Ce dimanche, David Lisnard, maire LR de Cannes, était l’invité du «Grand Jury-RTL-Le Figaro-M6». Le président de l’Association des maires de France (AMF) a tenu à expliquer les raisons du découragement des maires face à un quotidien rendu difficile du fait d’incivilités et agressions.
Alors que l’association des maires de France (AMF) tient en ce moment son Congrès à Paris, David Lisnard a tenu à s’exprimer sur le phénomène d’atteintes aux élus, une dernière enquête de l’AMF et du Cevipof révélant une hausse de 15% en 2023, atteignant 2600 plaintes et signalements d’ici la fin de l’année.
Les élus locaux deviennent-ils des victimes de l’ensauvagement de la société française ? David Lisnard met en en garde contre « ce phénomène grandissant » que sont les agressions et incivilités qui jalonnent le quotidien des maires en France.
« Quand vous êtes maire, notre quotidien c’est souvent de dire non à des abus, à des comportements inciviques, à des jets de déchets. Donc vous vous exposez à des individus qui parfois se comportent plus en attardés capricieux qu’en citoyens », a-t-il expliqué, arguant qu’un processus de «décivilisation» est à l’œuvre dans la société.
La défiance des individus face à l’autorité, quelle qu’elle soit, aboutit à « un délitement régalien » se traduisant par une « perte de l’autorité de l’État », déplore-t-il sur Le Figaro.
« Lorsqu’il y a un sentiment d’impunité, il y a un laisser-aller global (…) Il y a une incapacité à réprimer », a-t-il déclaré, précisant que cela constitue un « problème majeur de notre pays ».
Mieux protéger afin de réduire le découragement et les abandons
Le président de l’AMF a ensuite rappelé les conséquences de cette défiance : « Depuis 2020, il y a en moyenne 40 démissions de maires par mois », a-t-il alerté, précisant que ce chiffre est « le double de la décennie précédente ». On compte donc 1300 démissions de maires.
Agressions verbales et physiques des élus mais aussi de leurs familles, destruction de leurs biens (incendies des habitations, des véhicules…), face à des comportements qui parfois mettent en péril la vie même des maires, David Lisnard réclame un changement des lois permettant une meilleure protection des élus locaux.
« Il faut que l’agression d’un élu ou son dénigrement sur les réseaux sociaux soit considérée comme une agression sur personne dépositaire de l’autorité publique », a-t-il martelé. Les peines encourues atteindraient alors jusqu’à 7 ans de prison ferme et 100.000 euros d’amende.
À l’agressivité de certains administrés vient s’ajouter la lourdeur administrative. « Le pouvoir d’agir a été diminué. On est un pays de procédures. C’est la bureaucratie qui entrave l’action, on passe de plus en plus de temps dans la paperasse », relate David Lisnard, expliquant ainsi que « là où il fallait avant quelques semaines pour mener un projet, il faut maintenant quelques années ».
Le patron de l’AMF a aussi pointé la trop faible indemnisation des maires : « La majorité des maires gagnent moins de 1080 euros, en dessous du SMIC. Très souvent, ils sont perdants financièrement», a-t-il regretté. « Quand vous êtes maire, vous travaillez beaucoup : quand un maire dirige des milliers de salariés quand il fait tout lui-même, il devrait avoir au moins une indemnité de cadre moyen. »
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