La guerre entre Israël et le Hamas, qui entre dans sa troisième semaine, a dépassé le stade de la violence physique pour se transformer en une guerre de l’information.
Pris au milieu de cette bataille pour les narratifs, les grands médias se sont retrouvés sous le feu des critiques après avoir accepté sans trop de scepticisme les informations communiquées par la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, adoptant initialement un discours en faveur du Hamas après l’explosion meurtrière d’un hôpital, mardi dernier.
Le Hamas, qui a déclenché la guerre par des tirs de roquettes et des infiltrations massives en Israël, a immédiatement accusé l’armée israélienne d’avoir bombardé l’hôpital arabe al-Ahli de Gaza, affirmant que l’explosion avait tué au moins 500 personnes.
Les autorités israéliennes ont réfuté ces affirmations et imputé la responsabilité des pertes humaines de l’explosion à une attaque à la roquette ratée menée par le Djihad islamique, un groupe terroriste qui lutte aux côtés du Hamas. Cette affirmation a été confirmée par une évaluation des services de renseignement du Pentagone, qui a estimé le nombre de morts à environ 50.
« Alors que nous continuons à collecter des informations, notre évaluation du moment, basée sur l’analyse des images aériennes, des données interceptées et des informations disponibles, est qu’Israël n’est pas responsable de l’explosion survenue hier dans cet hôpital de Gaza », a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, ce mercredi.
Mais plusieurs organes de presse, notamment la BBC, le New York Times et CNN, se sont déjà empressés d’amplifier la version du Hamas, alimentant ainsi des manifestations pro-palestiniennes chargées d’émotion à travers le monde, notamment devant les ambassades américaines au Liban, en Turquie et en Tunisie.
La couverture de la BBC assimilée à une « accusation de meurtre rituel »
La BBC, dont le journaliste a admis un manque de clarté sur la situation mais a suggéré qu’Israël était probablement en tort, a été l’un des premiers grands médias à faire face à des critiques sévères. Dans un message publié sur X, le gouvernement israélien a comparé la couverture de la BBC à une accusation de meurtre rituel, une allégation antisémite vieille de plusieurs siècles qui prétend que les juifs enlèvent et assassinent des enfants chrétiens pour utiliser leur sang dans des rituels religieux.
« Hey [BBC World], depuis ce matin, votre article diffamatoire sur l’attaque de l’hôpital est toujours en ligne », peut-on lire dans le message. « Vous êtes exposés, et maintenant tout le monde vous voit aussi. »
Le média britannique a tout d’abord défendu son reportage sur sa page de corrections, mais a finalement reconnu que c’était une erreur du journaliste de se lancer dans cette spéculation lors de son émission diffusée immédiatement après l’attentat.
« Nous reconnaissons que, même dans cette situation qui évolue rapidement, il était erroné de spéculer de la sorte, même s’il n’a à aucun moment signalé qu’il s’agissait d’une frappe israélienne », a déclaré la BBC.
« Cela ne représente pas la totalité de la production de la BBC, et quiconque regarde, écoute ou lit notre couverture peut voir que nous avons présenté les affirmations des deux camps à propos de l’explosion, en indiquant clairement qui les dit et ce que nous savons ou ne savons pas. »
Édition furtive
Le New York Times a également subi une humiliation sur les réseaux sociaux, car Elon Musk, propriétaire de X, a retiré le badge de vérification doré du compte X officiel du journal. Le badge doré est réservé aux comptes des « organisations officielles ».
Le New York Times dispose désormais d’un badge bleu moins prestigieux, accessible à tous les utilisateurs disposés à payer un abonnement de 8 dollars par mois.
Bien qu’Elon Musk n’ait fourni aucune explication à ce sujet, cette décision serait en rapport avec la façon dont le New York Times aurait traité le dossier relatif à l’explosion de l’hôpital.
Immédiatement après l’incident, le New York Times a publié un article titré « Une frappe israélienne tue des centaines de personnes dans un hôpital, selon les Palestiniens », accompagné d’une photo d’un bâtiment détruit situé dans une autre partie de la bande de Gaza.
