) souligne que la Chine considère que les réponses de l’Amérique et de l’Europe à l’agression russe en Ukraine sont faibles. Il a bien raison. Notre faiblesse ne fait qu’inciter les autres États voyous de l’« axe du mal », notamment la Chine, l’Iran et la Corée du Nord, à poursuivre leur politique d’agression.

Alors que le monde s’enfonce dans les guerres qui grèvent les budgets de défense des pays démocratiques et augmentent la tension entre eux et les États autoritaires comme la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, « les Chinois nous observent », met en garde Andrius Kubilius, le premier commissaire européen à la Défense et à l’Espace.

Selon un rapport du 22 septembre, M. Kubilius a déclaré au sujet de la réponse de l’Europe à la Russie : « Les Chinois tireront une conclusion simple : l’Occident est bien faible. »

Il a ajouté que malgré le fait d’avoir une économie 25 fois plus importante que celle de la Russie, nous ne gagnons pas.

« Quelle en est la raison ? » a-t-il demandé. « C’est une question de volonté politique. »

Bien sûr, c’est aussi la question d’évitement du risque. Les démocraties sont plus réticentes à prendre des risques que les autocraties lorsqu’il s’agit de faire la guerre. D’un point de vue, c’est logique, car les démocraties se soucient davantage des gens – à la fois dans leurs propres sociétés et dans celles d’autres États – que le font les dictateurs et les terroristes. Cela pourrait également être logique d’un point de vue stratégique en tenant compte du fait qu’une guerre moderne est une sorte de « broyeur » des forces armées, en particulier pour l’armée russe dans le contexte de la guerre qu’elle mène en Ukraine, comme l’a fait remarquer le secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin.

Les dictateurs de l’axe sont assoiffés de pouvoir au point d’être prêts à tuer des dizaines de millions de gens dans la poursuite de leurs ambitions territoriales et idéologiques. Le nombre de morts russes et ukrainiens de la guerre actuelle a déjà atteint environ un million, selon un rapport du 17 septembre. Le nombre de blessés est encore plus élevé. Vladimir Poutine fait monter les enchères en menaçant fréquemment de frappes nucléaires qui pourraient déboucher sur une guerre directe avec les États-Unis et l’Europe.

L’Iran suit la même stratégie, en cherchant à se doter d’armes nucléaires et faisant passer dans le broyeur ses acolytes terroristes, comme le Hamas, les houthis et le Hezbollah, ce que justifie une défense musclée d’Israël. Ce dernier a lancé des opérations terrestres « limitées » dans le sud du Liban après que le Hezbollah a refusé de mettre fin à ses tirs de roquettes transfrontaliers et de laisser des dizaines de milliers de réfugiés israéliens rentrer chez eux dans le nord d’Israël.

Les réserves de munitions des pays occidentaux s’épuisent – surtout celles des États-Unis qui servaient d’« arsenal de la démocratie » depuis la Première Guerre mondiale –, et ce, au point que Taïwan cherche maintenant de nouvelles sources de munitions nécessaires pour se défendre dans l’éventuelle attaque de l’Armée populaire de libération chinoise.

C’est peut-être pour cette raison que la Chine a tacitement approuvé l’invasion de l’Ukraine par la Russie et qu’elle s’est alliée à l’Iran, encourageant ainsi ses actes d’agression contre Israël et l’Arabie saoudite, qu’ils soient directs ou effectués par ses acolytes. L’État-parti chinois finance les entreprises de « l’axe du mal » en achetant de l’énergie à la Russie et à l’Iran et en étant le principal partenaire commercial de la Corée du Nord. Le Parti communiste chinois (PCC) a un motif pour encourager ces guerres lointaines et les menaces nucléaires de la Corée du Nord. Cela distrait les démocraties, épuise nos arsenaux et rendra ainsi plus difficile la défense de Taïwan le jour venu.

Le dirigeant chinois Xi Jinping a demandé à son Armée populaire de libération d’être prête pour une guerre contre Taïwan en 2027. Entre-temps, le FBI américain continue de découvrir que Pékin prépare des cyberattaques massives contre les infrastructures américaines qui pourraient bloquer les États-Unis en cas d’une invasion de Taïwan par le régime de Pékin. Ces préparatifs sont bien déstabilisants, car le premier qui frappe le réseau électrique et les satellites de l’autre, aura un avantage majeur sur le champ de bataille.

La question de la faiblesse des États-Unis et de l’Europe vue à la fois par M. Kubilius et Pékin est donc importante. Ce que nous faisons pour défendre l’Ukraine a une incidence sur la décision du PCC de lancer une invasion de Taïwan en 2027. Mettre fin à l’agression de la Russie en Ukraine avant 2027 pourrait permettre d’éviter une guerre avec la Chine cette année-là – la guerre qui pourrait énormément affaiblir l’Amérique, même si elle la gagne. Dans ce cas, l’Amérique ne sera pas très utile pour défendre l’Europe.

Andrius Kubilius n’est pas l’ancien président américain Ronald Reagan qui a mis fin à l’empire soviétique et à la guerre froide grâce à sa doctrine de « la paix par la force ». Cependant, c’est aussi l’approche que M. Kubilius préconise. Il veut que l’UE emprunte de l’argent pour augmenter massivement ses dépenses de défense. Il veut que chaque pays de l’UE stocke suffisamment de munitions pour pouvoir se défendre au cas de guerre avec la Russie qui pourrait survenir d’ici quelques années, comme il l’estime. Selon un rapport datant de 2022, l’Allemagne ne disposait de munitions que pour deux jours de guerre. Cela pourrait être une raison importante de sa politique générale de concessions envers la Russie, la Chine et l’Iran.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime elle aussi que l’UE doit dépenser beaucoup plus sur la défense pour éviter une guerre avec la Russie. Elle pense que l’UE doit dépenser environ 500 milliards d’euros pour rattraper les manques de dépenses pour la défense qui remontent aux illusions des années 1990, lorsque beaucoup pensaient que la démocratie avait remporté une victoire définitive. En fait, les ennemis de la démocratie ne faisaient que se regrouper en vue d’une future bataille.

En effet, le régime chinois observe l’Ukraine et Israël qui luttent pour mettre fin aux agressions dictatoriales et terroristes dont ils font l’objet. Les appels lancés chez nous afin que ces deux pays modèrent leurs réactions, même si ces appels sont populaires auprès de nos électeurs, sont considérés comme une faiblesse par le PCC. Les appels similaires lancés au fil des décennies à Taïwan afin que cette île démocratique modère sa réponse à Pékin sont considérés également comme une faiblesse. Pour préserver ce qu’il reste de paix dans le monde, nous devons répondre à ces agressions non par la peur et la faiblesse, mais par la force et le courage. C’est le moyen le plus sûr de parvenir non seulement à une paix durable, mais aussi à une paix juste.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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