Le média féministe Les Glorieuses a révélé, comme chaque année, la date à partir de laquelle les femmes vont travailler « gratuitement ». Et en 2023, c’est à partir de ce lundi 6 novembre à 11 h 25 et 19 secondes. Mais peut-on vraiment se baser sur ce calcul avec fiabilité ?
Dans une vidéo publiée par Le Figaro, il est expliqué que contrairement au calcul réalisé par le média féministe Les Glorieuses, les femmes ne travailleront pas « gratuitement » à partir de ce lundi 6 novembre à 11 h 25 et 19 secondes.
Un calcul biaisé sur plusieurs points
Les Glorieuses dénoncent, depuis plusieurs années, les inégalités salariales entre hommes et femmes. Et pour cette année 2023, selon Eurostat, « l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 15,4% », rapporte le média féministe. Mais ce calcul serait trompeur sur plusieurs points.
« Premièrement, il ne se base pas sur les différences, à postes et à temps de travail égal. Or, en France en 2017, l’écart en équivalent temps plein entre les hommes et les femmes était de 5,3% dans le privé pour un même poste », est-il expliqué dans la vidéo du Figaro.
« Deuxièmement, les chiffres d’Eurostat prennent uniquement en compte les salaires des entreprises de 10 salariés ou plus », et ce tous secteurs confondus, précise ensuite la vidéo. Raison pour laquelle Les Glorieuses ont déterminé que les femmes touchaient 15,4 % de moins que les hommes. Si l’on ramène ce résultat au nombre de jours ouvrés, on arrive à la date du 6 novembre, soit 39 jours avant la fin de l’année. « En 2023, les femmes pourraient s’arrêter de travailler le 6 novembre à 11 h 25 si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (toujours en moyenne) à l’année », indiquent Les Glorieuses.
Plus de temps partiel chez les femmes, et pour des métiers moins bien rémunérés
Le Figaro souligne en troisième point que 27% des femmes en France travaillent à temps partiel, contre seulement 8% des hommes. Et dans leur calcul, Les Glorieuses ne prennent pas en compte ce facteur, donc ce pourcentage de 15,4% est « une moyenne très approximative », ce que « même Les Glorieuses reconnaissent », est-il encore mentionné dans la vidéo du Figaro.
Notons aussi le fait que les femmes doivent tenir compte, dans l’aménagement de leur temps de travail, du temps consacré aux enfants – sans oublier les congés maternités qui occasionnent des interruptions de carrière – ainsi que le temps dédié aux personnes âgées.
Enfin, les femmes occupent davantage de postes dans le domaine de la santé et l’action sociale, qui sont des professions « stéréotypées » féminines, alors que les hommes travaillent plutôt dans la construction ou encore le transport, des secteurs en l’occurrence plus lucratifs. Bien qu’il n’y ait pour les femmes aucun métier « interdit », on constate en effet que « 90,4% des infirmières sont des femmes, 87,7% des sages-femmes, et 65,7% des enseignants », rapporte L’Express.
Ces chiffres sont difficilement imputables à une « injustice » mais relèvent plutôt de choix personnels, sans doute lié à un « conditionnement social ». Les Glorieuses mentionnent un écart de 24% entre hommes et femmes pour un équivalent temps-plein, tous secteurs confondus, qui s’explique donc par cette « répartition genrée des professions », indique encore L’Express. Le média féministe révèle également qu’à poste, temps de travail et responsabilités égales, l’écart est de 4% entre hommes et femmes, soit presque quatre fois inférieur au chiffre de 15,4% annoncé plus haut.
Des inégalités plutôt liées au fait que les hommes s’investissent moins à la maison
Dans son livre Career and Family (Princeton University Press, 2021), l’économiste américaine Claudia Goldin – qui est d’ailleurs la 3e femme à avoir reçu le prix Nobel d’économie – explique que si les femmes peuvent aujourd’hui concilier leur carrière et leur vie de famille, elles en paient toutefois le prix fort, et qui plus est en cas de séparation, relate encore L’Express. Par conséquent, les inégalités salariales sont davantage en lien avec le fait que les hommes s’investissent moins à la maison, plutôt qu’en raison du monde du travail.
Claudia Goldin indique également que les écarts les plus importants se retrouvent dans les métiers dits « cupides », à savoir des emplois de cadres où la flexibilité et la disponibilité horaire sont récompensées. Lorsque les femmes occupent des métiers « cupides » et doivent jongler avec la vie de famille, elles sont beaucoup moins disponibles dans leur travail et leurs carrières en pâtissent, ce qui est moins le cas pour les hommes.
Pour estomper ces inégalités, Les Glorieuses préconisent des mesures et notamment « une réévaluation économique de toutes les professions à prédominance féminine ». Mais comme le soulignent nos confrères, « si ces fonctions méritent d’être revalorisées, il y a une tension inévitable entre les services publics pour tous (santé, école) et revalorisation des métiers féminisés » et cela « est un autre débat ». Une autre des mesures préconisées par Les Glorieuses serait de « soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents », afin que les pères s’impliquent davantage dans l’éducation des enfants et le travail domestique, ce qui par ricochet soulagerait les mères de famille et diminuerait leurs interruptions de carrières.
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