Les opérations chirurgicales de la langue chez les bébés sont en hausse

L'AAP (American Academy of Pediatrics) note une tendance croissante dans les diagnostics et les interventions chirurgicales chez les bébés malgré l'absence de consensus clinique sur les options de traitement

Par Huey Freeman
10 août 2024 20:07 Mis à jour: 11 août 2024 16:09

L’Académie américaine de pédiatrie a publié récemment de nouvelles recommandations pour le traitement et le diagnostic de l’ankyloglossie, après avoir constaté une augmentation des diagnostics et des interventions chirurgicales chez les bébés au cours des dernières années.

L’ankyloglossie, qui  se définit comme un « frénulum ou frein de langue trop court et/ou trop fibreux (donc peu élastique) » est une variation naturelle de la structure buccale, écrivent les médecins. Cependant, chez certains bébés, elle peut gêner l’alimentation lorsque le frénulum de la langue, le tissu qui relie la langue au plancher de la bouche, est trop court ou trop serré pour permettre l’amplitude de mouvement nécessaire.

Dans ces cas, des traitements sont envisagés.

« Il n’y a pas de consensus sur le traitement de l’ankyloglossie, ce qui entraîne de grandes variations dans la pratique dans le monde », indique le rapport clinique.

Malgré l’absence de consensus, les diagnostics et les interventions chirurgicales visant à retirer ou à couper le frénulum sont récemment devenus plus fréquents, ce qui amène certains pédiatres à se demander si les bébés ne sont pas surdiagnostiqués.

L’ablation du frénulum par la chirurgie du frein de langue (frénectomie) est considérée comme rapide et peu inconfortable, car le frénulum comporte peu de terminaisons nerveuses ou de vaisseaux sanguins. Les complications sont rares, mais elles peuvent inclure des saignements, des infections, des lésions de la langue ou des glandes salivaires et des cicatrices.

Augmentation des diagnostics et des traitements

Selon des études citées dans le rapport, le nombre de diagnostics de cette maladie a considérablement augmenté ces dernières années, avec près de 10 fois plus de cas en 2012 qu’en 1997. Les cas ont plus que doublé entre 2012 et 2016. Environ 70.000 cas ont été signalés en 2016, contre environ 5000 en 1997.

Des études antérieures mentionnées dans le rapport ont montré que la prévalence des opérations chirurgicales de la ligature de la langue a augmenté parallèlement à l’augmentation rapide des diagnostics.

« Ces augmentations significatives de l’incidence des diagnostics d’ankyloglossie et des taux de réalisation de frénotomie peuvent être attribuées à une augmentation réelle de l’incidence, à une amélioration de la précision du diagnostic ou à un surdiagnostic », écrivent les auteurs de l’AAP.

Diagnostic et traitement

C’est un pédiatre qui diagnostique l’ankyloglossie ; toutefois, cette affection peut être suspectée si la mère éprouve des douleurs pendant l’allaitement ou si le bébé prend mal le sein ou ne prend pas suffisamment de poids.

Le traitement le plus courant de l’ankyloglossie est la frénotomie du nourrisson, qui consiste à couper le tissu reliant la langue au plancher de la bouche. Les lasers sont de plus en plus utilisés depuis quelques années, mais « les preuves sont insuffisantes » pour étayer les affirmations selon lesquelles une technique, comme le laser, est supérieure à une autre, selon une déclaration de consensus clinique de 2020.

Controverse sur les procédures de frénotomie

L’anatomie détaillée du frénulum, également connu sous le nom de frein lingual, ou filet de langue, n’a jamais été décrite et « aucune base anatomique n’a été proposée pour la variabilité individuelle de la morphologie du frénulum », selon une étude de 2019 publiée dans Clinical Anatomy.

Les auteurs ont écrit qu’en raison de « l’incertitude clinique autour de l’anatomie normale et anormale du frénulum », il est essentiel de comprendre le frénulum de chaque personne et sa relation avec son anatomie.

Selon les auteurs de l’étude Clinical Anatomy, les débats intenses sur les médias sociaux ont remis en question les procédures de frénotomie, surtout si elles ne donnent pas lieu à des améliorations. Les bébés peuvent alors être soumis à d’autres frénotomies pour corriger le problème.

Les opérations du frenulum présentent le risque de léser des branches nerveuses, note l’AAP. Les lésions nerveuses peuvent compromettre la sensibilité de la langue, ce qui peut être négligé chez les nourrissons. Les lésions des branches du nerf lingual pourraient être particulièrement préoccupantes chez les nourrissons ayant des difficultés à allaiter.

Les cliniciens de l’AAP ont formulé plusieurs recommandations, notamment que les bébés dont le frein de la langue n’affecte pas leur alimentation n’aient pas besoin d’être opérés. Certains cas de frein de langue, dans lesquels le tissu se connecte plus en arrière sur la langue, sont actuellement mal définis, et une intervention chirurgicale n’est pas justifiée dans ces cas.

Selon les auteurs, il est nécessaire de mettre au point une méthode normalisée d’identification et de classification des types de frein de langue et de poursuivre les recherches afin d’évaluer les conséquences à long terme sur la santé, la gravité et les risques de problèmes d’alimentation.

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