Que sont devenues les belles pelouses vertes bordant la Tour Eiffel ? Le Champs-de-Mars fait l’objet de plaintes de la part de collectifs et de riverains, celui-ci étant dégradé, car trop sollicité lors de manifestations.
Avec les canicules de plus en plus fréquentes, les espaces verts, véritables îlots de fraîcheur, redeviennent la priorité dans nombre de zones urbaines. Pourtant, à Paris, le plus grand des jardins de la capitale (24 hectares), mais aussi le plus fréquenté (21 millions de visiteurs par an), le Champs-de-Mars, a perdu sa verdure.
Touristes et riverains se promènent maintenant dans un vaste espace poussiéreux qui se transforme en boue après les pluies.
« C’est une vraie catastrophe. Je ne l’ai jamais vu comme ça », déplorait déjà il y a un an Dominique Dupré-Henry, architecte de métier et cofondatrice du collectif « Aux arbres citoyens », créé début 2022 avec Tangui Le Dantec, lui aussi architecte. En septembre 2022, le binôme publiait une tribune dans Le Figaro, intitulée Le Champ-de-Mars, exemple spectaculaire du délabrement des espaces verts à Paris.
« Conçu et étendu lors des différentes Expositions universelles, le jardin a accueilli en 1889 le plus emblématique des monuments parisiens, la tour Eiffel, devenu aux yeux du monde entier le symbole même de Paris, expliquaient-ils. Or, ces dernières années, l’état du Champ-de-Mars n’a cessé de se détériorer pour atteindre à présent un niveau de dégradation tout à fait alarmant. »
Dans cette tribune, les deux architectes pointaient « la diminution des moyens humains, matériels et financiers, que l’on constate dans tous les parcs gérés par la ville de Paris », ayant entraîné, suite à un été 2022 particulièrement sec, cet état poussiéreux où « les pelouses n’ont plus rien de pelouses, à tel point que les touristes cherchent désespérément un angle de vue pour faire des selfies avec la tour Eiffel ne montrant pas la terre nue sur laquelle il n’est plus possible de s’asseoir. »
Face à la Tour Eiffel, nombreux sont les touristes qui font ce constat. « Je m’attendais à un jardin tout vert comme on voit sur les cartes postales, mais en arrivant devant, j’étais un peu déçue de voir que c’est juste de la boue », déplore ainsi Margaret, étudiante écossaise en visite dans la capitale française, sur Actu.fr.
Trop d’évènements qui dégradent le jardin
Concerts géants ou encore rencontres sportives à l’image du Jumping de Paris, compétition équestre qui a duré trois jours mais nécessité un mois de travaux sur le Champs-de-Mars en juillet dernier, constituent autant d’événements qui viennent se rajouter aux millions de visiteurs qui foulent le sol de ce jardin toute l’année, ne laissant ainsi aucun répit à la végétation pour se régénérer.
Selon des associations de riverains, la pelouse serait ainsi occupée plus de 200 jours par an par des évènements.
Le maire du 15e arrondissement limitrophe, Philippe Goujon, dénonce aussi ces nombreuses occupations sur France 3 : « Le Champ-de-Mars s’est transformé en champ de ruines, en champ de foire, en champ de courses, en cour des miracles en fonction de la délinquance qui y règne alors que, bien sûr, les riverains, à juste titre, veulent retrouver la quiétude, la tranquillité publique ».
Alterner les pelouses accessibles
Pour Dominique Dupré-Henry, il y a des règles qui ne sont plus appliquées. « Pendant longtemps, la mairie a alterné les parcelles de jardins accessibles au public avec celles dites « au repos », pour laisser le temps à la pelouse de se régénérer, rappelait-elle sur Actu.fr. Mais ce n’est plus du tout appliqué et toutes les pelouses autour de la tour Eiffel sont accessibles en permanence. Il faudrait remettre en place cette alternance, c’est du bon sens. »
L’architecte prend ainsi pour preuve « le jardin des Tuileries, géré par le musée du Louvre, ou le jardin du Luxembourg, géré par le Sénat », soulignant ainsi qu’ils « connaissent eux aussi une fréquentation importante, pourtant tout est impeccable, donc c’est que c’est faisable ».
Mme Dupré-Henry précise en outre que le Champ-de-Mars est un jardin classé bénéficiant de protections patrimoniales, l’ensemble du site de la tour Eiffel étant inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Aussi l’architecte interpelait-elle l’exécutif parisien, demandant « plus de moyens, financiers et matériels » pour préserver et entretenir les jardins du Champ-de-Mars.
« C’est l’image de la France à l’étranger qui est en jeu. »
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