Pics, barreaux, grilles, rochers sous les ponts ou encore arrêtés anti-mendicité, la Fondation Abbé Pierre a décerné ses « Pics d’Or » aux dispositifs urbains anti-SDF.
Lundi 2 mars, la deuxième édition de la cérémonie des « Pics d’Or » aux dispositifs urbains anti-SDF ont été ironiquement « récompensés » au Théâtre de l’Atelier à Paris par la Fondation Abbé Pierre (FAP). Avec humour et persuasion, la Fondation Abbé-Pierre a permis de pointer du doigt une inégalité persistante en France, celle du rejet des sans-abris dans l’espace public.
450 installations signalées
Les prix « Fallait oser », « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » et « Bouge de là » ont été remis par les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin et par d’autres personnalités. Ces prix visent à sensibiliser avec ironie sur « l’hostilité urbaine à l’égard des personnes sans domicile » et rappeler leurs droits, explique la FAP. « Les personnes sans-abri, comme tout être humain, ont des droits fondamentaux, qui ont été rassemblés au sein de la Déclaration des droits des personnes sans-abri », rappelle la fondation.
Cette année, 24 dispositifs ont été nommés dans six catégories. Du dispositif « le plus décomplexé » au dispositif « le plus fourbe ». Ils ont été sélectionnés parmi 450 installations signalées sur Twitter sous le hashtag « Soyons humains » lancé par la fondation Abbé Pierre, permettant ainsi à chacun de manifester son étonnement ou son indignation en postant des photos de mobilier urbain anti-SDF.
#FRATERNITÉ #SOYONSHUMAINS #PICSDOR2020
Séquence émotion pour certains dispositifs qui nous ont quittés?… Non on plaisante bien sûr… Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances d’être entendus. Le combat continue, on compte sur vous ! pic.twitter.com/AjLF2hwlRF
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) March 2, 2020
Rails, poteaux, clous, pics en fer…
À Lyon, des rails installés sur des bancs, rue Crillon, remportent le prix du « dispositif le plus décomplexé » dans la catégorie « Fallait oser ».
Des poteaux en métal plantés dans l’entrée d’un immeuble du 10e arrondissement de la capitale pour empêcher les SDF de s’abriter et baptisés « les champignons de Paris » ont, eux, remporté le prix du « dispositif le plus agressif », dans la catégorie « Le clou ».
Le prix du « dispositif le plus fourbe » dans la catégorie « Ni vu ni connu » a été décerné aux grilles installées devant l’entrée d’un immeuble à Lille.
Puis a été nommé dans la catégorie les « coups de crampons », des sortes de clous installés devant la devanture d’un magasin dans le 8e arrondissement de Paris.
Le prix « Faites ce que je dis pas ce que je fais », pour le « dispositif le plus contradictoire », a été décerné à « Esprit de famille ». Ce surnom a été attribué aux pics en fer installés devant l’agence de la Mutuelle de l’Enfant et de la Famille (MAE) à Toulon.
Dans cette catégorie, d’autres dispositifs ont été également nommés comme des grilles métalliques installées sur les rebords des devantures des commerces à Paris ou à Marseille, ou bien des bancs percés pour empêcher les personnes sans-abri de s’asseoir ou de s’allonger.
Des « moyens inhumains »
Selon l’organisation, l’État, les collectivités, les entreprises, commerçants ou encore riverains usent de « moyens inhumains » pour empêcher les plus démunis de s’abriter et les « invisibilisent » en les éloignant des centres-villes et, finalement, des regards. « Ce n’est pas en recourant à ce type de dispositifs qui ne font que déplacer le problème qu’on le règlera », s’insurge Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. « Il faut faire plus, tendre la main et apporter une réponse digne aux personnes à la rue », explique-t-il.
La Fondation Abbé Pierre affirme dans un communiqué « En aucun cas, la Fondation ne défend la vie à la rue mais elle dénonce ce que l’on en a fait : un lieu toujours plus hostile et dangereux pour les personnes qui y sont astreintes ».
La cérémonie des #PICSDOR2020 touche à sa fin. MERCI à tous les participants et à tous les intervenants. Pour que le combat continue, dénoncez les dispositifs anti-#SDF avec #SOYONSHUMAINS.
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) March 2, 2020
L’Insee recensait 150 000 personnes sans-domicile dans sa dernière enquête datant de 2012. Selon les associations, ce chiffre est largement sous-évalué et avoisinerait en réalité les 250 000.
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