Washington a exprimé ses inquiétudes face à ce qui semble être un réchauffement des liens – en particulier dans le domaine militaire – entre la Russie et la Corée du Nord, au lendemain d’une rencontre historique entre les dirigeants de ces pays.
« Nous n’avons pas encore vu toutes les manifestations qui résultent de cette rencontre, » a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain, lors d’une conférence de presse tenue le 13 septembre.
« Mais quand on voit Kim Jong Un s’engager à apporter un soutien total et inconditionnel au soi-disant ‘combat sacré’ de la Russie pour défendre ses intérêts de sécurité… c’est troublant. »
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un le 13 septembre dans la région de l’Amour, à l’extrême est de la Russie. La rencontre, qui aurait duré cinq heures, a été caractérisée par des expressions publiques d’amitié de part et d’autre.
Les deux hommes étaient accompagnés d’importantes délégations composées notamment de leurs ministres de la Défense et des Affaires étrangères et d’autres hauts responsables.
Les relations avec la Russie, a indiqué M. Kim, constituent la « principale priorité » de son pays.
Il a également félicité la Russie pour avoir mené ce qu’il a appelé un « combat sacré » afin de protéger sa souveraineté contre les « forces hégémoniques » – à savoir l’Occident – qui se dressent contre elle.
Kim a qualifié la rencontre avec Poutine d’« étape importante » dans la « transformation de nos relations historiquement amicales en une coopération stratégique inébranlable ».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite souligné que les liens bilatéraux entre les deux pays incluaient « l’interaction dans des domaines sensibles, comme l’interaction militaire et l’échange de points de vue sur des questions de sécurité urgentes ».
Le 14 septembre, Kim Jong Un était apparemment toujours en Russie, où il devait se rendre dans les villes de Vladivostok et de Komsomolsk-sur-Amour, situées à l’extrême est du pays.
Le même jour, le Kremlin a annoncé que M. Poutine avait « gracieusement accepté » l’invitation de M. Kim à se rendre en Corée du Nord.
Le Kremlin a également évoqué une prochaine visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Pyongyang « dans le courant du mois d’octobre ».
M. Kim s’est rendu en Russie en 2019, où il a rencontré M. Poutine – pour la première fois – à Vladivostok, à environ 480 km de la frontière nord-coréenne.
Questions relatives au transferts d’armes
La période précédant le sommet Poutine-Kim a été marquée par des spéculations enflammées dans les milieux officiels et médiatiques américains, à savoir que la Russie et la Corée du Nord souhaitaient procéder à un échange d’armes et de technologies.
Le 4 septembre, le New York Times, citant des « responsables américains et alliés, » a affirmé que le sommet comporterait des discussions sur les transferts d’armes et la coopération militaire.
Selon des responsables cités par le journal, Moscou espère obtenir des munitions nord-coréennes pour les utiliser en Ukraine, en échange de technologies avancées.
Au début du mois, le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a assuré que les pourparlers entre la Russie et la Corée du Nord concernant d’éventuels transferts d’armes « progressaient activement ».
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a averti Pyongyang qu’il « paierait le prix » s’il fournissait à la Russie des armes destinées à être utilisées sur le théâtre ukrainien.
Moscou et Pyongyang nient tous deux l’existence d’accords de transfert d’armes, tout en appelant ouvertement à une coopération renforcée dans le domaine de la technologie militaire.
Après le sommet, il a été demandé à M. Poutine si la question de la coopération militaire avait été abordée lors des discussions.
« Il y a certaines restrictions, » a-t-il affirmé, faisant référence aux sanctions des Nations Unies contre la Corée du Nord.
« La Russie respecte toutes ces restrictions, » a-t-il ajouté. « Mais il y a certainement des choses dont nous pouvons discuter et que nous pouvons envisager. »
En 2017, le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé des sanctions de grande ampleur à la Corée du Nord après le tir d’essai d’un missile balistique par le régime.
L’année dernière, cependant, la Russie s’est jointe à la Chine pour contrecarrer les efforts déployés par les États-Unis afin d’imposer de nouvelles sanctions de l’ONU à Pyongyang.
Surveillance de Washington
Interrogé sur le fait de savoir si Moscou ignorerait les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord, M. Peskov, le porte-parole du Kremlin, a assuré que la Russie continuerait à « développer ses relations » avec la Corée du Nord, tout en respectant ses « engagements vis-à-vis de l’ONU ».
Au département d’État, cependant, M. Miller n’a pas semblé convaincu.
« Il est troublant de voir les Russes parler de coopération avec la Corée du Nord sur des programmes qui violeraient les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU que la Russie a elle-même votées, » a-t-il indiqué lors de la conférence de presse du 13 septembre.
« Quand on voit ce qui semble être une coopération accrue et probablement des transferts de matériel militaire, il y a de quoi s’inquiéter et il pourrait s’agir d’une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, » a-t-il ajouté.
« En ce qui concerne [les transferts d’armes] dans l’une ou l’autre direction, nous les surveillerons de très près et nous n’hésiterons pas à imposer des sanctions le cas échéant, » a affirmé M. Miller.
Au début de l’été, les États-Unis ont imposé des sanctions à trois entités qui, selon eux, étaient impliquées dans des transactions d’armes entre la Russie et la Corée du Nord.
La Russie réagit
Anatoly Antonov, l’envoyé de Moscou à Washington, a fustigé les responsables américains qui, selon lui, cherchent à dépeindre les liens entre la Russie et la Corée du Nord comme un « moteur d’instabilité ».
« Les États-Unis n’ont pas le droit de nous faire la leçon, » a souligné M. Antonov le 14 septembre sur la chaîne Telegram de l’ambassade de Russie.
« En tant que puissance nucléaire responsable et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie peut décider elle-même avec qui coopérer, » a-t-il ajouté.
M. Antonov a également reproché aux États-Unis de fournir des armes à l’Ukraine tout en jugeant « illégale » la coopération militaire de la Russie avec d’autres pays.
Il a ensuite exhorté Washington à mettre fin à sa pratique de longue date qui consiste à imposer des sanctions économiques à ses ennemis présumés.
Reprenant l’un des thèmes favoris de Moscou, le diplomate a ajouté : « La domination unipolaire [par les États-Unis] … n’est plus possible ».
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