Le gouvernement va prolonger les autorisations de travail des médecins à diplôme étranger qui étaient menacés de perdre leur poste après avoir échoué à un concours sélectif, une solution qui reste transitoire. Les lauréats du concours resteront dans leurs services actuels.
Ce lundi, dans un communiqué, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin explique vouloir, à la demande du président de la République, « sécuriser la situation des Padhue (praticiens à diplôme hors Union européenne), médecins devenus indispensables à notre système de santé ». « Notre système de santé souffre d’un manque de moyens humains. Nous ne pouvons nous passer de ces milliers de femmes et d’hommes qui contribuent à assurer l’offre de soins », a déclaré Catherine Vautrin.
Un régime dérogatoire qui permettait auparavant aux établissements d’embaucher des non lauréats sous divers statuts précaires s’est « éteint » au 31 décembre, rendant impossible leur maintien en poste. Ainsi, ces médecins étaient cette année contraints de réussir un concours sélectif, appelé « épreuves de vérification des connaissances » (EVC), pour pouvoir continuer à exercer.
« Discriminant pour des médecins qui bossent 60 heures par semaine »
Mais le nombre limité de places à ce concours – 2700 postes pour plusieurs milliers de candidats, qui peuvent aussi passer ce concours depuis l’étranger – avait laissé une grande partie d’entre eux sur le carreau, certains se retrouvant même « sans papiers » car leur carte de séjour est souvent conditionnée à leur travail.
Les médecins qui n’ont pas eu le concours « ne seront pas laissés sans solution : le gouvernement les autorisera à continuer de travailler durant les mois à venir », précise Catherine Vautrin dans ce communiqué. La prolongation des autorisations de travail pour les médecins à diplôme étranger vaudra jusqu’à « la publication des textes d’application de la loi du 27 décembre 2023 visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels (dite loi Valletoux, ndlr), qui permettra la délivrance d’attestations provisoires d’exercice dans l’attente d’un nouveau passage des EVC en 2024 », précise la ministre.
« Il était temps, c’est un premier élément de réponse à cette situation d’urgence qui était inacceptable », a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, selon l’AFP. Mais des points « restent à régler », dont la durée « trop courte » des titres de séjour. Pour ceux qui se voient prolongés jusqu’aux EVC 2024, « si c’est pour refaire le même concours ça ne sert à rien », a-t-elle ajouté, estimant que ce concours est « trop académique » et « discriminant pour des médecins qui bossent 60 heures par semaine ».
« La situation des près de 2700 candidats lauréats » est elle aussi « clarifiée » : « pour garantir la continuité des soins et ne pas désorganiser les services (…), les lauréats exerçant déjà sur le territoire national seront maintenus dans leurs fonctions et structures actuelles », assure-t-elle. « Les autres lauréats choisiront leurs postes dans les prochaines semaines. » Chefs de service et syndicats hospitaliers avaient aussi dénoncé la répartition territoriale prévue pour les lauréats du concours, établie par les services de l’État, estimant qu’elle allait priver de nombreux services d’une partie de leurs bras.
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