Le chef des droits de l’homme aux Nations unies Volker Türk a exhorté les talibans à abroger plusieurs lois adoptées la semaine dernière, estimant qu’elles réduisent les femmes afghanes à des « ombres sans visage et sans voix ».
Ces lois, décrites par les talibans comme décourageant le vice et promouvant la vertu, interdisent aux femmes de parler et de se montrer à visage découvert en public.
Elles sont entrées en vigueur le 22 août, après avoir été approuvées par Haibatullah Akhundzada, chef suprême de l’Afghanistan.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi, M. Türk a déclaré que ces lois consolidaient « les politiques qui effacent complètement la présence des femmes en public, en réduisant leur voix au silence et en les privant de leur autonomie individuelle, tentant ainsi de les transformer en ombres sans visage et sans voix ».
L’avocat d’origine autrichienne, qui occupe le poste de haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme depuis octobre 2022, a souligné que cette situation était « totalement intolérable ».
Dans une déclaration sur le site de l’ONU, le porte-parole de M. Türk a indiqué que la nouvelle législation afghane « renforce un nombre de restrictions existantes qui violent les droits fondamentaux [des femmes], notamment leur liberté de mouvement, leur liberté d’expression et leur droit de vivre sans être discriminées ».
Les lois exigent que les femmes portent des vêtements qui couvrent entièrement leur corps de la tête aux pieds, y compris leur visage ; elles interdisent aux fournisseurs de transport de transporter des femmes à moins qu’elles ne soient accompagnées d’un parent masculin ; et elles interdisent aux femmes de faire entendre leur voix en public, a précisé le porte-parole.
L’ONU a expliqué que la législation était définie de manière vague et qu’elle affectait aussi le droit d’une personne à pratiquer sa religion.
Les talibans, une organisation musulmane sunnite, considèrent non seulement le christianisme, le judaïsme et l’hindouisme comme des hérésies, mais aussi d’autres confessions et groupes islamiques, comme les musulmans chiites et la communauté musulmane Ahmadiyya.
Les Nations unies se sont également déclarées préoccupées par le fait que les lois confèrent « aux agents de l’État des pouvoirs étendus et discrétionnaires pour détenir des gens, leur infliger des sanctions ou saisir les tribunaux ».
Après le retrait des forces américaines d’Afghanistan en 2021 et la reprise de Kaboul par les talibans, ces derniers ont mis en place un ministère chargé de la « propagation de la vertu et de la prévention du vice », qui a élaboré les nouvelles lois.
Il est désormais interdit aux médias afghans de publier des images d’êtres humains, hommes ou femmes.
Les Nations unies ont souligné que les nouvelles lois constituaient une « violation flagrante des obligations de l’Afghanistan en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme ».
Au début du mois, une autre agence des Nations unies, l’UNESCO, a accusé les talibans de priver délibérément 1,4 million de filles de scolarité en Afghanistan.
Selon l’interprétation par les talibans de la charia, ou la loi islamique, les filles ne doivent pas être scolarisées au-delà de la sixième année.
En réponse aux critiques formulées à l’encontre des nouvelles lois, Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans, a publié un communiqué dans lequel il déclare : « Nous appelons à une compréhension approfondie de ces lois et à une reconnaissance respectueuse des valeurs islamiques. Rejeter ces lois sans une telle compréhension représente, à notre avis, une expression d’arrogance. »
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