Les cours du pétrole se sont envolés lundi après l’offensive surprise ce week-end du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, le marché redoutant une escalade de la situation géopolitique et des perturbations de l’approvisionnement venant d’Iran et transitant par ce pays.
Vers 11h30 GMT (13h30 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, prenait 3,29% à 87,36 dollars. Celui de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre était en hausse de 3,42% à 85,62 dollars.
Les deux références mondiales de l’or noir ont même brièvement grimpé de plus de 5%, le Brent atteignant 89,00 dollars le baril. Cet élan d’achat a été motivé « par les investisseurs qui ont ajouté une prime de risque géopolitique dans le prix et une nouvelle demande après la forte correction de la semaine dernière », explique Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
La guerre a déjà fait plus de 1100 morts, selon les bilans officiels de part et d’autre. L’armée israélienne a ordonné lundi un « siège complet » de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, au troisième jour de l’offensive surprise et massive lancée par le mouvement islamiste palestinien.
« Je pense que ce que nous pouvons tous souhaiter aujourd’hui, c’est (…) éviter un embrasement régional qui aurait des conséquences politiques importantes et également des conséquences économiques », a déclaré lundi le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
Inquiétudes de représailles
« Même si l’équilibre (…) entre l’offre et la demande n’est pas affecté pour le moment, l’attention se porte désormais résolument sur l’Iran, principal soutien » du mouvement islamiste palestinien Hamas, explique Tamas Varga, de PVM Energy.
L’offensive surprise du Hamas suscite en effet « des inquiétudes quant à la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en ce qui concerne l’Iran », poursuit M. Hansen, notamment à la suite de la publication d’un article du Wall Street Journal publié dimanche selon lequel Téhéran aurait aidé à planifier l’attaque pendant plusieurs semaines. Des informations rejetées lundi par le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Selon Tamas Varga, « toute mesure de représailles sur les infrastructures » iraniennes, ou « la menace de fermer le détroit d’Ormuz, par lequel transitent quotidiennement 17 millions de barils de pétrole par jour », pourraient faire « flamber les prix ».
Des tensions au Moyen-Orient et l’affermissement des sanctions économiques contre l’Iran ont déjà fait bondir les prix par le passé. De 2011 jusqu’à 2014, les cours du Brent avaient fluctué autour de 100 dollars le baril, soutenus à la fois par le durcissement des sanctions internationales contre Téhéran et le conflit syrien.
Maintenir la baisse de production
Des perturbations potentielles de l’approvisionnement en provenance de l’Iran sont d’autant plus importantes que « la production et les exportations (du pays) ont augmenté » en dépit des sanctions américaines, relève M. Hansen. La production a augmenté de près de 600.000 barils au cours de l’année écoulée », ajoute-t-il, « ce qui a permis d’atténuer les tensions orchestrées par l’Arabie saoudite et la Russie » sur l’offre.
La crise survient alors que les prix du pétrole avaient dévissé depuis fin septembre à cause des craintes sur la demande au regard des difficultés macroéconomiques (taux élevés, inflation, etc.) après des semaines de hausses entrainées par une prolongation des coupes des exportations de la Russie et de la production de l’Arabie saoudite.
La semaine dernière, un panel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (Opep+) a recommandé de maintenir la stratégie actuelle de baisse de production, renforcée par les coupes saoudiennes et russes, dans le but de soutenir les cours.
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