La photo comportait une légende précisant qu’elle ne montrait pas l’hôpital de la ville de Gaza, même si celle utilisée dans le post X de l’article, vraisemblablement vue par un grand nombre des 55 millions de followers du New York Times, ne comportait pas de légende précisant qu’elle provenait d’un autre endroit.
Les rédacteurs du New York Times ont ensuite modifié le titre en : « Au moins 500 morts dans l’attaque de l’hôpital de Gaza, selon les Palestiniens », puis : « Au moins 500 morts dans l’explosion de l’hôpital de Gaza, selon les Palestiniens ». Contrairement à la BBC, le New York Times n’a pas publié d’avis officiel de correction, mais a discrètement modifié le libellé de l’article original.
Ce comportement, décrit par certains utilisateurs de X comme une « édition furtive », a été largement dénoncé par l’ensemble du spectre politique.
« En l’espace de quelques heures, on est passé d’une frappe israélienne à une explosion ambiguë », a commenté Beri Weiss, ancienne rédactrice en chef et rédactrice d’opinion pour le New York Times. « Quels que soient les faits, cette alerte médiatique – Israël prend pour cible un hôpital, des centaines de morts – est reprise déjà dans le monde entier. »
« Le New York Times n’a pas simplement bâclé l’histoire de l’hôpital de Gaza. Il a fait quelque chose de pire », a écrit le député Ted Lieu (Parti démocrate – Californie). « Ils ont intentionnellement écrit un titre accrocheur imputant faussement la responsabilité à Israël pour générer des clics lors d’une nouvelle de dernière minute, sans attendre de confirmation ou de faits réels. »
En réponse aux retombées, un porte-parole du New York Times a insisté sur le fait qu’ils appliquaient « rigueur et soin » à leurs « reportages étendus et continus » avec un effort explicite pour s’assurer que les lecteurs comprennent lorsqu’une histoire est en cours de développement.
« Concernant les événements de dernière minute, nous rapportons ce que nous savons au fur et à mesure que nous l’apprenons », a déclaré le New York Times dans un communiqué. « Et au fur et à mesure que les faits sur le terrain s’éclaircissent, nous continuons à les rapporter. Notre couverture détaillée et continue concernant l’hôpital de Gaza permet de clarifier le flou qui entoure les événements qui s’y sont déroulés. »
CNN veut juste une histoire, affirme un responsable israélien
Entre-temps, une interview sur CNN du lieutenant-colonel Peter Lerner, porte-parole des Forces de défense israéliennes, a pris une tournure agressive lorsqu’on lui a demandé s’il disposait d’éléments « suffisants » pour « convaincre ceux qui croient qu’Israël est responsable » de la tragédie de l’hôpital.
Frustré par la question, M. Lerner a accusé la chaîne de ne pas vraiment vouloir de preuves.
« Nous le savons parce que nous savons que Tsahal n’a pas mené d’opérations dans leur zone – ni par voie terrestre, ni par voie maritime, ni par voie aérienne. Nous le savons parce que nos radars ont identifié la trajectoire des roquettes, alors qu’elles étaient lancées au-dessus de l’hôpital al-Ahli », a souligné M. Lerner, déçu. « Il suffit de regarder Al Jazeera, qui l’ont retransmis en direct… Ils ont retransmis l’impact de la roquette dans la bande de Gaza. »
« Si vous demandez des preuves, vous n’en voulez pas vraiment, vous voulez juste vous assurer que vous avez une histoire », a-t-il soutenu, ce à quoi Becky Anderson, de CNN, a fermement répliqué.
« Ne laissez pas entendre que nous n’essayons pas d’identifier la vérité, car c’est exactement ce que nous faisons », a-t-elle rétorqué au représentant des forces de défense israéliennes. « Je rapporte ce que d’autres personnes – ce que les Palestiniens demandent. »
« Ce ne sont pas les Palestiniens, vous répétez ce que dit le Hamas », a argué M. Lerner, avant que la présentatrice n’écourte l’interview et n’entame une pause.
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