Lors d’une récente tournée d’inspection des villages de la région du Ningxia, le leader chinois Xi Jinping a souligné son objectif de faire de la Chine « une société modérément prospère ». Ce slogan a été inventé peu après son arrivée au pouvoir en 2012 et constitue sa politique économique phare.
Xi Jinping a également écrit un article le 31 mai dans Qiushi, le magazine officiel du Parti communiste chinois (PCC), selon lequel la Chine progresse vers la réalisation de cet objectif, avec « une classe moyenne constituée de 400 millions de personnes ».
Son standard pour la classe moyenne était le suivant : un revenu annuel par ménage de 100 000 à 500 000 ¥ (12 560 à 62 802 €). Mais en Chine, il n’est pas rare que des familles composées de plusieurs générations vivent sous un même toit.
Entre-temps, le Premier ministre chinois Li Keqiang a récemment évoqué le chômage et la pauvreté qui sévissent dans le pays et qui ont été aggravés par la pandémie du virus du PCC.
Lors d’une réunion de l’assemblée législative chinoise le 28 mai dernier, Li Keqiang a annoncé que 600 millions de Chinois gagnent à peine 1 000 ¥ (126 €) par mois, ce qui est insuffisant pour payer le loyer mensuel pour une chambre à coucher dans une ville chinoise de taille moyenne.
Li Keqiang a ensuite lancé l’idée de mettre en place une « économie de vendeurs de rue » pour atténuer la hausse du chômage provoquée par la pandémie.
Le 1er juin, Li Keqiang a de nouveau déclaré lors d’un séminaire sur l’économie dans la ville de Qingdao : « Les défis auxquels la Chine est confrontée sont d’une difficulté sans précédent. » Li Keqiang a rappelé que des centaines de millions de Chinois ont besoin d’un soutien financier.
Après les discours de Li Keqiang, les médias publics ont d’abord fait la promotion de l’économie des vendeurs de rue, mais ont commencé à publier des articles critiquant cette idée le 5 juin.
Depuis lors, chaque gouvernement provincial et municipal a fourni des informations contradictoires sur la question de savoir si les vendeurs de rue seraient autorisés ou non à vendre leurs marchandises.
Les observateurs ont interprété les messages ouvertement contradictoires de ces derniers temps comme révélateurs de la lutte pour le pouvoir entre la faction politique de Xi Jinping et celle de Li Keqiang.
« Xi Jinping et Li Keqiang se battent en public, ce qui rend certainement difficile pour les fonctionnaires subordonnés de se positionner », a déclaré le commentateur des affaires chinoises Tang Jingyuan, basé aux États-Unis.
Les conflits internes deviennent publics
Frank Tian Xie, professeur de commerce à l’université de Caroline du Sud Aiken, a également lu les commentaires de Li Keqiang comme une réprimande directe de Xi Jinping. « Cela montre que les hauts responsables du Parti communiste chinois ont des opinions différentes et se battent les uns contre les autres », a déclaré M. Xie dans une interview.
Le commentateur américain Jiang Feng a déclaré sur son émission YouTube que le commentaire de Li Keqiang sur les 600 millions de personnes qui vivent avec un revenu mensuel inférieur à 1 000 ¥ était « une gifle pour Xi Jinping. Xi Jinping avait annoncé que la Chine deviendrait une société modérément prospère dans le courant de l’année 2020 ».
Selon Tang Jingyuan, comme Li Keqiang est le principal responsable de la politique économique du Parti, il est responsable des difficultés économiques du pays.
Alors que l’économie chinoise continue à décliner, Tang Jingyuan a expliqué que Li Keqiang est obligé d’avouer aux citoyens chinois que la situation est grave.
« Il est évident que Li Keqiang ne veut pas prendre la responsabilité de mentir au public. C’est la raison principale pour laquelle il a annoncé l’existence d’un si grand nombre de personnes pauvres en Chine », a déclaré Tang Jingyuan.
L’économie chinoise
He Junjiao, un économiste chinois basé dans la province de Hunan, a déclaré à l’édition chinoise du journal Epoch Times que l’économie chinoise se trouvait dans une situation critique, et que même l’économie des vendeurs de rue ne pourrait pas la sauver.
« Si un pays s’appuie sur une économie de vendeurs de rue pour assurer la subsistance de ses habitants, il est au bord de la faillite […] Derrière l’économie de vendeurs de rue de Li Keqiang, il y a le chômage de masse », a-t-il déclaré.
Le régime chinois, en désespoir de cause, appelle les gens à devenir de petits entrepreneurs. « Sinon, ils vont mourir de faim, ou même se révolter s’ils n’ont rien à manger », a-t-il déclaré.
L’Université normale de Pékin a mené récemment une enquête qui a permis de mieux comprendre le revenu moyen des Chinois.
Le magazine chinois Caixin, basé à Shanghai, a rapporté le 3 juin que l’université a fait des estimations après avoir interrogé 70 000 personnes.
« Le revenu mensuel de 547 millions de Chinois, soit 39,1 % de la population, est inférieur à 1 000 ¥. Le revenu mensuel de 52,5 millions de Chinois se situe entre 1 000 et 1 090 ¥ (137 €). Cela signifie que 42,85 % de la population chinoise gagne moins de 1 090 ¥ chaque mois », selon le rapport.
Parmi ces personnes, 5,46 millions de Chinois n’ont aucun revenu ; 216 millions de Chinois gagnent moins de 500 ¥ (63 €) chaque mois ; et 200 autres millions de Chinois ont un revenu mensuel inférieur à 800 ¥ (100 €).
Le président de China Fuyao Glass, un fabricant multinational de verre automobile, a déclaré un jour aux médias chinois que la Chine compte moins de 300 millions de personnes qui peuvent s’offrir le luxe d’acheter des produits qui ne sont pas indispensables.
Selon les dernières données publiées par le Bureau national des statistiques de Chine, le revenu disponible moyen était de 26 523 ¥ (3 331 €) pour l’année 2019. Les médias chinois ont fait remarquer que cette somme ne pouvait que soutenir les coûts de la vie de base en Chine.
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