Les Hazaras d’Afghanistan, de nouveau visés ce weekend par une série d’explosions qui a fait plus de 50 morts et 100 blessés devant une école de Kaboul, sont une minorité chiite persécutée depuis des siècles.
Les victimes de l’attaque commise samedi, qui visait une école de jeunes filles d’un quartier essentiellement peuplé de Hazaras dans l’ouest de Kaboul, sont pour l’essentiel des lycéennes issues de cette minorité.
Cet attentat est le dernier en date d’une série d’attaques brutales attribuées aux extrémistes sunnites contre cette minorité chiite.
Originaires des plateaux du centre du pays, les Hazaras sont présentés comme des descendants des hordes mongoles de Gengis Khan qui ravagèrent l’Afghanistan au XIIIe siècle.
Exterminée à la fin du XIXe siècle
Représentant entre 10 et 20% des 38 millions d’Afghans, les Hazaras ont été marginalisés par les sunnites pour leur foi majoritairement chiite, dans un pays en proie à de profondes divisions religieuses et ethniques.
Selon certaine ses estimations, environ la moitié de la population Hazara a été exterminée à la fin du XIXe siècle, beaucoup étant réduits à l’esclavage, lorsque leurs territoires traditionnels ont été conquis par les Pachtounes sunnites.
Au fil des siècles, la minorité a été soumise à l’esclavage, aux persécutions religieuses, au nettoyage ethnique et aux déplacements forcés.
Ils ont également été visés par différents groupes dans les quatre dernières décennies de conflit, y compris lorsque leurs territoires ont été bombardés par les moudjahidines combattant les Soviétiques dans les années 1980.
Des milliers d’entre eux abattus par les talibans
Les combattants hazaras ont été à leur tour accusés d’atrocités lors de la guerre civile qui a suivi le retrait de l’armée soviétique en 1989.
On estime que des milliers d’entre eux ont été abattus par les talibans lorsque ceux-ci ont pris le contrôle du pays à la fin des années 1990.
Les Hazaras constituent l’essentiel de la minorité chiite du pays, méprisée par les extrémistes sunnites qui les considèrent comme des hérétiques.
Les Français sont pas les seuls à être en danger au Pakistan : les hazaras, parce que chiites, le sont aussi, mais eux ils peuvent malheureusement pas partir…#Pakistan https://t.co/SwvUMsFc4w
— Mina Tore (@CoffeeGeraldine) April 15, 2021
Ils ont également été accusés d’être trop proches de l’Iran, où des dizaines de milliers d’entre eux sont partis au fils des années pour y travailler.
Des milliers de Hazaras ont été entraînés par les forces de sécurité iraniennes et mobilisés au sein de milices chiites en Syrie dans la dernière décennie.
L’année dernière, le ministre iranien des Affaires étrangères a qualifié les combattants Hazaras de « meilleure force » pouvant être mobilisée contre le groupe jihadiste Etat islamique en Afghanistan.
Certains Hazaras ont commencé à reprendre les armes
Peu de communautés ont autant bénéficié de la nouvelle donne lorsque les Etats-Unis sont intervenus en Afghanistan et ont renversé le régime taliban fin 2001.
Les Hazaras ont pu envoyer leurs enfants à l’école – y compris leurs filles – et accéder à une participation sans précédent à la vie politique et économique du pays.
Mais ces gains restent fragiles.
La minorité hazara a été de plus en plus visée par l’escalade de violence. Des attentats-suicides du groupe Etat islamique ont visé ses mosquées, ses écoles, des rassemblements et des hôpitaux dans l’enclave hazara de Dasht-e-Barchi à Kaboul, qui ont fait des centaines de morts.
Craignant d’être à nouveau massacrés lorsque les troupes internationales quitteront l’Afghanistan cet été, certains Hazaras ont commencé à reprendre les armes. Une milice créée dans la province du Wardak (centre) recrute et entraîne de nouveau des combattants.
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