C’est in extremis que les premiers taxis volants ont obtenu le feu vert des autorités pour procéder à des vols expérimentaux le temps des Jeux, sans ouverture à la commercialisation.
Depuis le mois de mai, des ouvriers s’agitent sur le Quai d’Austerlitz sous la Cité de la Mode, dans le Sud-Est de la capitale française, pour mettre en service une barge flottante de 760 m2, où doivent décoller et atterrir des taxis volants électriques pendant les Jeux olympiques.
Le gestionnaire des aéroports parisiens, le Groupe ADP, s’est associé à la région Île-de-France et à l’entreprise allemande Volocopter pour développer ce nouveau projet de transport. Le fameux taxi volant, le « Volocity », est un aéronef à deux places (dont celle du pilote), équipé de batteries électriques alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit, s’envolant et se posant à la verticale.
Le but est de profiter des JO comme d’une vitrine commerciale pour démontrer la faisabilité de ce nouveau mode de transport en zone urbaine dense. En région parisienne, quatre sites appelés « vertiports » sont déjà prêts pour faire atterrir les engins volants.
La ligne dont l’expérimentation serait « une première mondiale », relierait l’aéroport Paris-Roissy, le Bourget, le Quai d’Austerlitz et l’héliport d’Issy-les-Moulineaux (Sud-Ouest) en survolant la Seine et le périphérique qui ceinture Paris.
Des débuts chaotiques
La start-up Volocopter a frôlé la faillite au printemps, selon son PDG Dirk Hoke, tandis que les obstacles s’accumulent depuis un an sur l’expérimentation parisienne.
En septembre 2023, l’Autorité environnementale a jugé l’étude d’impact « incomplète » sur le plan de l’évaluation des nuisances sonores, de la consommation d’énergie ou des émissions de gaz à effet de serre.
En février 2024, le commissaire enquêteur a, lui, estimé que l’expérimentation « ne présentait pas d’intérêt a priori« , si elle reste centrée sur des vols commerciaux. Même écho pour le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet, qui ne voyait pas d’intérêt à des vols commerciaux dans son arrondissement, mais qui ne fermait pas la porte à des transports médicaux, en lien avec l’hôpital de la Salpêtrière. Quant aux élus parisiens, ils s’étaient tous prononcés contre, tous groupes politiques confondus, en dénonçant un « projet absurde » et une « aberration écologique ».
Forts d’une pétition qui a recueilli quelque 15.500 signatures, les opposants fourbissent leurs armes. Un collectif des « Taxis-volants non merci » a écrit le 12 juin au ministre des Transports pour lui demander de « stopper ce non-sens ».
« C’est du greenwashing à l’état pur, un mode de déplacement fait pour des ultra-privilégiés pressés, puisqu’il n’y aura qu’une place pour un passager », a assuré à l’AFP Dan Lert, adjoint écologiste à la Transition écologique, voyant la barge d’Austerlitz comme un « passage en force ». « On a des émissions de gaz à effet de serre 45 fois supérieures à un trajet en métro », ajoute-t-il, observant également que « les atterrissages d’urgence sont impossibles à Paris ».
Face aux critiques, le groupe ADP répond que l’installation de la barge ne préjuge pas d’une éventuelle autorisation et rappelle que l’expérimentation prendra fin en décembre.
Ce nouveau mode de transport en ville relierait l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle et de petits aéroports comme le Bourget, l’héliport de Paris et l’aérodrome de Saint-Cyr-L’École près de Versailles, ainsi que la plateforme flottante sur le Quai d’Austerlitz. Si c’était commercialisé, le prix de la course serait entre 100 et 200 euros – c’est-à-dire réservé à des clients privilégiés, et la fréquence des vols serait autour de 15 minutes.
Défendu par la région, conspué par la gauche et les écologistes
Fin mai, la présidente d’Ile-de-France Valérie Pécresse a défendu le projet des taxis volants électriques que la région finance dans le cadre de l’expérimentation mondiale pour les Jeux olympiques de Paris.
« Onéreux, inutile et particulièrement anti-écologique »: lors d’une assemblée du conseil régional, l’opposition communiste et écologiste s’en est vivement prise à ce projet développé, a-t-elle souligné, « en dépit des avis défavorables » d’une commission d’enquête publique rendue en février et de l’autorité environnementale à l’automne 2023.
« Vous pensez qu’il vaut mieux revenir à la bougie ? Et bien non, on ne reviendra pas à la bougie et oui on va continuer à se déplacer et j’espère de façon plus silencieuse et moins polluante », a répondu Valérie Pécresse, précisant que la région avait consacré un million d’euros à cette « expérimentation mondiale » sur « un milliard par an dans les investissement transports ».
Pour pouvoir transporter des passagers payants, le Volocity doit obtenir une certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), ce qui lui est pour le moment refusé.
« C’est un programme aéronautique, donc on sait que c’est complexe », a expliqué Jean-Christophe Drai, responsable de Volocopter pour la France : « On découvre des choses en avançant. Donc oui, ça a été un petit peu décalé. On garde l’objectif […] d’obtenir cette certification à l’automne. »
« On n’aura pas de passagers payants pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Mais notre objectif reste bien d’avoir un passager payant avant la fin de l’année », a insisté M. Arkwright, directeur général de Groupe ADP.
Feu vert pour l’expérimentation pendant les JO
Même sans certification idoine de l’AESA, le Volocity a été autorisé récemment à effectuer des vols expérimentaux. Pour les JO, ADP et Volocopter ont mis en avant les usages sanitaires du taxi volant, notamment le transport de greffons, ce qui leur a permis d’obtenir le feu vert du ministre des Transports, Patrice Vergriete.
« Nous allons expérimenter cet outil unique au monde pendant les JO », a déclaré Patrice Vergriete, précisant qu’il y aura « quelques vols pendant l’événement ».
« Je ne suis pas fan du taxi volant […] Mais je n’ai pas envie, au nom de je ne sais quelle idéologie, que nous nous privions de cette expérimentation […] C’est peut-être l’ambulance de demain. Alors soyons pragmatiques, analysons l’impact, et faisons une analyse coût-bénéfice », a-t-il ajouté.
Il est prévu que la barge d’Austerlitz soit déplacée pendant la cérémonie d’ouverture des JO. Le projet n’a toujours pas d’autorisation pour les vols commerciaux à ce stade.
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