J’adore l’histoire que raconte l’auteur Jaroldeen Edwards dans son livre Things I Wish I’d Known Sooner (Ce que j’aurais aimé savoir plus tôt), lorsqu’elle est partie en voyage un jour morne et pluvieux avec sa fille Carolyn. Sa fille voulait faire plus de deux heures de route pour voir des fleurs qu’une femme avait plantées. Jaroldeen n’était pas très enthousiaste, mais sa fille a insisté en disant : « Tu vas adorer ça, maman ! » Dites-moi quelle mère pourrait résister à un tel enthousiasme.
Elles ont emprunté la route 18 de l’État de Californie, également connue sous le nom de « l’autoroute du bord du monde » (Rim of the World Highway), se frayant un chemin à travers le brouillard et la bruine dans les montagnes de San Bernardino, en direction du lac Arrowhead, au nord de Los Angeles.
À ce moment-là, Jaroldeen était tellement agitée et convaincue que sa fille était en train de la faire marcher, n’étant toujours pas persuadée que ce spectacle en valait la peine. Carolyn s’est garée à côté d’une petite église en pierre et a dit que, pour voir les fleurs, elles devraient marcher le long d’un sentier, à travers d’immenses conifères vert noir et sur une épaisse couverture d’aiguilles de pin tombées au sol.
Au moment où elles ont tourné le coin, Jaroldeen s’est arrêtée net, le souffle coupé : « J’avais devant moi un spectacle des plus incroyables et des plus majestueux ! C’était tellement inattendu et inimaginable. »
Elle a vu des rivières de jonquilles en fleur, descendant du sommet de la montagne à travers plusieurs hectares de collines et de vallées, entre les arbres et les buissons. Les jonquilles de toutes les teintes de jaune flamboyaient comme un tapis floral devant elles.
Plusieurs questions lui viennent à l’esprit. Comment est-ce possible ?
Le jardin de jonquilles était l’œuvre d’une seule femme, Gene Bauer, autrefois professeur d’art dans un lycée de Los Angeles. Elle et son mari vivent toujours sur la propriété. Leur petite maison (qu’ils ont reconstruite lorsqu’elle a été détruite par un incendie) s’intègre parfaitement dans ce décor de magnifiques fleurs.
Gene a commencé à planter chaque bulbe de jonquille à la main, un par un, en 1958. Année après année, elle a remplacé les bulbes desséchés et sans vie et a fini par planter près d’un million de bulbes. Elle a changé son monde à jamais en créant quelque chose de magnifique, de beau et d’inspirant.
Alors que Jaroldeen s’approchait de la maison de montagne située dans la mer jaune, elle voit un panneau affiché par quelqu’un qui est manifestement fatigué de répondre toujours aux mêmes questions. On pouvait y lire : « Réponses aux questions que je sais que vous vous posez : Une femme, deux mains, deux pieds et très peu de cerveau. Un bulbe à la fois. Commencé en 1958. »
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