Ceux qui ont besoin d’un organe, pour eux ou pour un proche, connaissent bien ce problème : il n’y a pas assez d’organes donc la période d’attente est longue.
Ce besoin désespéré, et les profits potentiels, a entraîné des efforts de recherche dignes de Frankenstein.
Le besoin d’organes peut rapidement devenir une question de vie ou de mort. Selon planetoscope.com, l’OMS estime à 90.000 le nombre de greffes et dons d’organes réalisés chaque année, ce qui représente plus de 10 dons par heure. Le rein est de loin l’organe le plus greffé (66.000 transplantations par an).
Les transplantations les plus courantes concernent le cœur, les reins, le foie, le pancréas, les poumons, les os et la moelle osseuse, la peau et les intestins. Certaines de ces transplantations proviennent de donneurs vivants, mais la plupart sont obtenues après le décès du donneur.
Les différents organes restent viables plus ou moins longtemps après le décès du patient ou après le prélèvement de l’organe sur le défunt.
Selon Donor Alliance, le foie peut rester viable pour une transplantation jusqu’à 12 heures, et les reins jusqu’à 36 heures. Mais pour d’autres organes, comme le cœur ou les poumons, cette fenêtre est beaucoup plus courte, de l’ordre de 4 à 6 heures.
Avec si peu d’organes disponibles pour tant de personnes dans le besoin, les scientifiques subissent une pression énorme et tendent à repousser les limites de l’éthique médicale avec des produits et des procédures qui pour certains représentent une dérive scientifique.
Ces développements d’avant‑garde soulèvent des questions fondamentales sur la vie humaine, la marchandisation du corps humain et la définition même du terme « humain ».
Mettons de côté les horreurs évidentes du prélèvement forcé d’organes sur les prisonniers de conscience en Chine, notamment les Tibétains, les Ouïghours et, plus particulièrement, les pratiquants de Falun Gong, « les principales victimes de cette pratique cruelle », selon la Commission des droits de l’homme des États‑Unis.
Tout le monde peut convenir que cette pratique est odieuse, mais il existe d’autres nouvelles pratiques qui soulèvent des questions plus complexes, notamment une nouvelle pratique dont certains craignent qu’elle soit utilisée pour limiter la « règle du donneur mort ».
Cette règle exige qu’un patient soit mort, et souvent pendant plusieurs minutes, avant que ses organes ne soient prélevés. Cela permet de s’assurer que les organes proviennent uniquement de personnes décédées.
Faire revivre les morts – partiellement
Les médecins utilisent une technologie relativement nouvelle, la perfusion régionale normothermique (PRN) chez les donneurs décédés par arrêt circulatoire contrôlé (DDAC) pour élargir la fenêtre des transplantations d’organes et rendre davantage d’organes disponibles.
Désormais, les patients en phase terminale sont autorisés à mourir puis à être partiellement ressuscités. Leur sang circule à l’aide de machines qui le réchauffent, mais les artères qui alimentent le cerveau sont ligaturées.
Dans une étude publiée dans la revue Cureus en 2022, les chercheurs favorables à la PRN affirment qu’il s’agit « d’une technologie émergente, une alternative rentable au don d’organes, elle permettra d’augmenter le nombre de donneurs pour les transplantations cardiaques ».
Entre autres avantages, la PRN « restaure la fonction cardiaque » et permet « une perfusion continue de sang chaud », écrivent les chercheurs.
Jusqu’à présent, les chirurgiens transplanteurs ne prélevaient pas les organes de patients qui n’étaient pas en état de mort cérébrale, même s’ils ne pouvaient pas survivre sans assistance respiratoire. Cette procédure soulève des questions sur ce que l’on peut faire du corps après la mort et sur la définition de la « mort » elle‑même. D’autres procédures remettent en question la définition du corps humain.
Transplantations à partir d’animaux génétiquement modifiés
Les scientifiques se sont engagés dans une course pour développer des animaux génétiquement humanisés pour leurs organes. Par exemple, les scientifiques essaient actuellement de cultiver des organes humains dans des cochons et d’autres animaux génétiquement modifiés, et en 2017, la création de ce qui est prétendument le premier hybride mi‑humain, mi‑cochon a été annoncée.
La xénotransplantation (utilisation de donneurs d’organes animaux) est loin d’être une nouveauté. La première transplantation de cornée entre un porc et un humain, par exemple, a été réalisée en 1838, selon la revue EMBO Reports, mais la xénotransplantation cumulait les échecs jusqu’à récemment.
