Les États-Unis font-ils marche arrière sur le wokisme ?

Par Julian Herrero
27 septembre 2024 07:46 Mis à jour: 27 septembre 2024 13:10

DÉCRYPTAGE – Souvent désignée par certains observateurs et spécialistes des idées politiques comme le temple de l’idéologie woke, l’Amérique serait-elle en train de faire machine arrière ? La semaine dernière, Caterpillar annonçait des changements en termes de politique d’inclusion. Des changements que la multinationale des équipements de construction n’est apparemment pas la seule à avoir entrepris. Une tendance qui s’inscrit dans un contexte plus large de « lutte contre le wokisme » notamment menée par la droite américaine et une partie de la société civile.

Caterpillar revoit sa politique interne d’inclusion

L’américain Caterpillar a modifié sa politique en matière de DEI (Diversité, Équité et Inclusion) selon Fox Business, la version économique du média conservateur Fox News.

« Toutes les formations, tant formelles qu’informelles, doivent être axées sur nos activités et conçues pour favoriser des performances élevées et l’exécution de notre stratégie d’entreprise », a précisé le géant américain dans une note envoyée à ses salariés. Pour rappel, le DEI est, dans le monde de l’entreprise outre-Atlantique, un programme de formations visant à lutter contre les discriminations et à promouvoir l’inclusion.

Un changement de la part de Caterpillar qui intervient un mois après la décision du constructeur automobile Ford de ne « plus utiliser de quotas pour les concessionnaires ou fournisseurs appartenant à des minorités » et donc de modifier sa politique de DEI.

D’autres entreprises ont déjà changé de cap

Ces rétropédalages des entreprises américaines ne sont pas si récents et s’observent depuis au moins deux ans.

En novembre 2022, Bob Chapek, alors PDG de la Walt Disney Company,  jugé « woke » par ses détracteurs, avait été remercié et son prédécesseur, Bob Iger, l’avait remplacé. « J’ai toujours pensé que nous avions la responsabilité de faire le bien dans le monde, mais nous savons que notre travail ne consiste pas à promouvoir un quelconque agenda », a d’ailleurs déclaré il y a quelques mois celui qui est redevenu PDG selon des propos rapportés par le média économique et financier américain Business Insider.

En avril 2023, victime d’appels au boycott de personnalités de droite après un partenariat avec l’actrice transgenre, Dylan Mulvaney, la marque de bière Budweiser a tenté d’éteindre la polémique en lançant une nouvelle publicité aux accents patriotiques mettant en scène un cheval de la race Clydesdale emblème de la marque et des grands paysages américains. Un clin d’œil à l’Amérique conservatrice.

La droite américaine et d’autres acteurs à l’offensive

Si certaines grandes entreprises outre-Atlantique semblent se détacher du wokisme, c’est parce que le climat n’est plus le même. Depuis quelques années, les conservateurs et républicains américains se montrent de plus en plus hostiles au wokisme. En 2020, alors à la Maison-Blanche, Donald Trump avait signé un décret visant à restreindre les agences fédérales et les contractants du gouvernement à proposer des programmes de formation à la diversité.

Trois ans plus tard, le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis mettra fin au statut spécial de Disney dans son État après que le PDG de l’époque, Bob Chapek se soit prononcé publiquement  contre la loi « Don’t say gay » afin d’interdire aux écoles d’« encourager les discussions en classe sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ». Une orientation politique anti-woke que le « Grand Old Party » ne semble pas prêt d’abandonner avec la troisième candidature à la Maison-Blanche de Donald Trump, et le profil de son colistier, JD Vance.

Au-delà de la droite américaine, une partie de la société civile se mobilise depuis plusieurs années contre le wokisme. La Croix relate dans un reportage de décembre 2021 que des « parents conservateurs se présentent en nombre aux élections des school boards » (équivalent américain du bureau des parents d’élèves).

En mai 2022, dans l’État de l’Arizona, un groupe de parents a poursuivi une école en justice qui enseignait aux élèves la théorie critique de la race. Une théorie défendue par certains milieux progressistes américains qui, selon la BBC, « explique que la discrimination à l’encontre d’une personne en raison de sa race n’est pas un problème qui n’existe qu’à l’intérieur de l’individu, mais qu’il a été transféré aux structures sociales dans lesquelles nous vivons, ce qui se reflète dans les institutions ou les lois ».

Plus récemment, en mars 2023 une mère de famille du Rhode Island, Nicole Solas est venue témoigner à la Chambre des représentants à l’invitation de certains leaders républicains dont Kevin MacCarthy, l’ex-chef de la Chambre. Elle y avait raconté qu’elle a été poursuivie en justice par un syndicat d’enseignants après avoir demandé le contenu des programmes scolaires, notamment si l’enseignement de la théorie du genre était prévu.

Depuis quelques années outre-Atlantique, un phénomène de prise de recul et parfois d’opposition farouche vis-à-vis du wokisme s’observe, au point d’alarmer les soutiens de ce courant de pensée. Dans un rapport publié en avril 2023, l’initiative CRT Forward, issue d’un programme de la faculté de droit de Los Angeles (UCLA) s’inquiétait du fait qu’entre « le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022, les acteurs gouvernementaux (au niveau fédéral et dans 49 États et leurs localités) ont introduit un total de 563 mesures anti-théorie critique de la race ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.