Selon un rapport annuel, publié le 6 juin par le groupe Rhodium et le groupe de réflexion allemand Institut Mercator pour les études sur la Chine, les investissements chinois en Europe sont tombés l’année dernière à leur niveau le plus bas depuis 2010.
Les investissements directs chinois en Europe en 2023 n’étaient que de 6,8 milliards d’euros (7,35 milliards de dollars), soit 300 millions d’euros (3,24 milliards de dollars) de moins que l’année précédente, ce qui constitue un nouveau déclin en treize ans, depuis 2010, selon le rapport.
Le rapport montre que les investissements directs chinois en Europe, plus précisément dans les 27 pays de l’UE et au Royaume-Uni, ont atteint un sommet de 47,5 milliards d’euros (51,3 milliards de dollars) en 2016, et ont diminué depuis.
En 2019, avant la pandémie de Covid-19, les investissements ont atteint 14,2 milliards d’euros (15,34 milliards de dollars), puis ont chuté pour atteindre 6,8 milliards d’euros (7,35 milliards de dollars) en 2023, soit moins 48 % du pic.
« Ce chiffre [d’investissement] montre clairement que la situation économique de la Chine est très mauvaise », a déclaré Cheng Cheng-ping, professeur à l’université nationale des sciences et technologies de Yunlin, à Taïwan.
« Depuis 2023, l’économie chinoise s’est dégradée. Bien que le taux de croissance officiel du PIB soit d’environ 5 %, la situation réelle est très mauvaise, tout comme les exportations, de sorte que le total des investissements à l’étranger est lui aussi en baisse », a souligné M. Cheng dans un entretien accordé à Epoch Times le 8 juin.
Wang Guo-chen, assistant de recherche auprès de l’institut de recherche économique Chung-Hua à Taïwan, a fait une évaluation similaire.
« Les finances de la Chine sont actuellement tendues et le gouvernement a accumulé d’énormes déficits, si bien que la majeure partie de l’argent des entreprises d’État à l’étranger est renvoyée en Chine continentale. L’économie nationale n’est pas bonne, de sorte que son pouvoir d’expansion à l’étranger reste limité », a-t-il expliqué à Epoch Times.
En 2023, 69 % des investissements chinois en Europe sont allés au secteur des véhicules électriques (VE), indique le nouveau rapport, ce qui représente un bond significatif par rapport aux 41 % de 2022.
Entre-temps, le différend commercial entre l’UE et la Chine, sur les véhicules électriques chinois bon marché qui inondent le marché européen, s’est intensifié. L’UE a commencé à mener une enquête sur les VE chinois subventionnés par le régime communiste chinois en octobre 2023 et a envisagé de leur imposer des droits de douane.
« L’industrie la plus importante en Europe est l’automobile. Les subventions chinoises aux véhicules électriques et le recours massif au dumping ne manqueront pas de provoquer des conflits commerciaux entre la Chine et l’Europe », a souligné M. Wang. Il ne voit pas l’Europe revenir sur sa position.
La Hongrie est la première destination des IDE chinois en Europe
Sur le total des investissements directs étrangers (IDE) réalisés par la Chine en Europe, 44 % sont allés en Hongrie en 2023, contre 21,3 % en 2022. Cette hausse résulte principalement des investissements réalisés par CATL et Huayou Cobalt dans des usines de batteries pour véhicules électriques, d’une valeur totale de 8,7 milliards d’euros (9,4 milliards de dollars), indique le rapport.
BYD, le géant chinois des véhicules électriques, a annoncé son intention d’installer une usine en Hongrie pour fabriquer des véhicules électriques en 2026. En 2023, la Hongrie a attiré plus d’IDE chinois que les « trois grands » – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – réunis, qui totalisent 35 %, selon le rapport.
La Chine étant à court de fonds, « elle concentre son argent sur l’investissement dans des pays plus ‘amis' », a souligné M. Wang.
Le gouvernement Orbán en Hongrie est très « pro-russe et pro-chinois », a rappelé M. Cheng.
« C’est pourquoi la Chine a établi la plus grande usine de VE et de batteries pour VE en Hongrie. Ainsi, la Hongrie pourra échapper à l’impact de la guerre commerciale qui oppose la Chine et l’Europe à l’avenir », a-t-il ajouté.
« Vous pouvez constater que le commerce et les investissements [ chinois] en Europe occidentale continuent de chuter, mais en Europe centrale et orientale, de nombreuses lacunes subsistent », a poursuivi M. Cheng.
Facteurs géopolitiques
Les investissements chinois en Europe sont également en baisse pour des raisons de sécurité géopolitique, a noté M. Wang. « L’Europe et les États-Unis renforcent actuellement l’examen des investissements étrangers du point de vue de la sécurité nationale. C’est la tendance de ces dernières années, et cet examen se fait de plus en plus strict. »
Les investissements chinois en Europe sont entravés depuis mai 2021, lorsque le Parlement européen a gelé l’accord global sur les investissements entre l’UE et la Chine.
Désormais, « en termes d’économie, les problèmes rencontrés entre la Chine et les États-Unis ou entre la Chine et l’Europe ne sont plus considérés comme de simples différends économiques, mais impliquent davantage la sécurité économique. Par conséquent, dans ce contexte, les différends économiques et commerciaux se multiplieront [entre la Chine et l’Occident] », a assuré M. Wang.
L’UE a compris que le régime communiste chinois était la principale force qui soutenait la Russie depuis son invasion de l’Ukraine en 2022.
« À partir de 2023, c’est en fait l’Europe entière qui s’est opposée à la Chine, qu’il s’agisse de découplage ou de réduction des risques, l’Europe se rapproche progressivement des États-Unis. Si la guerre s’étend à l’Europe, c’est avant tout parce que la Chine soutient la Russie par derrière. »
Il a ajouté : « En ce qui concerne l’avenir, le commerce entre la Chine et l’Europe, qui a manifestement diminué en 2023, poursuivra sa tendance à la baisse. Les investissements chinois en Europe continueront également à diminuer de manière significative. »
Luo Ya et Li Su ont contribué à la rédaction de cet article.
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