Le mal-être persiste dans la profession avec de nombreux motifs d’insatisfactions. Les manifestations d’agriculteurs se multiplient ; pouvoirs publics et hommes politiques se mobilisent pour aller à la rencontre du monde agricole.
En France, comme en Allemagne, en Roumanie et en Pologne, les manifestations d’agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines. Un mois avant l’ouverture du Salon de l’agriculture (du 24 février au 3 mars à Paris) et à l’approche des élections européennes, le gouvernement s’inquiète que le mouvement fasse tache d’huile.
Des motifs multiples d’insatisfaction
Hausse des charges, retards de paiements des subventions agricoles, sentiment d’être écrasés par des normes nationales ou européennes au nom de la transition écologique : les motifs de colère sont multiples et les actions de protestation encore localisées.
Outre le blocage de l’A64 Toulouse-Bayonne près de Carbonne (Haute-Garonne), qui dure depuis jeudi, Bison Futé et Vinci Autoroutes signalaient samedi matin des manifestations affectant la circulation automobile à la sortie 12 (Tarbes-Ouest) de cette même autoroute ainsi qu’au bout de l’A645 à Seilhan (Haute-Garonne) et sur la N124 près de L’Isle-Jourdain (Gers).
Après les manifestations sur Toulouse, les agriculteurs d’Occitanie bloquent maintenant l’A64. Un agriculteur évoque dans une vidéo de CNEWS, les problèmes de l’eau et de l’irrigation ainsi que du GNR (Gaz-oil non routier) et de sa taxation. La région a été également très touchée par la Maladie hémorragique épizootique (MHE) avec des pertes importantes pour les agriculteurs qui attendent des réponses de l’État. Il y a aussi les normes et interdictions, les quotas et la concurrence déloyale de produits agricoles étrangers non soumis à la même règlementation. Un agriculteur confie se mobiliser pour perpétuer ce qui constitue la base du pays, l’agriculture, sans colère mais de manière déterminée et dans le respect.
Le céréalier Joël Tournier, interrogé depuis l’A64, bloquée par les agriculteurs : «La mobilisation prend de plus en plus d’ampleur dans notre secteur», dans #LaMatinaleWE pic.twitter.com/s8oRvM8OfY
— CNEWS (@CNEWS) January 20, 2024
« Un truc qui bout »
« Le ras-le-bol des agriculteurs exprimé depuis des mois se transforme en colère partout en France », a souligné vendredi soir sur X le président de la FNSEA (syndicat agricole majoritaire) Arnaud Rousseau, précisant qu’il devait rencontrer Gabriel Attal lundi soir.
Son gouvernement doit porter prochainement un projet de loi pour favoriser la relève en agriculture. Le texte, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, prévoit notamment de créer un guichet unique pour accueillir les candidats à l’installation. La profession, elle, imaginait une loi plus ambitieuse.
« Il est grand temps que nos politiques qu’on alerte depuis des années prennent leurs responsabilités (…) parce que l’agriculture recule sur tous les plans en France », a déclaré sur Europe 1 samedi Arnaud Gaillot, le président de Jeunes agriculteurs, syndicat allié de la FNSEA. Il a demandé « qu’on allège les contraintes » sur l’agriculture. « Les agriculteurs ont toujours été les premiers au service de l’environnement » mais « on ne peut pas y aller à marche forcée », a-t-il ajouté.
« Cette colère est justifiée », a estimé samedi sur France Info le sénateur EELV Yannik Jadot, pour qui le gouvernement doit accompagner les agriculteurs vers « un modèle agricole (…) plus rémunérateur, socialement protecteur et qui respecte l’environnement ». « ne sous-estime pas le mouvement, la détresse des agriculteurs ».
« Je ne suis pas convaincu que cela finisse sur des mouvements impressionnants, car je ne crois pas que l’engagement du gouvernement soit à côté de la plaque », estime Jérémy Decerle, eurodéputé Renaissance et ancien président des Jeunes agriculteurs.
L’ancien éleveur et ex-député Renaissance Jean-Baptiste Moreau se montre, lui, plus inquiet : « Il y a un truc qui bout depuis longtemps à la base » et qui pourrait « se finir en violences ».
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, reconduit récemment dans ses fonctions, est attendu dans l’après-midi chez un éleveur laitier du Cher pour aborder « les grands chantiers du ministère à venir et notamment celui de la simplification », selon le ministère. Le ministre doit ensuite participer à une « réunion de travail avec les organisations professionnelles agricoles ».
Quant à Jordan Bardella, également tête de liste du RN aux élections européennes du 9 juin, il a annoncé sa venue dans le Médoc où il doit rencontrer des vignerons. Jordan Bardella a demandé la veille au Premier ministre Gabriel Attal de « décréter l’état d’urgence agricole » et d’« instaurer le patriotisme économique pour protéger nos agriculteurs ». « Nous sommes comme toujours aux côtés de nos agriculteurs, lâchés par le gouvernement, passés à la moulinette de l’UE qui les submerge de normes, négocie dans leur dos des traités de libre-échange mortifères », a tweeté samedi la cheffe de file des députés RN Marine le Pen.
L’Élysée a indiqué vendredi que le président Emmanuel Macron avait « demandé au ministre de l’Intérieur de donner instruction aux préfets d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs » et de leurs syndicats, « au plus près du terrain ». Dans le Pas-de-Calais par exemple, les discussions devraient porter sur « les suites des inondations, le dispositif d’aide et le montage des dossiers » afin de bénéficier du fonds de soutien exceptionnel débloqué par l’État, selon la préfecture qui rappelle que « les relations sont quasiment permanentes avec le monde agricole ».
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