L’économie chinoise faiblit tandis que les pays de l’Initiative Ceinture et Route (ICR) sont confrontés à la dette et à l’inflation. Au cours du premier semestre 2022, l’investissement global de la Chine dans l’ICR a ralenti, et aucun argent n’a été injecté en Russie.
L’ICR a été lancée en 2013 par Xi Jinping dans le but d’étendre la portée de la Chine de par le monde en impliquant un maximum de pays grâce à un réseau de routes, voies maritimes, télécommunication, technologies informatiques et infrastructures bancaires.
La Chine suit un schéma typique pour déployer l’ICR. Dans un premier temps, elle accorde des prêts, souvent à des taux d’intérêt élevés, aux pays intéressés. Ces prêts doivent être réinvestis dans des infrastructures telles que des autoroutes, des centrales électriques, des chemins de fer ou des aéroports. Ces travaux de construction sont réalisés par des entreprises chinoises, qui utilisent la main‑d’œuvre et les matières premières chinoises.
« Nous avons vu les conséquences lorsque les accords internationaux en matière d’infrastructures sont corrompus et coercitifs », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken devant une délégation à Pretoria, en Afrique du Sud. Lors de sa visite en août dernier, l’envoyé de la Maison Blanche, dévoilait la nouvelle « stratégie pour l’Afrique subsaharienne » des États‑Unis.
Les difficultés économiques
Les investissements chinois à l’étranger ont atteint un pic en 2016 et sont en déclin depuis. En 2020, la Chine était le deuxième investisseur étranger au monde. En 2021, la Chine a chuté à la quatrième place derrière les États‑Unis, l’Allemagne et le Japon. Cette année, face à l’inflation, au chômage, à la crise de la dette et aux retombées économiques des restrictions Covid‑19 en cours, Pékin et les banques d’investissement étrangères réduisent régulièrement les projections de croissance du PIB chinois.
La Chine s’efforce à présent non sans peine d’attirer les investissements étrangers. Les taux d’intérêt étant en hausse aux États‑Unis et en baisse en Chine, les États‑Unis attirent davantage les investissements directs étrangers (IDE).
Les difficultés économiques de la Chine laissent également moins de fonds pour les investissements à l’étranger. Les investissements de l’ICR dans les marchés émergents sont restés loin derrière les IDE (hors Chine). De 2020 à 2021, les flux mondiaux des IDE dans les pays en développement ont augmenté de 40%, tandis que les investissements chinois de l’ICR ont diminué de 25%. Cette diminution des investissements était une exigence du 14e plan quinquennal de la Chine pour 2021‑2025. Jusqu’à présent, en 2022, le financement total de l’ICR s’est élevé à 28,4 milliards de dollars, soit une baisse notable par rapport aux 29,6 milliards de dollars investis l’année dernière.
Baisse des dépenses de l’ICR
Les investissements de la Chine dans plusieurs pays, notamment en Russie, en Égypte et au Sri Lanka, sont tombés à zéro. Environ 55% des investissements de l’ICR ont été réalisés au Moyen‑Orient. Le principal bénéficiaire des investissements chinois a été l’Arabie saoudite, qui a reçu 5,5 milliards de dollars.
Le Parti communiste chinois (PCC) a repris les pourparlers avec l’Arabie saoudite pour la convaincre de contribuer à l’internationalisation du yuan en réglant les transactions pétrolières en monnaie chinoise. Ces négociations sont en cours depuis près de dix ans, mais jusqu’à présent, aucun accord n’a été conclu, et le dollar reste la monnaie pétrolière mondiale.
En 2021, Pekin a promis devant l’Assemblée générale des Nations unies de ne plus investir dans des projets de charbon à l’étranger. Malgré cela, la Chine a investi dans plusieurs projets de combustibles fossiles de par le monde, comme l’Indonésie et certains pays de l’ICR, ce qui représente 66% de ses contrats de construction à l’étranger. Dans le même temps, les investissements de la Chine dans l’énergie verte et hydroélectrique ont diminué de 22%.
Après le retrait des États‑Unis d’Afghanistan, de nombreux observateurs on prédit l’intervention du PCC, des investissements massifs venus de Chine pour bénéficier de l’extraction de minerais, notamment du plus grand gisement de terres rares au monde. Les responsables chinois ont également évoqué à plusieurs reprises la possibilité d’étendre à l’Afghanistan le projet phare de l’ICR, le corridor économique Chine‑Pakistan (CPEC).
Outre les minéraux, le PCC peut mettre à profit le soutien des talibans pour des enjeux de sécurité. Pékin a demandé à plusieurs reprises à l’Afghanistan de ne pas donner refuge au Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), qui aurait commis des attentats terroristes en Chine et au Pakistan. L’ajout de l’Afghanistan au CPEC et la promesse d’un accroissement des investissements de l’ICR en Afghanistan pourraient inciter les talibans à se conformer aux souhaits du PCC. Cependant, malgré les promesses d’adhésion de l’Afghanistan à l’ICR, ces investissements ne se sont pas concrétisés.
Les obstacles qui ont empêché le PCC d’étendre ses investissements en Afghanistan en 2021 perdurent. Il s’agit notamment d’obstacles opérationnels et réglementaires, ainsi que de problèmes de sécurité, outre un manque important d’infrastructures. Il faudrait construire des routes, des usines de traitement et des mines. Par conséquent, il n’y a pas eu de grands projets d’investissement chinois dans le pays.
Les investissements dans le CPEC, le joyau de l’ICR, ont chuté d’environ 56% au premier semestre 2022 par rapport à 2021. Le programme de financement du développement chinois d’AidData a révélé que 35% des projets de l’ICR souffrent de problèmes de mise en œuvre, notamment de corruption et de violations du droit du travail.
L’organisation a également découvert des dettes cachées dans lesquelles des entreprises privées des pays de l’ICR ont reçu des prêts d’entités contrôlées par le PCC, alors que le gouvernement local devrait être le garant ultime du prêt. Par conséquent, ces prêts ne sont pas ajoutés à la dette totale due à Pékin, pourtant le gouvernement national se retrouve avec une dette supplémentaire.
En 2016, il semblait que l’ICR était en mesure de conquérir la majeure partie du globe. Aujourd’hui, les perspectives de progression de l’ICR sont beaucoup plus pessimistes. C’est peut‑être l’occasion pour l’alternative proposée par le G7 sous la coupe des États‑Unis, le Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux, de gagner en importance.
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