Avec l’avènement de l’édition de gènes CRISPR (clustered, regularly interspaced, short palindromic repeats) et de la science des cellules souches, une nouvelle forme d’animaux « chimériques » dotés d’organes humains a rendu la xénotransplantation viable.
Les médecins avaient pratiquement renoncé à ce type de procédure après trop d’expériences comme celle du Dr Keith Reemtsma dans les années 1960. Le Dr Reemtsma, chirurgien transplanteur à l’université de Tulane, a inséré des reins de singe rhésus et de chimpanzé dans des humains, mais les greffes ont toutes échoué.
« Un nourrisson connu sous le nom de Baby Fae a reçu un cœur de babouin au centre médical de l’université de Loma Linda, en Californie, en 1984, mais il est mort d’un rejet 21 jours plus tard », a écrit le Dr Joshua Mezrich, chirurgien spécialisé dans les transplantations, dans le Wall Street Journal.
Après d’autres échecs, les médecins transplanteurs ont complètement arrêté de travailler avec des organes animaux, écrit le Dr Mezrich, et « seule l’implantation de tissus inertes provenant d’animaux, tels que des valves cardiaques, a continué ».
Un risque majeur de la transplantation est que le système immunitaire humain attaque et rejette l’organe nouvellement transplanté comme étant étranger.
Selon le site américain sur la santé MedlinePlus, « tous les receveurs [d’organes] présentent un certain degré de rejet aigu » et si des médicaments anti‑rejet ne sont pas utilisés, ce qui est risqué en soi, « l’organisme déclenchera presque toujours une réponse immunitaire et détruira le tissu étranger ».
Lorsque les greffes proviennent de porcs, un animal donneur préféré aux primates en raison de sa taille, du temps de reproduction et de l’acceptation publique de son utilisation, leur protéine intrinsèque, l’alpha‑gal, entraîne un rejet humain rapide.
En 2020, la FDA a approuvé un porc sans alpha‑gal, la première altération génomique intentionnelle. Certains chercheurs et scientifiques médicaux veulent utiliser des porcs génétiquement modifiés pour prévenir le rejet de leurs organes chez l’homme.
Problèmes liés à la recherche sur les transplantations
À mesure que le corps humain devient plus manipulable par les chirurgiens et les scientifiques, la recherche sur les transplantations nécessite toujours plus de corps humains « vivants ». Cela peut compliquer le processus de deuil pour les membres de la famille ou jouer sur les émotions des receveurs d’organes eux‑mêmes.
Par exemple, au début de l’année, des scientifiques du NYU Langone Health de New York ont annoncé leur intention d’étudier le comportement de reins de porc chez des personnes en état de mort cérébrale pendant deux à quatre semaines.
Après la transplantation d’un cœur de porc à Alva Capuano, en état de mort cérébrale, dans le cadre d’une étude menée au centre médical Langone, son mari, Richard Capuano, a déclaré au Wall Street Journal que la décision « a été extrêmement difficile à prendre pour toute la famille ».
« Même si nous avons réalisé qu’elle était déjà morte et qu’elle ne reviendrait pas, il y a toujours un respirateur en marche et il y a toujours un battement de cœur. Psychologiquement, cela joue beaucoup », a‑t‑il ajouté.
Beaucoup se souviennent de la récente saga de David Bennett, 57 ans, premier receveur humain d’un cœur de porc, qui est mort quelques semaines après sa transplantation, apparemment à cause d’un cytomégalovirus porcin (bien que l’herpèsvirus humain 6, qui peut avoir une réaction croisée avec le cytomégalovirus, ait également été trouvé chez Bennett).
Selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, les porcs utilisés dans les récentes transplantations cardiaques humaines ratées à Langone étaient considérablement modifiés.
« Les modifications génétiques du porc donneur (y compris son cœur) se répartissaient en deux catégories : celles qui inactivaient les gènes du porc et celles qui introduisaient des gènes humains. Au total, 10 modifications différentes ont été introduites, la plupart pour prévenir le rejet de la greffe par le système immunitaire humain », note le journal.
Le receveur du cœur de porc, Bennett, avait des antécédents criminels et s’est vu refuser un cœur humain parce qu’il était connu pour ne pas suivre les conseils médicaux, ce qui soulève d’autres questions en matière de transplantation.
Les experts scientifiques et éthiques s’expriment
Si beaucoup applaudissent les percées scientifiques qui permettent de transplanter davantage d’organes chez l’homme (et ces développements qui peuvent certainement être lucratifs), d’autres s’interrogent sur la direction que nous prenons. Dans une déclaration publiée en 2021, l’American College of Physicians (ACP) a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant la PRN.
