La Révolution française, de 1789 à 1799, a eu une grande influence sur Karl Marx et sur les débuts du communisme. Nous avons précédemment écrit sur Gracchus Babeuf, considéré comme le premier communiste révolutionnaire, et son influence directe sur Marx ; nous avons également écrit à propos de Maximilien Robespierre, dont la Terreur violente a eu une forte influence aussi bien sur Babeuf que sur Vladimir Lénine.
Mais quelles étaient les idées qui ont incité Robespierre à commencer sa Terreur ? Quel était l’environnement qui inspira la haine athée derrière le mouvement de déchristianisation de la Révolution française ? Et que cela a-t-il inspiré aux soulèvements révolutionnaires des XIXe et XXe siècles ?
Pour le comprendre, nous devons nous immerger dans l’environnement culturel et philosophique en Europe au moment de la Révolution française.
La religion et la politique
Le communisme a grandi à une époque où tout était reconsidéré, dans cette période du milieu à la fin du XVIIe siècle qui a vu d’importants changements politiques et religieux.
Le développement du protestantisme avait conduit au premier Grand Réveil dans les années 1730 et 1740 et a attiré de nombreuses personnes mécontentes de l’Église catholique. De la même façon, la Révolution américaine entre 1775 et 1783 a montré une alternative à la royauté.
Ces événements ont poussé à croire qu’il était possible de mener des vies indépendantes des hiérarchies existantes, et ont stimulé la recherche de nouvelles idées et alternatives aux systèmes religieux et politiques existants.
Le nouveau système américain a tenté de créer des libertés individuelles en limitant le pouvoir du gouvernement. Il a a permis aux citoyens de développer leur richesse et de faire leurs choix de vie avec une plus grande liberté.
Le système européen a, lui, tenté de dégager les individus de leur adhérence aux traditions, de remplacer la pratique individuelle de la foi par des croyances encouragées par l’État, et de tenter d’atteindre l’égalité par des redistributions étatiques. Il est rapidement devenu évident que ceci n’était possible que par un système totalitaire qui imposerait sa volonté aux individus.
« Ils ne sont pas en révolte contre le roi. Ils sont en révolte contre les citoyens. »
— G.K. Chesterton
Quelques années seulement après la Révolution bolchévique de Lénine en Russie, le célèbre essayiste G.K. Chesterton a écrit le 21 mars 1925 que les nouveaux systèmes communistes « ne se rebellent pas contre une tyrannie anormale ; ils se rebellent contre ce qu’ils pensent être une tyrannie normale – la tyrannie de la normale ».
« Ils ne sont pas en révolte contre le roi », écrit-il. « Ils sont en révolte contre le citoyen. »
Il note que cette « nouvelle religion » du communisme reprend les structures des religions traditionnelles – avec ses propres « écritures », les textes de Marx et d’Engels, que ses dirigeants ont élevé en « prophètes » du système, et avec une caste cléricale dans le comité du Politburo et des apologistes communistes en Occident.
Sociétés secrètes
Léon Trotsky, un dirigeant du Parti communiste russe aux côtés de Lénine, a noté l’importance de cela dans son autobiographie de 1930, « Ma Vie ».
Barruel écrit que les Jacobins prêchaient l’idée que « tous les hommes sont libres et égaux », mais qu’au nom de la l’égalité et de la liberté ils « foulaient aux pieds l’autel et le trône ; ils ont incité toutes les nations à la révolte et cherchaient à les plonger finalement dans les horreurs de l’anarchie ». Weishaupt a lui-même appelé à l’abolition de tout gouvernement ordonné, de l’héritage, de la propriété privée, du patriotisme, de la famille et de la religion. Dans les écrits de Weishaupt nous pouvons trouver beaucoup des croyances de base ensuite prêchées par Marx.
Weishaupt a également développé l’idée de stades de civilisation, plus tard reproduite par Marx dans sa théorie des six niveaux de sociétés avec le communisme en finalité. Pour les dirigeants communistes qui ont suivi, la croyance dans l’utopie de leurs idées a été utilisée pour justifier la destruction de toutes les autres traditions et croyances.
L’historienne de l’occultisme Nesta Webster écrit dans son livre de 1924 Secret Societies and Subversive Movements que ni la Révolution française ni la Révolution bolchévique ne se sont produites simplement du fait des conditions de leur époque ou des enseignements de leurs dirigeants.
Elle écrit : « Ces deux explosions ont été produites par des forces qui, utilisant le mécontentement populaire, ont rassemblé leur force pour un assaut non seulement contre la chrétienté, mais contre toute la société et son ordre moral. »
L’occultisme sombre
Il y a eu des discussions populaires sur la nature de la religion et de la politique en France au moment de la Révolution française, et dans tout cela, toutes les idéologies d’Europe et de l’étranger ont été observées et discutées.
