Les « gilets jaunes » défilent pour la dixième fois dans la rue samedi et leur mobilisation sera particulièrement scrutée, quelques jours après le lancement par Emmanuel Macron du « débat national » censé canaliser la colère inédite exprimée depuis deux mois.
À Paris, des « gilets jaunes » dont Éric Drouet, une des figures du mouvement, ont donné rendez-vous sur la place des Invalides vers 11H00 avec une ambition : « Le million à Paris ! »
Plusieurs rassemblements sont également annoncés samedi après-midi à Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Roanne, Valence, Clermont-Ferrand, Montélimar, Dijon, Nevers, Montceau-les-Mines, Toulon, Avignon ou Béziers.
Sur Facebook, le rassemblement toulousain prône une « opération surnombre ». L’objectif ? venir « avec deux amis qui ne sont encore jamais venus ». Même ambition à Marseille : « On veut que ça continue, qu’on arrive à faire sortir du monde qui ne sort pas d’habitude pour manifester », a expliqué Luc Benedetti, un « gilet jaune » de la ville.
L’exécutif prévoit lui « un dispositif d’ampleur comparable au week-end précédent », a indiqué le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez. Environ 80 000 policiers et gendarmes doivent donc être mobilisés en France, soit le même nombre que les manifestants la semaine dernière.
Dans la capitale, les organisateurs invitent les participants à amener « une fleur ou une bougie en hommage » aux personnes tuées ou blessées « pour (leur) cause » depuis le début du mouvement le 17 novembre.
Ce mot d’ordre, nouveau pour un rassemblement dans la capitale, ponctue une semaine marquée par une vive polémique sur l’usage du lanceur de balle de défense (LBD) par les forces de l’ordre et les blessures graves subies par de nombreux manifestants.
Au-delà des rassemblements prévus samedi, la mobilisation doit se poursuivre dimanche dans plusieurs villes.
Des femmes « gilets jaunes » appellent à une manifestation à Paris, inspirées par l’événement pacifique qu’elles avaient déjà organisé le 6 janvier. Priscillia Ludosky, initiatrice du mouvement qui a pris publiquement ses distances avec Eric Drouet, promeut l’événement sur Facebook et semble vouloir y participer.
Dimanche verra également l’arrivée d’un « gilet jaune » moins connu dans la capitale : José Manrubia. Parti d’Arles (Bouches-du-Rhône) le 16 décembre, cet artiste plasticien rallie Paris à pied après 34 jours de marche, durant lesquels il a traversé « plus de 50 ronds-points ».
Pour lui, malgré le grand débat lancé par Emmanuel Macron, pas question de désarmer sans l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC).
« C’est la revendication principale de 90% des ronds-points », estime-t-il. « Après 40 ans d’une politique de droite ou de gauche où les intérêts privés ont prévalu sur l’intérêt général, on veut pouvoir prendre en main notre destinée. »
D. S avec AFP
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