Selon une nouvelle étude, les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) présentent des populations microbiennes modifiées dans leur tube digestif, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles possibilités diagnostiques et thérapeutiques.
L’étude, publiée dans la revue Nature Microbiology le 8 juillet, a examiné l’association entre l’autisme et le microbiome intestinal, c’est-à-dire les microbes présents dans le tube digestif humain.
Des échantillons fécaux ont été prélevés sur 1627 enfants de Hong Kong, certains atteints d’autisme et d’autres non. Les enfants étaient âgés de 1 à 13 ans, et près de 25 % d’entre eux étaient des filles.
Les chercheurs ont découvert que « 14 archées, 51 bactéries, 7 champignons, 18 virus, 27 gènes microbiens et 12 voies métaboliques étaient altérés » chez les enfants autistes.
« Cette étude fournit des preuves irréfutables du rôle du microbiome intestinal dans les TSA et met en évidence le potentiel d’approches diagnostiques et thérapeutiques innovantes », a déclaré le professeur Qi Su, l’un des auteurs de l’étude, dans un courriel adressé à Epoch Times.
Les chercheurs ont proposé que le microbiome intestinal devienne un outil de diagnostic non invasif de l’autisme.
Le Pr Qi Su a souligné que l’autisme est généralement diagnostiqué au cours de la petite enfance, ce qui rend l’analyse du microbiome intestinal « particulièrement pertinente » dans ce groupe d’âge.
Les enfants autistes présentent souvent des problèmes gastro-intestinaux, et des recherches récentes suggèrent que les problèmes de santé intestinale pourraient être liés à des changements dans les communautés microbiennes.
« Comprendre ces associations peut aider à développer des outils de diagnostic précoce et des thérapies ciblées. »
« Des déséquilibres microbiens spécifiques, connus sous le nom de dysbiose, ont été régulièrement observés chez les personnes atteintes de TSA. Ces déséquilibres peuvent affecter la production de métabolites qui influencent la fonction cérébrale et le comportement, illustrant le rôle critique que joue l’axe intestin-cerveau dans les TSA. »
Les chercheurs étaient affiliés à des institutions basées à Hong Kong. Certains des auteurs ont déclaré des intérêts concurrents.
L’un d’eux était membre du conseil d’administration du Centre médical de l’université chinoise de Hong Kong (CUHK) et actionnaire de GenieBiome Ltd de Hong Kong. Un autre chercheur a été membre du conseil consultatif de Pfizer et de Janssen.
Quelques auteurs ont été nommés inventeurs dans des demandes de brevet détenues par le CUHK, et le Microbiota I-Center de Hong Kong (MagIC), et liées à l’utilisation diagnostique et thérapeutique des microbiomes.
Traiter les problèmes liés au microbiome
De nombreuses autres études ont établi des liens entre le microbiome intestinal et l’autisme chez les enfants. Une étude d’avril 2024, qui a suivi plus de 16.000 personnes de la naissance à la vingtaine, a révélé qu’une perturbation de la flore intestinale au cours des premières années pouvait être liée à l’autisme.
Certaines bactéries intestinales, comme le citrobacter, se sont avérées plus fréquentes chez les enfants chez qui on a diagnostiqué plus tard des troubles du développement neurologique. Les enfants susceptibles de développer l’autisme manquaient de bactéries intestinales abondantes telles que Coprococcus et Akkermansia.
« Coprococcus et Akkermansia muciniphila ont des effets protecteurs potentiels. Ces bactéries sont en corrélation avec des substances importantes dans les selles, telles que la vitamine B et les précurseurs des neurotransmetteurs qui jouent un rôle vital dans l’orchestration de la signalisation dans le cerveau », a déclaré, dans un communiqué, Angelica Ahrens, auteure principale de l’étude.
« Dans l’ensemble, nous avons constaté des déficits dans ces bactéries chez les enfants qui ont reçu plus tard un diagnostic neurologique de développement », écrit-elle.
Une étude réalisée en 2022 par des chercheurs de l’Arizona State University a révélé que la thérapie de transfert de microbiote offrait une amélioration à long terme de la santé intestinale chez les enfants autistes. Cette thérapie consiste à transférer des bactéries intestinales saines aux enfants.
Khemlal Nirmalkar, auteur principal de l’étude, a déclaré que leur recherche a mis en évidence des améliorations chez les enfants autistes à la suite de la thérapie.
« Notre objectif à long terme est de comprendre le rôle fonctionnel du microbiome intestinal, de combler le manque de connaissances sur l’axe intestin-cerveau dans l’autisme et d’identifier des cibles thérapeutiques pour améliorer la santé gastro-intestinale et le comportement des enfants autistes », a-t-il déclaré.
Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), environ un enfant sur 36 aux États-Unis est considéré comme autiste. Cette maladie est presque quatre fois plus fréquente chez les garçons que chez les filles.
Selon un rapport des CDC datant de mars 2023, 1 enfant âgé de 8 ans sur 36 est atteint d’autisme, contre 1 sur 44 en 2018. Ce chiffre est bien pire que l’estimation d’1 enfant sur 150 datant de 2000.
Entre 2009 et 2017, un enfant sur six âgé de 3 à 17 ans a été diagnostiqué avec un trouble du développement, notamment l’autisme, le TDAH et l’infirmité motrice cérébrale.
En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) atteignent environ 1 % de la population. Près de 700.000 personnes sont concernées dont 100.000 enfants. Un enfant sur cent présente un TSA.
Bien que la raison exacte de la montée en flèche des taux d’autisme soit inconnue, les explications vont de la génétique à des facteurs de risque environnementaux tels que l’âge plus élevé des parents.
Certaines études ont montré que l’exposition des nourrissons à certains matériaux, comme l’aluminium, pouvait être une cause de ce trouble. L’aluminium est largement utilisé dans les récipients alimentaires et dans de nombreux produits de santé, des antiacides aux vaccins.
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