Les « Petites roses », des patriotes chinoises, se mettent en colère

2 juin 2017 08:43 Mis à jour: 7 juin 2017 12:23

Les commentaires de l’étudiante chinoise Yang Shuping à la remise des diplômes à l’Université du Maryland aux États-Unis étaient bien inoffensifs. Elle a plaisanté sur la pollution dans sa ville natale de la province du Yunnan et a loué l’air pur et les libertés dont elle jouissait aux États-Unis. Cependant, ses paroles ont provoqué un tollé en Chine, car les internautes fâchés l’ont accusée de fausser la vérité et de rabaisser sa patrie.

Il y a quelques jours, l’actrice chinoise Xu Dabao est apparue sur le tapis rouge du Festival de Cannes dans une robe rouge vif avec cinq étoiles du drapeau chinois. Elle a été accusée d’avoir profané ce drapeau.

Ces deux cas récents mettent en évidence la croissance du nationalisme en Chine, en particulier parmi les jeunes. Les jeunes en colère et habillé d’un zèle patriotique sont connus comme étant les « Petites roses ». Avec « l’armée de 50 cents » – des commentateurs d’Internet payés pour chaque post louant le régime  – les « Petites roses » parcourent régulièrement tous les messages en ligne en essayant de protéger la Chine de la moindre critique.

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Qui sont ces « Petites roses » ?

Ce sont principalement les jeunes Chinoises. Selon l’analyse effectuée par l’Université de Pékin sur les informations publiées sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, environ 83% de ces guerriers de clavier s’identifient comme étant des femmes. La recherche publiée par l’Académie chinoise des sciences sociales montre que la plupart d’entre eux sont les jeunes filles âgées de 18 à 24 ans.

Les « Petites roses » vivent à la fois en Chine et à l’étranger, et plus de la moitié d’entre elles proviennent des petites villes chinoises classées en troisième ou quatrième catégorie. Leurs comptes de réseaux sociaux montrent que leurs intérêts incluent également les voyages, la musique, la vie des célébrités et les nouvelles drôles.

Quand sont-ils apparus et pourquoi sont-ils appelés les « Petites roses » ?

Ce terme est apparu premièrement sur le site web Jinjiang Literary City – un site où les internautes partageaient leurs œuvres littéraires et qui était populaire surtout parmi les femmes. Les discussions sur ce site se sont élargies de la littérature à la politique et à l’actualité autour de 2008, surtout après les émeutes de Lhassa et Urumqi, survenues avant et après les Jeux olympiques de Pékin.

Un groupe d’utilisateurs de ce site critiquait vivement les gens qui avaient publié des rapports négatifs sur la Chine ou des commentaires jugés glorifiant les pays occidentaux. On les appelait un groupe de jeunes filles de Jinjiang inquiètes pour le pays, ou les « Petites roses », selon la couleur principale de la page d’entrée du site. À mesure du développement de  médias sociaux, l’utilisation de ce terme s’est étendue en Chine.

Comment sont-ils arrivés à être connus ?

Grâce à une série de campagnes massives dans les réseaux sociaux étrangers tels que Facebook, Twitter et Instagram, qui sont officiellement bloqués en Chine. Un événement clé s’est passé en janvier 2016, lorsque Chou Tsu-yu, chanteuse pop taïwanaise de 17 ans, a agité le drapeau national de Taïwan lors d’une émission télévisée.

Chou Tsu-yu, chanteuse pop taïwanaise de 17 ans. (Capture d’écran / youtube)

Les internautes de Chine continentale ont inondé le compte Instagram de Chou avec des commentaires de colère, l’accusant de soutenir l’indépendance de Taïwan. La chanteuse a été contrainte de présenter des excuses publiquement à la télévision. Quelques jours plus tard, les nationalistes chinois ont inondé la page Facebook de Tsai Ing-wen, président de Taiwan nouvellement élu et dirigeant du Parti progressiste démocratique qui soutenait l’indépendance de cette île. Certains médias taïwanais ont également été attaqués par les « Petites roses ».

Qu’est-ce qui offense les nationalistes ?

L’actrice et réalisatrice Zhao Vey a annoncé l’année dernière que l’acteur Leon Dai de Taïwan devrait jouer un rôle principal dans son film « Pas d’autre amour ».  Après cela, les  « Petites roses » l’ont accusée de soutenir l’indépendance de Taïwan et le mouvement de protestation des étudiants taïwanais. Après le tournage du film, le groupe de production et les investisseurs de Chine continentale ont décidé de retirer Leon Dai du film en raison de ses déclarations en faveur de l’indépendance de Taïwan.

En juillet dernier, des dizaines de personnes se sont rassemblées à la sortie d’un restaurant fast-food KFC dans le Hebei pour protester contre les États-Unis qu’ils accusaient d’avoir incité les tensions avec la Chine à cause de revendications chinoises dans la mer de Chine méridionale. Les « Petites roses » ont soutenu les manifestants.

Mack Horton a mis aussi en colère les jeunes nationalistes connectés. Le nageur australien médaillé d’or, avait traité de « tricheur dopé » le nageur chinois Sun Yan lors des Jeux Olympiques de Rio. Son compte sur les réseaux sociaux avait été attaqué par les nationalistes qui exigeaient des excuses.

Comme les médias officiels chinois traitent les « Petites roses » ?

Les journaux Quotidien du Peuple et Global Times, contrôlés par le Parti communiste chinois, ont chanté les louanges des jeunes nationalistes en ligne. La Ligue de la jeunesse communiste chinoise a également salué leurs actions.

Un commentateur du Quotidien du Peuple a déclaré : « Ceux qui sont nés dans les années 1990, nous avons confiance en vous. La Chine se félicite de la nouvelle génération, qui avance avec confiance et agit librement et sans restriction. »

Les « Petites roses » sont-elles dirigées par les organes d’État ?

Bien que les « Petites roses » soient généralement reconnus comme des jeunes bénévoles qui croient sincèrement dans leur devoir de protéger la Chine contre les critiques étrangers, ils sont soupçonnés d’être organisés et dirigés par les organes du régime chinois.

Toutefois, jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve qu’ils soient dirigés par un quelconque organisme gouvernemental. Cependant, leurs démarches en ligne ont été publiquement applaudies par les autorités chinoises, y compris par la Ligue de la jeunesse communiste.

Version russe : «Маленькие розовые» патриоты: интернет-церберы Китая

 

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