Beaucoup de Français ont commencé à questionner l’Église, avec leurs doutes en partie alimentés par la tentative de l’Église de supprimer le doute, particulièrement sous l’Inquisition (qui a continué à juger des hérétiques jusqu’en 1834 en Espagne.) Dans les débats sur la religion, les Français ont commencé à abandonner le catholicisme pour d’autres variantes du christianisme et se sont également tournés vers différentes croyances occultes.
Les idéologies de l’époque étaient influencées par l’hermétisme, ainsi que les sectes occultes sombres du gnosticisme. Les cultes gnostiques incorporent souvent des parties du christianisme et d’autres croyances, mais s’oppose pourtant largement à l’ordre moral chrétien. Leurs croyances ont joué un rôle clé dans le façonnage des philosophies morales durant la Révolution française.
Certaines de ces croyances étaient plus franches sur leur nature. La secte gnostique appelée les Caïnites, plaidait pour une révolte directe contre l’ordre moral, et appelait ses partisans à détruire les créations des Dieux et à s’engager directement dans le péché.
D’autres ont pris un chemin moins direct et ont masqué leur nature avec un voile de raison. La secte connue sous le nom de Carpocratiens niait par exemple la divinité de Jésus et pensait ne pas devoir être tenue par des lois ou la moralité – des choses qu’ils considéraient comme des constructions humaines.
Jacques Matter, auteur du XIXe siècle spécialiste de l’histoire ecclésiastique, a écrit sur les Carpocratiens dans son livre de 1828 Histoire critique du gnosticisme, notant que la secte s’opposait à la religion et que ses partisans croyaient que leur abandon des contraintes les rendrait égaux à Dieu.
Leur croyance dans la nature humaine, plutôt qu’aux aspirations morales, était un reflet d’idéologies matérialistes que le communisme allait plus tard adopter. C’était l’idée que si la nature prédomine, tout ce qui provient de la nature humaine est alors correct – comprenant tout crime et tout péché.
Un athéisme militant
Alexandre Soljenitsyne, auteur et historien russe, a déclaré lors de la réception de son prix Templeton en 1983 que : « Dans le système philosophique de Marx et de Lénine, et au cœur de leur psychologie, la haine de Dieu est la principale force motrice, plus fondamentale que toutes leurs prétentions politiques et économiques. »
« Dans le système philosophique de Marx et de Lénine, et au cœur de leur psychologie, la haine de Dieu est la principale force motrice, plus fondamentale que toutes leurs prétentions politiques et économiques. »
—Alexandre Soljenitsyne
Tout cela revient aux racines de l’idéologie communiste – la primauté de la nature humaine sur les aspirations divines et la destruction des contraintes morales. La déification de la nature humaine a aussi été un élément clé dans les philosophies sociales et les institutions occultes de la Révolution française.
La première religion d’État de la Révolution française, le Culte de la Raison, portait également la même ferveur anti-religieuse et déifiait le concept de « raison » humaine à la place d’une croyance dans le divin. Par lui , Jacques Hébert et ses partisans hébertistes ont amené le mouvement de déchristianisation pour diffamer et détruire la Chrétienté.
Une partie de l’obsession anti-chrétienne sous le Culte de la Raison peut être attribué à la prévalence des enseignements de Voltaire. Dans ses lettres, Voltaire se réfère souvent aux Chrétiens et au Christ comme « l’infâme » et appelle souvent à « Écraser l’infâme ». Il a demandé à l’un de ses partisans, Jean-Baptiste le Rond d’Alembert, d’accomplir cela par une tactique qu’il appelait « frapper mais se cacher la main ».
Dans une lettre de 1765, il écrit : « La victoire se déclare pour nous de tous côtés. Je vous assure que dans peu il n’y aura que la canaille sous les étendards de nos ennemis, et nous ne voulons de cette canaille ni pour partisans ni pour adversaires. » Et dans une lettre de 1768, il écrit qu’il faut qu’il y ait « cent mains invisibles qui percent le monstre (le christianisme) » et « qu’il tombe sous mille coups redoublés ».
John Robinson, le premier secrétaire général de la Royal Society of Edinburgh en 1783, écrit sur les conspirateurs derrière la Révolution française dans livre de 1797 Proofs of a Conspiracy, et a noté les effets de Voltaire.
Robinson écrit que le « projet chéri » de Voltaire et de ses partisans était de « détruire la chrétienté et toute religion, et amener un changement total de gouvernement ». Il note que Voltaire a pris l’approche de l’influence idéologique, et a produit en masse des écrits « également calculés pour enflammer les appétits sensuels des hommes et de pervertir leurs jugements ».
