Arriver vite, sans connaître la durée et les contours exacts de la mission… Les militaires français se déploient progressivement avec l’Otan en Roumanie, tout près de l’Ukraine envahie par la Russie.
Pas pour se battre, mais gardant à l’esprit que la guerre de haute intensité commence à deux heures d’ici.
La quarantaine d’hommes sous ses ordres a débarqué jeudi 3 mars, sur la base Mihail Kogalniceanu, tout près de Constanta, sur les rives de la Mer Noire.
« L’armée française appelée par l’Otan est venue rassurer les populations de l’Europe de l’Est »
Avec leurs deux tubes mortiers, leurs missiles moyenne portée, ils viennent s’insérer dans le dispositif d’environ 500 militaires que la France déploie en urgence dans le cadre de l’Otan après l’attaque russe contre l’Ukraine.
« La France appelée par l’Otan est venue rassurer les populations de l’Europe de l’Est », résume le capitaine Benoît, 35 ans, du 27e bataillon de chasseurs alpins, qui lui est arrivé lundi.
Avec les hommes du lieutenant Tanguy débarquent aussi de l’A330 de l’escadron Esterel quatre militaires belges, chargés de préparer l’arrivée, « dans quelques jours », de plus de 300 soldats du 1/3 Lanciers belge, de l’infanterie motorisée équipée d’une vingtaine de véhicules de combats dont des véhicules canons, explique leur officier de liaison.
En attendant, ceux qui arrivent s’installent dans de grandes tentes blanches sur la base où campent déjà un millier de militaires américains dans des installations en dur.
« On ne sait pas encore exactement ce qu’on va faire »
« On est contents, un peu excités, on ne sait pas encore exactement ce qu’on va faire, c’est un cadre différent des précédentes missions », expliquait avant l’embarquement le sergent Kenan, 24 ans, adjoint au chef de groupe mortier au 126e RI.
Depuis près de vingt ans, les missions des armées ont été très fortement marquées par la lutte anti-jihadiste, contre un ennemi mobile, dissimulé parmi les populations sur de vastes zones sans front réellement défini.
Une guerre de « haute intensité » arrive
Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est la guerre entre États, dite de haute intensité qui revient en force, comme anticipé par la doctrine française depuis quelques années.
A un peu plus de deux heures de route commence l’Ukraine en guerre, où 120.000 militaires russes affrontent 90.000 ukrainiens, selon les chiffres de l’état-major français.
« On s’entraîne pour la haute intensité, donc on n’a pas de soucis. On sait qu’on est bien entraînés, on est sûrs de nous, de nos capacités », confie le 1re classe Yoann du 126e RI, 20 ans, dont c’est le deuxième déploiement à l’étranger après une mission au Gabon.
L’Otan et la France ne sont pas en guerre contre la Russie
« Nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », a prévenu mercredi 2 mars au soir Emmanuel Macron dans une allocution aux Français.
« On est prêts à faire la guerre, on a tout ce qu’il faut, mais on n’y va pas pour ça », résume le lieutenant Tanguy.
« Aux familles, on a dit, je pars et je ne sais pas exactement quand je reviens », explique l’officier belge. Car face à l’offensive russe, les militaires ont été projetés en urgence en Roumanie.
Cette mobilisation de plusieurs nations dans un court délai nécessite une organisation rigoureuse, les armées occidentales n’ayant pas en propre toutes les capacités pour se projeter. Elles ont donc aussi recours au service d’une compagnie privée pour acheminer par gros porteurs Antonov 124 une partie du matériel sur la base roumaine.
« Cette culture d’être prêt avait été un peu perdue » ces dernières années, estime l’officier belge. « Ce genre de rappel est salutaire pour les militaires, pour les familles, et pour les décideurs, car la force c’est aussi ça: la réactivité ».
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