Une centaine de civils ont été tués au Soudan où tirs et explosions ont gagné en intensité lundi à Khartoum, au troisième jour de combats entre l’armée et une puissante force paramilitaire, dirigées par deux généraux rivaux qui se disputent le pouvoir.
Depuis samedi, la capitale d’où s’élèvent des colonnes d’épaisse fumée noire baigne dans une odeur de poudre. Ses habitants sont barricadés chez eux sans eau courante ni électricité pour la plupart, tremblant à chaque nouvelle frappe aérienne ou tir d’artillerie.
97 civils ont été tués, pour moitié environ à Khartoum, selon le syndicat officiel des médecins, et « des dizaines » de combattants sont morts. Les deux camps n’ont jamais communiqué sur leurs pertes. À Khartoum, où ne circulent que des hommes en treillis et des véhicules militaires, les rares épiceries ouvertes ont prévenu qu’elles ne tiendraient que quelques jours si aucun camion n’arrive. Les hôpitaux qui accueillent les blessés n’ont plus ni sang ni équipements.
Un niveau de violence inégalé en plein Khartoum
Après la Ligue arabe et l’Union africaine, les États-Unis et le Royaume-Uni ont appelé lundi à la « cessation immédiate » des violences. Depuis samedi, les combats à l’arme lourde n’ont pas cessé et l’armée de l’air vise régulièrement, même en plein Khartoum, les QG des FSR, d’ex-miliciens de la guerre dans la région du Darfour devenus les supplétifs officiels de l’armée. L’armée a assuré dimanche soir que la situation était « extrêmement stable » tandis que les FSR se disaient « sur la voie de l’emporter définitivement ».
« C’est la première fois de l’histoire du Soudan depuis l’indépendance (en 1956) qu’il y a un tel niveau de violence dans le centre, à Khartoum », assure à l’AFP Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory à Khartoum. Khartoum « a toujours été l’endroit le plus sûr du Soudan, pendant les guerres meurtrières contre des rebelles » lancées au Darfour et ailleurs dans les années 2000, poursuit-t-elle.
« Aujourd’hui, les combats se déroulent partout dans la ville, les FSR sont implantées partout et notamment dans des zones densément peuplées car les belligérants ont cru que la possibilité d’un bilan civil élevé allait dissuader l’autre camp: maintenant on sait que leur lutte de pouvoir à tout prix l’a emporté », ajoute Mme Khair.
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