Soljenitsyne considérait que ce concept est à la racine de nombreux maux que le monde a vécu sous le communisme. Il indique ainsi : « Les chutes des consciences humaines, privées de leur dimension divine, ont été un facteur déterminant dans tous les crimes majeures de ce siècle. »
Lorsque les gens perdent leur sens de la responsabilité morale, et quand la raison humaine – avec des ambitions et des désirs aussi débridés – devient la seule fondation pour comprendre le bien et le mal, comment motiver alors les gens à choisir le bien plutôt que le mal ? Soljenitsyne notait que cela était une lacune majeure de l’idéologie communiste.
« Quand les droits externes sont complètement débridés, pourquoi quelqu’un devrait-il faire un effort intérieur pour se retenir de ces actes ignobles ? », indique-t-il. « Ou pourquoi quelqu’un devrait-il se retenir d’une haine brûlante, quelle que soit son origine – la race, la classe ou l’idéologie ? Une telle haine corrompt en fait de nombreux cœurs aujourd’hui. Les enseignants athées en Occident amènent toute une jeune génération vers un esprit de haine de leur propre société. »
« Vertu » sociale
Une source idéologique similaire se retrouve dans les enseignements de Jean-Jacques Rousseau, un philosophe politique qui a eu une influence majeure sur la Révolution française et le socialisme moderne. Comme les sectes gnostiques, Rousseau estimait que le caractère et l’identité étaient formées après la naissance, et prêchait une nouvelle vision sociale « vertueuse » dont il pensait qu’elle amènerait les gens plus proche de leur nature humaine.
Parmi ses textes clés se trouve Le Contrat Social, publié en 1762. Le livre contient les théories de Rousseau sur la façon d’établir une société politique, qui visait à libérer les gens de son concept d’esclavage en faisant que les gens renoncent tous également à leurs droits.
Robespierre a fortement été influencé par Rousseau, bien que la croyance de Robespierre d’utiliser la Terreur ne se retrouve pas dans la pensée de Rousseau.
Parmi les autres croyances majeures des Lumières était le déisme, un mouvement pour le culte de l’Être suprême, aussi prôné par Robespierre, et une religion philosophique qui pensait que l’univers était raisonnable et pouvait être compris par la raison humaine. Le déisme n’est pas allé aussi loin que l’athéisme, sa moralité était centrée sur l’homme plutôt que sur le divin.
Derrière toutes ces croyances se trouvait un changement dans la pensée religieuse. Cette nouvelle pensée considérait la « raison » personnelle comme devant remplacer la foi et la croyance traditionnelle. De là est né un nouveau concept de déification de l’homme, et une tolérance pour tous les maux créés par des désirs humains débridés.
Le célèbre occultiste du XIXe siècle Éliphas Lévi a expliqué la nature de certaines de ces sectes dans son livre de 1860 Histoire de la Magie. Il se réfère à elles comme « rebelles à l’ordre hiérarchique » et dit qu’au lieu de la sobriété morale de la religion traditionnelle, elles cherchaient les « passions sensuelles » et la « débauche », qui nourrissent le désir de détruire toute hiérarchie sociale, allant même jusqu’à la structure de la famille.
« Derrière toutes ces croyances se trouvait un changement dans la pensée religieuse. Cette nouvelle pensée considérait la ‘raison’ personnelle comme devant remplacer la foi et la croyance traditionnelle. »
Nesta Webster écrit que ces sectes avaient deux objectifs : l’ésotérique et le politique. Elles ont utilisé la perversion pour attacher l’homme à un système, qui agissait alors pour « obscurcir toutes les idées reconnues de moralité et de religion ».
Les écrits de Marx et de Friedrich Engels reflètent cette évaluation. Ils indiquent dans le Manifeste du Parti communiste que leur nouveau système « abolit toute religion, et toute moralité ».
Soljenitsyne rapporte qu’avant le début de la révolution communiste en Russie : « La foi était le fondement et la force unificatrice de la nation », et que la culture religieuse était la fondation morale qui tenait ensemble la société. Parlant de son enfance : « Je me souviens d’entendre beaucoup de personnes âgées donner l’explication suivante pour les grands désastres qui sont tombés sur la Russie : les hommes ont oublié Dieu ; c’est pourquoi tout cela est arrivé. »
Après plus de 50 ans de recherches, d’interviews et d’écriture sur l’histoire de la révolution communique, il conclut : « Si on me demandait aujourd’hui de formuler aussi précisément que possible la cause de cette révolution qui a englouti quelque 60 millions de personnes de notre peuple, je ne pourrais pas être plus précis que de répéter : les hommes ont oublié Dieu ; c’est pourquoi tout cela est arrivé. »
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On estime que le communisme est responsable de la mort de plus de 100 millions de personnes. Et pourtant, l’étendue de ses crimes n’a jamais vraiment été exposée au grand jour et son idéologie persiste. Epoch Times enquête sur l’histoire et les croyances de ce mouvement.
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