Les marchés ont été confrontés mercredi à une réalité de mauvaises nouvelles tant macro que microéconomiques, qui a mis fin à plusieurs journées positives grâce aux signaux sanitaires encourageants.
Des données américaines déplorables ont mis fin à l’embellie bourgeonnante des derniers jours sur les Bourses européennes.
Toutes ont terminé la séance sur une perte de plus de 3%: -3,76% à Paris, -3,90% à Francfort, -3,34% à Londres, -3,79% à Madrid, et même -4,78% à Milan.
Wall Street était pour sa part dans le rouge depuis l’ouverture.
Plus tôt dans la journée, Tokyo avait fini en recul de 0,45%.
« Les marchés sont confrontés à la réalité et l’aversion au risque fait son retour », souligne auprès de l’AFP Eric Vanraes, gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza.
Et cela se traduit logiquement, résume-t-il, par des indices boursiers dans le rouge, rompant avec la tendance générale des cinq derniers jours, une claire détente des dettes allemande et américaine, considérées comme les plus solides, et « un pétrole sous les 20 dollars en dépit de toutes les dernières annonces ».
« C’est une piqûre de rappel pour prévenir que tout ne va pas repartir aussi rapidement que les marchés veulent le croire », indique de son côté à l’AFP Alexandre Neuvy, responsable de la gestion privée à Amplegest. « Le chemin à remonter va être plus long. »
Contraction du PIB mondial de 3%
Les prévisions du Fonds monétaire international, qui table désormais sur une contraction du PIB mondial de 3% et de jusqu’à 7,5% pour la zone euro, ont en particulier fait l’effet d’une douche froide en Asie et en Europe.
« Sur le plan économique, les statistiques sont chaque jour un peu plus impressionnantes: des contractions comprises entre 5 % et 10 % des PIB des grandes économies développées sont désormais annoncées », souligne Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué en chargé des gestions chez OFI Asset Management.
Les indicateurs qui commencent à intégrer les périodes de confinement viennent chaque jour renforcer ces sombres perspectives.
Ventes au détail ont chuté de 8,7%
Aux États-Unis, les ventes au détail ont chuté de 8,7% le mois dernier et la production industrielle de 5,4%, soit sa plus forte baisse enregistrée depuis janvier 1946.
Les publications des grandes banques américaines Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs ont confirmé le message envoyé par leurs consoeurs JPMorgan Chase et Wells Fargo la veille. Elles augmentent leurs provisions pour couvrir une avalanche attendue de prêts non remboursés des particuliers et des entreprises, faisant chuter ainsi leurs bénéfices par action.
Selon une analyse de Janus Henderson, « le consensus sur les prévisions de bénéfices et de dividendes à l’échelle mondiale reste trop optimiste et fera l’objet d’importantes révisions à la baisse ces prochaines semaines ».
Le secteur pétrolier sous pression
La pression qui s’exerce sur le secteur pétrolier ne favorise pas non plus la sérénité.
Les cours du pétrole étaient en forte baisse mercredi, dans la lignée de la veille, après une hausse plus forte qu’attendu des stocks de pétrole aux Etats-Unis et dans un marché qui doute de l’efficacité de la nouvelle coupe de l’Opep+.
Vers 17H50 GMT, le baril américain de WTI pour livraison en mai perdait 1,39% par rapport à la clôture de mardi, à 19,85 dollars. Il a même touché en début de séance européenne 19,20 dollars, au plus bas depuis 2002.
L’euro effaçait mercredi ses gains réalisés depuis une semaine face au dollar
Limites pour comparer à la crise 1930
Si la situation économique actuelle est régulièrement comparée à la crise des années 1930, ce parallèle trouve vite ses limites, estime toutefois Vincent Juvyns, stratégiste de JPMorgan AM.
« Il y avait énormément de spéculations sur les marchés avant 1929, même si les indices ont connu de fortes hausses en 2019, ce n’est pas du tout comparable. Par ailleurs, la réponse des autorités publiques a été beaucoup plus rapide et synchronisée au plan international avec des mécanismes de défense sociale plus développés », analyse-t-il pour l’AFP.
« Depuis quelques jours, les marchés étaient dans de meilleures dispositions. Mais objectivement, le prérequis pour arriver à une stabilisation durable passe par une stabilisation sur le front sanitaire », relève M. Juvyns.
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