Selon cette déclaration, la procédure « est plus précisément décrite comme un prélèvement d’organes après un arrêt cardio‑respiratoire et l’induction de la mort cérébrale. Elle soulève d’importantes préoccupations et questions éthiques concernant la règle du donneur mort, les obligations éthiques fondamentales de respect, de bienfaisance et de justice, et l’impératif de ne jamais utiliser un individu simplement comme un moyen de servir les fins d’un autre, aussi nobles ou bonnes que soient ces fins ».
L’ACP est la plus grande société de spécialistes médicaux au monde, avec 160.000 membres de par le globe.
Des Animaux « humanisés »
Dans un article publié en 2018 dans la revue Embo Reports, les auteurs s’inquiètent du fait que les cellules souches humaines transplantées dans des embryons de porc génétiquement modifiés « migreront vers le cerveau de l’animal et modifieront son comportement ou son état cognitif ». Alors qu’une telle présence cérébrale pourrait propulser la recherche sur les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, « il n’y a pas de consensus sur l’évaluation précise de ce que signifie posséder un état cognitif de type humain », écrivent les chercheurs.
« L’état d’humain sera‑t‑il définit par un pourcentage de cellules cérébrales humaines exprimées dans une chimère homme‑animal ? » s’interrogent les chercheurs.
Les National Institutes of Health (NIH) des États‑Unis ont refusé de soutenir la transplantation de chimères humaines et animales pour cette raison.
En outre, la technologie génétique avancée dont nous disposons aujourd’hui va‑t‑elle finalement être utilisée sur « des embryons humains sains pour créer des bébés sur mesure destinés à être améliorés sur un plan comportemental ou esthétique ? »
Selon Nita Farahany dans une récente interview pour le Wall Street Journal, professeur de droit et de philosophie à la Duke Law School, le génie génétique est sur une pente glissante. Les scientifiques ne savent toujours pas comment l’insertion de gènes humains par modification génétique affecte les capacités cognitives des animaux, de sorte « que l’on commence à brouiller la frontière entre les humains et les animaux non humains », explique‑t‑elle.
Transmission de maladies
Une recherche publiée dans le magazine Philosophy Now soulève une autre question : la possibilité de transmission de maladies et de futures pandémies occasionnées par la transplantation.
« Des maladies comme le VIH, Ebola, l’hépatite B et, plus récemment, la grippe aviaire, sont apparues chez les animaux », écrit Laura Purdy, coauteure, dans le magazine. « Les porcs, sur lesquels se concentrent aujourd’hui les recherches actuelles sur la xéno, auraient été le vecteur de l’épidémie dévastatrice de la grippe de 1918. »
Des virus connus et inconnus sont intégrés à l’ADN des porcs, comme c’est le cas chez tous les mammifères, explique Laura Purdy, et « des organismes actuellement inoffensifs, comme le colibacille qui vit dans nos intestins, pourraient acquérir de nouvelles caractéristiques, éventuellement nocives, à partir des micro‑organismes qui sont venus faire un tour sur les organes de porc. »
Qu’il s’agisse de la chirurgie extrême de la PRN ou de la création de chimères porc‑homme, la course au prélèvement de nouveaux organes est problématique explique les spécialistes.
« À certains égards, la détermination légale de la mort et la pratique médicale commencent à diverger d’une manière qui soulève des défis éthiques et juridiques complexes auxquels nous serons de plus en plus confrontés en tant que société », explique le Pr Farahany, de l’université Duke, à Epoch Times.
Au‑delà des problèmes moraux liés au fait de donner plus d’intelligence à des porcs génétiquement modifiés, ou des problèmes de santé liés à l’insertion d’organes animaux dans des personnes, il existe des questions fondamentales sur la façon dont nous transformons le corps en marchandise et sur ce que cela signifie pour le caractère sacré du corps pour les générations futures.
À une époque où des personnes peuvent être licenciées ou censurées pour ne pas s’être fait injecter un vaccin à ARNm relativement nouveau et non vérifié, que certains décrivent comme une thérapie génique, ces questions revêtent une urgence particulière.
Étant donné que nombre de ces défaillances d’organes sont dues à des facteurs évitables liés au mode de vie, tels que le stress, l’alimentation et le manque de mouvement naturel, on peut se demander si nous ne faisons pas passer les intérêts scientifiques et commerciaux avant les êtres humains qu’ils doivent servir.
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