Les hôpitaux français emploient presque 34% de personnes n’ayant aucune tâche médicale

Par Jean-Baptiste Boone
20 avril 2020 12:39 Mis à jour: 21 avril 2020 12:58

C’est même 54% de plus que les établissements allemands, équivalent temps plein. Pour un groupe comme l’APHP, cela représenterait 1,54 mds €, ou une source d’économie d’un demi-milliard d’euro environ si l’on en revenait au taux observé en Allemagne.

Alors que l’épidémie éprouve le monde, les hôpitaux sont particulièrement sollicités. Le personnel hospitalier est loué pour son dévouement, et même applaudi tous les soirs. Il faut dire que le manque criant du matériel le plus élémentaire rend parfois leur travail assez acrobatique, voire dangereux. Et ce sont des entreprises n’ayant souvent rien à voir avec le domaine médical qui pallient ces manques : pensons à Décathlon et son masque de plongée qui nous plonge justement dans l’absurde d’un système à bout de souffle. On entend donc déjà des appels à revoir les budgets des hôpitaux largement à la hausse. Le gouvernement va même jusqu’à limoger un responsable d’ARS qui avait l’outrecuidance de dire qu’il poursuivrait la mise en œuvre … des mesures du gouvernement.

Bref, tout va mal. Mais est-ce bien l’argent qui manque, alors que les dépenses de santé représentent 11,3% du PIB, soit le plus haut niveau de l’UE (9,8%) avec l’Allemagne ? Que ce taux a augmenté de 1 point en 10 ans ? Et qu’enfin, 32% de ces dépenses sont concentrées sur l’hôpital contre 29% en moyenne en Europe ? La théorie selon laquelle le problème se trouverait plutôt dans une mauvaise allocation des ressources n’est donc pas à négliger.

A ce propos, l’OCDE nous donne la répartition des emplois hospitaliers par fonction, dont « autre personnel employé en hôpitaux ». On se rend compte que l’importance de ces emplois en France est exceptionnelle, largement supérieure à ce qui se fait ailleurs.

Taux de personnel autres que médical ou paramédical (source OCDE)

Ce que ne cessent de dire les professionnels soignants, mais aussi de nombreux observateurs, à commencer par l’IREF, ne peut plus être négligé : la bureaucratie est un fardeau insoutenable, si ce n’est carrément un boulet. Même le président de fédération des hôpitaux français (FHF) en fait le diagnostic dans Les Echos du jeudi 9 avril.

Selon l’OCDE toujours, dans les hôpitaux français, 405 600 personnes (ETP) œuvrent à des tâches autres que médicales, soit 54% de plus qu’en Allemagne, dont la population est pourtant près de 25% supérieure à celle de la France.

Avant donc de parler de plan d’hôpital, qui ne serait que l’énième des versions que chaque gouvernement a proposées depuis plus de 20 ans, il convient de se saisir de ce problème propre à la France, à son système aussi extrêmement centralisé que complexe, de redonner aux hôpitaux leurs capacités à respirer par eux-mêmes. Avant que de réclamer à cor et à cri plus de moyens, il faut être capable de bien allouer ceux dont on dispose, dans un pays aux finances délabrées. Et fermons d’ores et déjà une mauvaise piste : non ce n’est pas de personnel soignant, que manquent les hôpitaux français qui en comptent 765 000, 25 000 de plus qu’en Allemagne malgré sa plus forte population.

Article écrit par Jean-Baptiste Boone, avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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