Julian Assange : la justice britannique se penche sur sa demande d’extradition

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2020 13:25 Mis à jour: 24 février 2020 18:55

Les États-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources lors de la publication de 250 000 câbles diplomatiques et d’environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Ce 24 février, dans une salle bondée de la cour de Woolwich (sud-est de Londres), le fondateur de Wikileaks, l’Australien Julian Assange, âgé de 48 ans, est apparu calme et attentif, vêtu d’un blazer et d’un sweat gris foncé sur une chemise blanche, le visage chaussé de lunettes. Il a pris la parole pour confirmer son identité.

Dix ans après la diffusion choc de centaines de milliers de documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, une cour britannique a entamé lundi l’examen, prévu pour durer plusieurs mois, de l’extradition de Julian Assange, déterminé à se battre contre des poursuites qu’il juge politiques. « Il n’est pas inculpé pour avoir dévoilé des informations embarrassantes ou gênantes que le gouvernement aurait préféré ne pas divulguer », a assuré le représentant des États-Unis, James Lewis.

Il a reproché à Julian Assange d’avoir mis la vie de sources américaines en danger en 2010 sur Wikileaks, 250 000 câbles diplomatiques et 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. « Les États-Unis ont connaissance de sources, dont les noms non expurgés et/ou d’autres informations permettant de les identifier étaient contenus dans les documents classifiés publiés par WikiLeaks, qui ont ensuite disparu », a-t-il ajouté.

Julian Assange, du site WikiLeaks, présente une copie du journal The Guardian alors qu’il s’adresse aux journalistes devant une photographie de Don McCullin sur la guerre du Vietnam au Front Line Club le 26 juillet 2010 à Londres, en Angleterre. (Photo : Peter Macdiarmid/Getty Images)

Il risque 175 ans de prison aux États-Unis

Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l’agence Reuters. Si son coup d’éclat avait valu à l’Australien d’être présenté comme un champion de la liberté d’informer, il lui avait aussi attiré les critiques. En 2011, les cinq journaux (dont The New York Times et Le Monde) associés à la plateforme avaient condamné la méthode.

Soutenu par des dizaines de supporters qui se sont bruyamment rassemblés devant l’édifice, Julian Assange risque jusqu’à 175 ans de prison aux États-Unis où il est poursuivi pour piratage informatique et espionnage. « Julian Assange n’est pas un journaliste », a asséné James Lewis à propos de celui qui, lors d’une audience préliminaire, avait refusé son extradition « pour un travail de journalisme qui a récolté de nombreuses récompenses et protégé beaucoup de gens ».

Qualifiant les accusations américaines de « trompeuses », l’avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, a assuré que son client menait des « activités journalistiques ».

Devant le tribunal, son père John Shipton a dénoncé « la malveillance incessante des autorités »: « c’est ce qui arrivera aux journalistes (…) si cette extradition politique de Julian Assange aboutit ». 

Inculpé de 17 chefs supplémentaires

Réfugié pendant près de sept ans à l’ambassade d’Équateur à Londres où il bénéficiait de l’asile politique, Julian Assange en a été extrait le 11 avril 2019 par la police britannique avec l’aval de ce pays sud-américain. Il a été immédiatement placé en détention puis condamné à une peine de cinquante semaines de prison le 1er mai pour violation des conditions de sa liberté provisoire. Il craignait d’être extradé vers les États-Unis ou la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol. M. Assange a toujours rejeté ces accusations, et les poursuites ont été finalement abandonnées. Détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh adjacente, Julian Assange doit comparaître toute la semaine avant un ajournement de l’audience au 18 mai, quand elle reprendra pour trois semaines.

Julian Assange, fondateur de Wikileaks, se prépare à parler depuis le balcon de l’ambassade équatorienne où il continue de demander l’asile suite à une demande d’extradition de la Suède en 2012, le 5 février 2016 à Londres, en Angleterre. (Photo : Carl Court/Getty Images)

D’abord poursuivi pour piratage informatique, il a vu s’alourdir en mai dernier les charges pesant contre lui lorsque la justice américaine l’a inculpé de 17 chefs supplémentaires. La justice britannique va devoir déterminer si la demande d’extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Torture psychologique

Lors d’une ultime audience procédurale mercredi dernier, la défense de Julian Assange a affirmé que le président Donald Trump avait offert au fondateur de Wikileaks de le gracier s’il disculpait la Russie dans une autre affaire de fuite de données, celle des courriels internes du parti démocrate américain. La Maison Blanche a immédiatement démenti.

Dans un document transmis à la justice, sa défense a affirmé que la proposition avait été faite par l’ex-député républicain Dana Rohrabacher « sur instruction » du président américain. Dana Rohrabacher a démenti une quelconque offre au nom du président américain.

Wikileaks avait publié en 2016, à un moment clé de la campagne, des milliers de courriels piratés du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le traitement infligé à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer estimant en mai qu’il présentait « tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique ».

Soutenu par des organisations comme Amnesty international ou Reporters sans frontières, Julian Assange veut demander l’asile politique à la France.

 

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