Les sociétés chinoises avaient commencé à réagir aux menaces de tarifs douaniers de l’administration Trump avant même leur entrée en vigueur.
Certaines entreprises ont cherché à réduire les coûts de production et donc à baisser suffisamment les prix de leurs produits pour compenser l’impact que l’imposition des droits de douane ferait sur les acheteurs américains. D’autres ont accéléré leurs projets de délocalisation de la production vers d’autres pays asiatiques où les droits de douane américains ne s’appliqueraient probablement pas. Ces deux mesures pourraient soutenir les importations de leurs produits aux États-Unis.
Pourtant, aucune de ces mesures ne correspond aux ambitions du dirigeant chinois, Xi Jinping, qui visent à rendre l’économie chinoise dominante au niveau mondial et invulnérable face aux économies étrangères.
Depuis son entrée dans ses fonctions présidentielles, Donald Trump a augmenté à deux reprises les droits de douane sur les importations chinoises aux États-Unis. Le 3 février, il a imposé des droits de douane de 10 % sur tous les produits chinois. Le 10 mars, il a introduit un tarif douanier supplémentaire de 10 %. La Maison-Blanche a également proposé d’imposer des taxes aux compagnies maritimes chinoises et aux navires construits en Chine qui entrent dans les ports américains. M. Trump a également menacé d’imposer d’autres tarifs douaniers, bien qu’il n’ait plus parlé des tarifs de 60 % qu’il avait évoqués au cours de sa campagne électorale.
Probablement dans la perspective de futures négociations, l’État-parti chinois a réagi en sourdine. Il a annoncé qu’il imposerait des droits de douane de 10 à 15 % sur certains produits américains, notamment le charbon, le gaz naturel liquéfié, le pétrole brut, les machines agricoles, les camionnettes et certains produits agricoles. Les droits de douane chinois concernent l’équivalent de quelque 35 milliards de dollars d’exportations américaines, contre les 525 milliards de dollars de marchandises chinoises que les nouveaux droits de douane américains affecteraient. Bien entendu, Xi Jinping a également menacé d’aller plus loin.
Comme indiqué, certains fabricants chinois ont prévu de réduire suffisamment leurs coûts de production et leurs prix pour compenser la charge qu’imposeront les nouveaux droits de douane sur les acheteurs aux États-Unis. On peut supposer que ces mesures permettront de maintenir les volumes des ventes. Cette approche semble être la plus populaire parmi les sociétés chinoises d’électronique et de vente au détail.
D’autres entreprises, comme Lenston Tyre, basée à Qingdao, sont confrontées à des marges bénéficiaires insuffisantes pour prendre de telles mesures. Cette entreprise, ainsi que d’autres comme elle, recherche une solution plus fondamentale, telle que la délocalisation des installations de production hors de Chine vers des sites qui éviteront l’imposition de tarifs douaniers américains.
Les choix se portent principalement sur les pays de l’Asie du Sud-Est, comme le Vietnam, l’Indonésie, la Thaïlande et la Malaisie. Ces entreprises prennent soin d’examiner les structures tarifaires de ces pays pour s’assurer qu’ils ne seront pas ciblés par l’administration Trump : cette dernière prévoit des représailles point par point contre tout pays qui imposerait des tarifs douaniers sur les biens et services américains.
À bien des égards, les droits de douane de Trump n’ont guère modifié les plans de base des entreprises chinoises. Ils ont plutôt accéléré des tendances qui étaient déjà en place pour d’autres raisons. Même avant l’entrée en vigueur des premiers droits de douane de Trump en 2018 et 2019, les producteurs chinois cherchaient à s’installer à l’étranger pour éviter la hausse relativement importante des salaires chinois. Par exemple, selon les dernières estimations, les salaires de base en Chine dépassent de près de 150 % ceux au Vietnam. Une telle différence a incité les acheteurs de nombreux produits en Occident et au Japon, ainsi que les investisseurs, à aller ailleurs, et les producteurs chinois les ont suivis.
Les effets de la pandémie du Covid-19 et surtout les mesures du « zéro Covid » imposées par Pékin pendant plusieurs années ont renforcé les changements induits par les salaires. Les confinements et les quarantaines lors de cette période ont gravement affecté la capacité de la Chine à assurer des livraisons fiables aux acheteurs occidentaux et japonais. Les producteurs chinois ont suivi ces acheteurs qui cherchaient des fournisseurs plus fiables.
Il convient de noter qu’en 2023, bien avant que Donald Trump ne puisse imposer des droits de douane supplémentaires ou même compter sur une victoire dans la présidentielle, les investissements directs de l’industrie manufacturière chinoise dans les pays de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) ont atteint l’équivalent de 25,1 milliards de dollars – une augmentation de près de 35 % par rapport à l’année précédente.
Au fur et à mesure que les entreprises chinoises réagissent, les marchés des devises pourraient leur offrir un certain répit. Lorsque la dernière série de tarifs douaniers de Trump est entrée en vigueur en 2018 et 2019, le yuan chinois a chuté d’environ 10 % par rapport au dollar américain. Cela réduisait le coût des produits chinois pour les acheteurs en dollars, compensait efficacement une grande partie de l’impact de ces tarifs et soutenait le volume des exportations de la Chine vers l’Amérique.
Au cours des quelques semaines après le lancement par le président américain de la nouvelle série de tarifs douaniers à la Chine, le yuan a perdu un peu de terrain par rapport au dollar, bien que ce ne soit pas suffisant pour compenser ces tarifs supplémentaires. Une baisse éventuelle du yuan par rapport au dollar pourrait avoir un effet similaire à celui observé il y a sept ans, mais cela est loin d’être évident pour l’instant.
Même si le yuan devait baisser considérablement par rapport au dollar, les entreprises chinoises poursuivront probablement leurs projets de délocalisation. Elles savent bien que les tendances monétaires sont très volatiles et imprévisibles. En outre, leurs plans reflètent plus qu’une simple évasion tarifaire – notamment la diversification continue de la chaîne d’approvisionnement parmi les acheteurs occidentaux et japonais, ainsi que les différences salariales importantes entre la Chine et les pays de l’Asie du Sud-Est.
Ce qui pourrait être le plus important, c’est le fait que la réaction des entreprises chinoises pourrait contrecarrer les ambitions de Xi Jinping. La stratégie du chef du Parti communiste chinois cible la domination de l’économie mondiale et l’invulnérabilité de la Chine face aux acteurs économiques étrangers.
Il est vrai que le déplacement des installations de production à l’étranger pourrait aider les entreprises chinoises à maintenir leurs ventes en Amérique. Cependant, cela réduira la capacité de production en Chine en la déplaçant vers la Thaïlande, l’Indonésie et d’autres pays. Même si bon nombre de ces usines délocalisées continueront à s’approvisionner en matériaux et en pièces en Chine, c’est la production industrielle haut de gamme chinoise qui est ciblée dans la stratégie de Xi Jinping, et non la production des matériaux.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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