Des manifestants en nombre, des grèves et leur cortège de perturbations à l’école ou dans les transports : les syndicats ont donné jeudi le coup d’envoi d’une mobilisation qu’ils veulent assez « puissante » pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites.
De Nantes à Marseille, les manifestants ont battu le pavé dans la matinée, avant que le cortège parisien ne s’ébranle à 14h00 pour dire « non » au recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Les premiers chiffres remontés par les préfectures attestent d’une mobilisation importante : au moins 30 000 personnes ont ainsi défilé à Toulouse, 6500 à Mulhouse, 6000 à Tarbes, 4000 à Nice comme à Belfort.
#Thread manifestation contre la réforme des retraites à #Nantes: vraiment beaucoup de monde au Miroir d’eau, le regroupement déborde sur le cours Franklin Roosevelt et jusqu’à Duchesse Anne #greve19janvier #retraite pic.twitter.com/o50NYn4j8J
— Martin Hernot (@MartinHernot) January 19, 2023
À Marseille, au milieu d’une foule compacte, le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que « le gouvernement a perdu sa première bataille, celle d’avoir convaincu les gens de la nécessité de sa réforme ».
« On est à genoux », lâche Florence Trintignac, 54 ans, cadre de santé rencontrée parmi des milliers de manifestants à Clermont-Ferrand. Pour elle, « cette réforme, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».
Plus de 200 points de rassemblement sont prévus en France, les autorités attendant 550.000 à 750.000 manifestants, dont 50.000 à 80.000 dans la capitale.
Pour encadrer les rassemblements, plus de 10.000 policiers et gendarmes sont à pied d’œuvre, dont 3500 à Paris, où des sources sécuritaires redoutent la formation d’un « pré-cortège » potentiellement violent de 1000 à 2000 personnes.
« Ça va être une journée forte. Cette question des retraites concentre tous les mécontentements », inflation et hausse des coûts de l’énergie, a commenté le numéro un de la CGT, Philippe Martinez.
Les Français qui n’ont pas recours au télétravail, qui s’est fortement développé depuis le Covid, doivent composer avec des transports en commun au compte-goutte.
Les transports et l’enseignement perturbés
À la SNCF, la circulation était « très fortement perturbée » : un TGV sur trois circule, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un TER sur dix en moyenne. Le métro parisien est également « très perturbé ».
De nombreux services publics font également l’objet d’appels à la grève, en particulier l’éducation, où le principal syndicat, la FSU, dénombre 70% d’enseignants grévistes dans les écoles et 65% dans les collèges et lycées.
Le ministère chiffre pour sa part la mobilisation à 42% dans le primaire et 34% dans le secondaire. Une poignée d’établissements ont été l’objet de blocus à Paris, Rennes et Toulouse.
Il n’y avait aucun trafic au port de Calais, premier de France pour les voyageurs, en raison d’une grève des officiers de port. Raffineries et dépôts pétroliers étaient aussi appelés à cesser leurs activités.
Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot « on est partis pour un conflit dur » et « il faut bloquer l’économie ».
Une réponse à Emmanuel Macron, qui a jugé mercredi qu’il fallait « faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays ».
Bien que leurs modes d’action divergent, les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis 12 ans. Les partis de gauche sont aussi vent debout.
Cette première journée a valeur de test pour l’exécutif comme pour les syndicats, qui se retrouveront dans la soirée pour décider d’une nouvelle date, le 26 janvier est sur la table.
À quelques jours de la présentation du texte en Conseil des ministres, le gouvernement continue de faire œuvre de « pédagogie », Élisabeth Borne défendant un « projet porteur de progrès social pour le pays ».
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