Les États favorables aux républicains ont été privés d’au moins trois sièges au Congrès et de votes au collège électoral en raison du décompte à la baisse de leur population lors du recensement effectué en 2020. Les États à tendance démocrate ont reçu au moins un siège et une voix supplémentaires en raison des résultats excédentaires enregistrés lors du recensement et en ont conservé au moins deux qu’ils auraient dû perdre, selon une analyse récente du Bureau du recensement des États-Unis.
Le bureau a reconnu les erreurs mais a affirmé ne pas pouvoir les corriger avant le prochain recensement en 2030.
Plusieurs experts et au moins un parlementaire ont exprimé leur inquiétude face à ce problème.
« Les États rouges sont constamment sous‑estimés alors que les États bleus sont systématiquement surestimés », a commenté Hans von Spakovsky, en charge de l’initiative de réforme de la législation électorale lancée par la Heritage Foundation.
Il a qualifié cette coïncidence de « très étrange », notant que « jusqu’à présent, le Bureau du recensement n’a pas vraiment expliqué comment et pourquoi ces erreurs ont été commises ».
Fair Lines America (FLA) est la première organisation à avoir signalé l’ampleur du problème au mois de juin. Il s’agit d’une organisation conservatrice à but non lucratif focalisée sur les questions de redécoupage électoral.
« C’est inquiétant évidemment de constater des erreurs systématiques lors des recensements », a déclaré Adam Kincaid, directeur exécutif de la FLA et du National Republican Redistricting Trust.
Le Bureau du recensement a identifié 14 États présentant des erreurs statistiquement importantes. L’Arkansas, la Floride, l’Illinois, le Mississippi, le Tennessee et le Texas (tous dominés par le Parti républicain, sauf l’Illinois) ont été sous‑estimés. En revanche, le Delaware, Hawaï, le Massachusetts, le Minnesota, New York, l’Ohio, le Rhode Island et l’Utah (tous à dominante démocrate, sauf l’Ohio et l’Utah) ont été surestimés.
À titre de comparaison, aucun État n’a connu d’erreur significative dans les recensements effectués en 2000 et 2010.
Ce schéma d’erreur de 2020 n’a pas été rectifié dans les nombreux États où le manque de précision n’est pas considéré comme significatif. Parmi les 50 États et le district de Columbia, seuls deux États à tendance démocrate ont enregistré une erreur de comptage : l’Illinois et le Maryland. D’autre part, 12 États à tendance démocrate ont enregistré un dépassement d’au moins 1%, contre 5 États à tendance républicaine : Alaska, Ohio, Oklahoma, Utah et Virginie-Occidentale. Les États sans tendance marquée, comme le Michigan, la Pennsylvanie et la Virginie, ont présenté des résultats relativement précis.
Pas de réponse satisfaisante
Le recensement de 2020 est sans précédent à plusieurs égards. En raison des politiques face au Covid‑19, les recenseurs n’ont pas pu, dans un premier temps, aller frapper à la porte des ceux qui n’avaient pas répondu en ligne ou par courrier. D’autre part, un grand nombre de citoyens ont temporairement déménagé pendant les confinements. L’accès a été limité dans les établissements où le virus se propageait particulièrement vite, comme les maisons de retraite et, parfois, les prisons. Les étudiants des universités ont été en grande partie renvoyés chez eux. Le Bureau du recensement a tenté de combler ces lacunes en calculant le nombre de personnes vivant à tel ou tel endroit grâce aux dossiers administratifs, tels que ceux des permis de conduire. Tous ces facteurs ont présenté des défis supplémentaires qui pourraient expliquer pourquoi ce recensement a été particulièrement imprécis.
Toutefois, ces facteurs ne permettent pas de comprendre pourquoi les erreurs ont profité aux démocrates de façon si systématique, selon M. Kincaid et M. von Spakovsky.
Certains des États où les confinements se sont prolongés comme le Michigan, le New Jersey, le Nouveau‑Mexique et le Connecticut, où l’on aurait pu s’attendre à ce que les recenseurs aient plus de mal à surmonter les restrictions imposées par le Covid, ont obtenu des résultats très précis.
De plus, le bureau n’a pas encore pleinement expliqué les méthodes qu’il a utilisées pour relever ces défis. Comment s’est‑il assuré, par exemple, que les dossiers administratifs qu’il utilisait correspondaient bien à la réalité ?
« Nous n’avons pas de réponses satisfaisantes à ces questions », a déclaré M. Kincaid.
Son groupe a tenté d’obtenir des informations et des réponses supplémentaires auprès du bureau en vertu de la Loi d’accès à l’information (FOIA). Mais la plupart des renseignements n’ont pas été communiqués pour des raisons de confidentialité.
« Ce schémas suggère que la méthode utilisée favorise apparemment les États bleus aux dépens des États rouges. Je continue de penser qu’il est important que le Bureau du recensement ouvre ses registres pour plus de transparence. »
Le manque de transparence est particulièrement néfaste lorsqu’il est associé à de grands défis nationaux, comme les confinements. Toutes les contraintes liées au Covid ont rendu le processus d’autant plus opaque.
« C’est la porte ouverte à davantage d’erreurs, qu’elles soient été intentionnelles ou non », a déclaré M. Kincaid.
M. von Spakovsky a exhorté le Congrès à examiner ce point et à réclamer des réponses du Bureau de recensement : « [Il faut] que nous puissions déterminer s’il s’agissait d’un biais intentionnel ou si de mauvaises procédures et de mauvaises pratiques ont simplement été appliquées. C’est soit l’un soit l’autre. »
« Nous ne pouvons certainement pas laisser une telle situation se reproduire et le Congrès doit déterminer s’il existe un moyen d’y remédier », a‑t‑il déclaré.
Jusqu’à présent, il semble qu’un seul parlementaire se soit penché sur le sujet : le député Troy Nehls (Parti républicain‑Texas).
Il a qualifié cette question de « profondément inquiétante pour la légitimité de la démocratie », dans une lettre adressée le 24 octobre au directeur du Bureau du recensement, Robert Santos.
« Ce n’était pas une coïncidence, de telles choses ne se produisent pas par hasard. Les initiés corrompus de Washington ont un programme. Ils veulent des démocrates au pouvoir et ne laisseront rien se mettre en travers de leur chemin », a‑t‑il déclaré dans un communiqué de presse ce jour‑là.
« Nous devons aller au fond de ce qui s’est passé. Lorsque les républicains reprendront la majorité à la Chambre, nous utiliserons notre autorité en matière de surveillance pour enquêter sur le Bureau du recensement et déterminer comment et pourquoi ces erreurs importantes se sont produites afin de garantir que cela ne se reproduise pas. »
Le Bureau du recensement n’a pas répondu aux questions envoyées par courriel.
Les tentatives effectuées pour joindre le National Democratic Redistricting Committee en vue d’obtenir des commentaires n’ont pas abouti.
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